Nitrates alimentaires et glaucome

Kang, J.H., Willett, W.C., Rosner, B.A., Buys, E., Wiggs, J.L. and Pasquale, L.R. (2016) Association of dietary nitrate intake with primary open-angle glaucoma. A prospective analysis from the Nurses’ Health Study and Health Professionals Follow-up Study. JAMA Ophtalmology 134, 294-303

(voir l'abstract ici)

L’augmentation de la pression intra-oculaire, propre au glaucome, est consécutive à un défaut d’écoulement de l’humeur aqueuse. On distingue

- le glaucome aigu, glaucome par fermeture de l’angle irido-cornéen (ou angle camérulaire), relativement rare,

- et le glaucome chronique, glaucome à angle irido-cornéen ouvert, beaucoup plus fréquent.

Les auteurs américains [Boston, Massachusetts] relatent les résultats d’une importante analyse prospective se penchant sur les liens statistiques pouvant exister entre les apports alimentaires en nitrate NO3- et le risque d’apparition du glaucome primaire à angle ouvert.

L’enquête est effectuée à partir de deux importantes cohortes prospectives:

- celle de la «Nurses’Health Study», qui, entre 1984 et 2002, réunit 63893 femmes,

- et celle de la «Professionals Follow-up Study», qui, entre 1986 et 2012, réunit 41094 hommes.

En entrant dans l’étude, les sujets ne doivent pas avoir d’élévation de la pression intra-oculaire. Ils sont tous âgés de plus de 40 ans.

Des questionnaires administrés à chacun des sujets, tous les 2 à 4 ans, permettent d’évaluer de manière semi-quantitative les apports quotidiens en nitrate. Les données sont soumises à une analyse multivariée, suivant le modèle de Cox [We calculated incidence rates of primary open-angle glaucoma by dividing the incident cases by person-years accrued for each intake category (quintiles). For multivariable analyses, we conducted Cox proportional hazards regression analysis stratified by age in months and the specific 2-year period at risk while controlling for potential glaucoma risk factors].

Les apports quotidiens des sujets participant à l’étude en nitrate NO3- sont ainsi divisés en cinq quintiles, le quintile 1 correspondant à un apport quotidien d’environ 80 mg NO3- j-1, le quintile 5 à un apport quotidien de 240 ou 250 mg NO3- j-1.

Le suivi portant sur 104987 sujets et 1678713 personnes-années, un total de 1483 cas de glaucome primaire à angle ouvert sont identifiés, à un âge moyen de 66 ans.

Les liens entre les apports quotidiens en nitrate NO3- et le risque relatif d’apparition du glaucome primaire à angle ouvert sont exprimés dans le tableau suivant:

 

 

Quintile 1

Quintile 2

Quintile 3

Quintile 4

Quintile 5

Femmes

Apports en nitrate (mg j-1)

80

114

142

175

238

 

 

 

 

 

 

 

Hommes

Apports en nitrate (mg j-1)

81

117

148

185

254

 

 

 

 

 

 

 

Risque relatif global pour l’ensemble

 

1 (par convention)

0.81

0.88

0.90

0.79

 

[Compared with the lowest quintile (quintile 1) of approximately 80 mg/d of nitrate, the pooled multivariable relative risk of primary open-angle glaucoma in the main model was

-  0.81 (95% CI, 0.6960.96) for quintile 2,

- 0.88 (95% CI, 0.75-1.04) for quintile 3,

- 0.90 (95% CI, 0.66-1.23) for quintile 4,

- 0.79 (95% CI, 0.66-0.93) for quintile 5 (P for trend = .02)].

D’importants apports alimentaires en nitrate, notamment sous forme de régimes riches en légumes verts, semblent associés à une diminution de 20 à 30 % du risque d’apparition du glaucome primaire à angle ouvert [Greater intake of dietary nitrate and green leafy vegetables was associated with a 20 % to 30 % lower primary open-angle glaucoma risk].

Et avec d’importants apports alimentaires en nitrate, le risque d’apparition du glaucome primaire à angle ouvert, lorsqu’il est, en outre, associé à une baisse précoce du champ visuel paracentral, semble même être diminué de 40 à 50 % [The association was particularly strong (40%-50% lower risk) for primary open-angle glaucoma with early paracentral visual field loss at diagnosis, for which ocular vascular dysregulation has been implicated].

Si elles viennent à être confirmées par des études ultérieures, de telles données sont susceptibles d’avoir d’importantes implications en matière de santé publique [These results, if confirmed in observational and intervention studies, could have important public health implications].

Commentaire du blog

L’étude laisse apparaître la possibilité d’un nouvel effet bénéfique des nitrates alimentaires, s’exprimant dans la sphère ophtalmologique. 

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Régime “vert” et santé cardiovasculaire

Rathod, K.S., Velmurugan, S. and Ahluwalia, A. (2015) A “green” diet-based approach to cardiovascular health? Is inorganic nitrate the answer? Molecular Nutrition and Food Research 60, 185-202

(voir l'abstract ici)

En 2012, au Royaume-Uni, sur 569.024 décès, 28 % soit 161.252 sont survenus dans un contexte cardiovasculaire. 46% de ces décès d’origine cardiovasculaire ont, pour leur part, fait suite à une affection coronarienne.

A l’égard des affections cardiovasculaires, il serait souhaitable, dans nos pays, de développer autant que possible les préventions primaire et secondaire, notamment par des moyens alimentaires [Importantly, a strategy for which there is growing and substantial support is to utilise dietary approaches as a lifestyle modification].

Au Royaume-Uni, le «Department of Health» [DOH] et le «National Health Service» [NHS] ont lancé une campagne, la campagne «5-a-day» qui encourage la population à consommer des fruits et des légumes. Une méta-analyse récente montre que la consommation quotidienne de 5 fruits et légumes s’associe significativement à une réduction de mortalité cardiovasculaire [However quite surprisingly, the beneficial effects of such diets relate completely to reductions in cardiovascular diseases and not cancer mortality (Wang et al., 2014)].

Conseillé aux Etats-Unis, le régime DASH [Dietary Approaches to Stop Hypertension], qui mène à la consommation de 7 fruits et légumes par jour, diminue en moyenne, après 8 semaines de prescription, les tensions artérielles systolique et diastolique, respectivement, de 2.8 et 1.1 mm Hg. Selon une méta-analyse regroupant 61 études prospectives et un million de sujets adultes, une augmentation, dans la population générale, de la tension artérielle systolique de 2 mm Hg entraîne une augmentation de l’incidence des accidents vasculaires cérébraux et des infarctus du myocarde, respectivement, de 10 et 7%. Il est vraisemblable que la réduction de la tension artérielle systolique favorisée par l’apport important et régulier de fruits et de légumes explique l’effet favorable que ce dernier exerce sur les complications cliniques cardiovasculaires [Thus, it is possible that the reduction in blood pressure caused by fruit and vegetable rich diets accounts for the associated reported decreases in coronary heart disease  and stroke].

On a d’abord pensé que l’effet favorable cardiovasculaire des fruits et des légumes était dû ou aux vitamines anti-oxydantes, ou à l’ion potassium (K+) qu’ils contiennent. En réalité, les études et méta-analyses écartent chacune de ces deux interprétations hypothétiques [The belief that anti-oxidant vitamins may be accountable for these effects has lost favour with several large-scale clinical trials of different antioxidant vitamins failing to reproduce the effects of a diet rich in fruits and vegetables, an observation reinforced by recent meta-analyses […] More recent assessments find no significant effect of a single K+ supplementation on blood pressure in meta-analyses].

On sait que les régimes riches en nitrate NO3- et/ou en nitrite NO2- ont tendance à abaisser la tension artérielle. Ils ont aussi un effet antiplaquettaire. L’attention se porte donc légitimement sur le rôle éventuel des ions nitrate NO3-, présents, on le sait, en grande quantité dans les légumes.

Le reste de cette revue de synthèse adopte le plan suivant:

1.2 Histoire de la Médecine. L’utilisation thérapeutique des ions nitrite et nitrate

1.3 Apports alimentaires en nitrate et nitrite

2.0 Autre voie aboutissant à la synthèse d’oxyde nitrite NO: la circulation entérosalivaire des nitrates

2.1 Réduction de l’ion nitrate en ion nitrite

2.2 Réduction de l’ion nitrite en oxyde nitrique

3.0 Intérêt des ions nitrite et nitrate en thérapeutique

3.1 Nitrite/nitrate en tension artérielle

3.2 Nitrite/nitrate et fonction vasculaire

3.3 Nitrite/nitrate et lipides

3.4 Nitrite/nitrate et réactivité plaquettaire

3.5 Nitrite/nitrate et lésions d’ischémie-reperfusion

3.6 Nitrite/nitrate et hypertension pulmonaire

4.0 Griefs

4.1 Nitrite/nitrate et méthémoglobinémie

4.2 Nitrite/nitrate et carcinogénèse

5.0 Conclusion

Concernant les griefs éventuels, les auteurs britanniques (William Harvey Institute, Barts -London Medical School, University of London] se montrent rassurants:

▪ Chez l’adulte, de très fortes doses de nitrite NO2- sont nécessaires avant que n’apparaisse une augmentation significative du taux de méthémoglobine. Il n’existe pas de risque réel de méthémoglobinémie après l’ingestion de nitrate NO3- [Together, these studies suggest that extremely high levels of NO2- are required before clinical signficant methaemoglobinaemia occurs, but also that it is unlikely that the ingestion of NO3- poses any significant methaemoglobinaemia risk].

▪ Les études prospectives à notre disposition ne montrent pas de réelle association entre les apports alimentaires en nitrate ou nitrite et le risque de cancer de l’estomac [Large prospective studies do not support the hypothesis of an association between ingestion of NO3- or NO2- and stomach cancer].

Dans leur conclusion, les auteurs soulignent deux points:

- Les travaux à notre disposition sont rassurants: les nitrates alimentaires sont bien tolérés [Although there are on-going concerns regarding dietary NO3- and carcinogenesis, reassuringly, these concerns to date remain unsupported].

- Chez l’homme, les études portant sur les effets bénéfiques des supplémentations en nitrate sont encore relativement brèves: elles ne dépassent jamais 4 semaines. Des études cliniques de plus longue durée sont nécessaires avant qu’il devienne légitime de recommander, à titre préventif ou thérapeutique, l’utilisation prolongée et régulière des nitrates alimentaires [Thus far, there have been no studies exploring the beneficial effects of NO3- supplementation in humans beyond 4 weeks. Therefore, to be in a position to reappraise the acceptable limits of both NO3- and NO2-, it is critical that long-term clinical studies are performed before regular use of inorganic NO3- can be recommended for any clinical indication].

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Nitrate et petit pot pour bébé

Chetty, A. A. and Prasad, S. (2016) Flow injection analysis of nitrate and nitrite in commercial baby foods. Food Chemistry 197, 503-508

(voir l'abstract ici)

En 2011, les auteurs fidjiens [Faculté des Sciences, de la Technologie et de l’Environnement, Université du Pacifique Sud, Suva] ont déjà rapporté les résultats des mesures de teneurs en nitrate NO3- qui, effectuées avec une technique d’analyse par injection en flux continu, concernaient huit fruits et légumes de leur pays: citrouille, haricot vert, aubergine, fruit du jacquier, poivron, concombre, fruit de l’arbre à pain et tomate [rubrique du 3 mai 2012].

Ils rapportent maintenant les résultats de mesures effectuées avec la même technique d’analyse sur des petits pots pour bébés commercialisés dans les îles Fidji.

De diverses variétés, les petits pots pour bébés sont faits de mélanges multiples de légumes, de céréales, de fruits et de lait [The commercial baby food varieties chosen comprised of vegetables, cereals, fruits and milk].

Les concentrations en nitrate NO3- des petits pots pour bébés analysés s’échelonnent entre 8 et 220 mg NO3- kg-1.

Les petits pots pour bébés qui ne contiennent pas de légumes, mais sont faits à partir de fruits et de céréales, ont des concentrations moyennes en nitrate NO3- inférieures à 21 mg NO3- kg-1.

Par contre, les petits pots pour bébés à base de légumes ont des concentrations en nitrate NO3- plus élevées. Le tableau ci-dessous montre les concentrations moyennes, maximales et minimales en nitrate de diverses variétés de petits pots pour bébés à base de légumes, exprimées en mg NO3- kg-1.

 

Moyenne

Maximum

Minimum

Carotte, brocoli, maïs

199

220

180

Citrouille, maïs

178

184

172

Maïs, poulet

42

45

38

Légumes, agneau

136

141

123

Légumes, pâtes

46

50

45

Carottes, riz

88

89

87

Ces fortes concentrations en nitrate NO3- des petits pots pour bébés contenant des légumes ont déjà été constatées dans d’autres études menées au Portugal, en Espagne, en Estonie. Les valeurs peuvent être supérieures à 200 mg NO3- kg-1 lorsque le contenu est à base de brocoli et/ou de carotte [Similar studies carried out in Portugal (Vasco & Alvito, 2011), Spain (Hardisson et al., 1996) and Estonia (Tamme et al., 2006) have reported nitrate values higher than 200 mg kg-1 for baby foods containing broccoli and/or carrots].

Les auteurs fidjiens observent qu’évaluée à 48.66 mg NO3- kg-1 la concentration moyenne en nitrate NO3- des petits pots pour bébés soumis à leur analyse est inférieure à la limite administrative supérieure fixée par l’Union européenne [The average nitrate values fall below the allowable nitrate content for commercial baby foods as stated in the European Union legislation].

Ils font remarquer que jamais une publication scientifique n’a jusqu’à présent fait état d’un cas de méthémoglobinémie du nourrisson consécutif à la consommation d’un petit pot pour bébé [However, cases of infantile methemoglobinemia induced through commercial baby food intake have not been detailed in literature].

Commentaires du blog

En modification d’une régulation de 2006, un avis de la Commission européenne émis le 2 décembre 2011 soumet à réglementation les concentrations de nitrate NO3- dans les petits pots pour bébés et jeunes enfants. Il fixe la limite supérieure à 200 mg NO3- kg-1 [EU (2011) Commission regulation (EU) No 1258/2011 of 2 December 2011 amending Regulation (EC) No 1881/2006 as regards maximum levels for nitrates in foodstuffs].

Aucune considération d’ordre scientifique n’accompagne l’avis. Tout se passe comme si l’administration européenne cherchait plutôt ici à se conformer aux valeurs habituellement rencontrées.

On rappellera qu’il y a une vingtaine d’années une étude américaine avait constaté des taux de nitrate extrêmement élevés dans des petits pots pour bébés à base de betteraves. Les concentrations y étaient, en moyenne, de 2200 mg NO3- kg-1. [Dusdieker et coll., 1994].

Quoi qu’il en soit et quelle que soit sa concentration en nitrate, le petit pot pour bébé ne fait courir aucun risque de méthémoglobinémie au nourrisson si, comme il se doit et comme la pratique en est très habituelle, il lui est proposé dès l’ouverture, et garde ainsi ses conditions de stérilité.

On comprend pourquoi aucun cas de méthémoglobinémie du nourrisson consécutive à la consommation d’un petit pot pour bébé n’a jamais été décrit dans la littérature médicale. La norme européenne est purement arbitraire. Elle n’a pas de base scientifique.

Par contre, comme c’est le cas également avec la soupe de légumes (carottes notamment), il faut absolument éviter, avant consommation, de laisser trop longtemps un petit pot pour bébé à température ambiante. Le développement dans le petit pot d’une pullulation microbienne [> 106 germes ml-1] risquerait de transformer, en partie ou en totalité, les nitrates en nitrites, faisant courir au nourrisson un risque de méthémoglobinémie. On respectera les règles classiques et élémentaires d’hygiène. Lorsqu’il est déjà ouvert, un petit pot ne doit pas, avant consommation, rester plus de 6 heures à température ambiante, plus de 24 heures au réfrigérateur.

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Supplémentation en nitrate et athérosclérose

Marsch, E., Theelen, T.L., Janssen, B.J.A., Briede, J.J., Haenen, G.R., Senden, J. M.G., van Loon, L.J.C., Poeze, M., Bierau, J., Gijbels, M.J., Daemen, M.J.A.P. and Sluimer, J.C. (2016) The effect of prolonged dietary nitrate supplementation on atherosclerosis development. Atherosclerosis 245, 212-221

Ramms, B. and Gordts, P.L.S.M. (2016) Dietary nitrate struggles in atherosclerosis. Atherosclerosis 245, 71-73

(voir l'abstract de l'article de Marsch et coll. ici) 

(voir la référence de l'article de Ramms et coll. ici)

Les auteurs néerlandais [Maastricht; Amsterdam] présentent une étude expérimentale effectuée chez 30 souris génétiquement déficientes en récepteur LDL [Low density lipoprotein receptor knockout (LDLr-/-)], âgées de 9 semaines.

Les souris, dont la susceptibilité au développement de l’athérosclérose est accrue, reçoivent pendant 14 semaines un régime alimentaire standard. Pendant le même temps, leur eau de boisson contient

- soit 730 mg de nitrate NO3- l-1, sous forme de nitrate de sodium,

- soit une dose équimolaire de chlorure de sodium NaCl (souris témoins)

Selon les auteurs, chez la souris, les apports en nitrate NO3- à partir d’une eau de boisson contenant 730 mg de nitrate sont équivalents, chez l’homme, aux apports en nitrate provenant d’un régime riche en légumes [Dietary nitrate at a dose of 1 g/L is the most common dose described to increase plasma nitrate levels, and corresponds to a physiological nitrate intake achieved by a vegetable-rich diet in humans].

Chez les souris qui reçoivent une eau de boisson riche en nitrate, les concentrations plasmatiques en nitrate NO3- et en nitrite NO2- sont maximales lors du contrôle effectué à J14. Elles diminuent ensuite progressivement lors des contrôles suivants, effectués à 6, 10 et 14 semaines.

A 2, 6, 10 et 14 semaines, comparativement aux concentrations observées chez les souris témoins,

- les concentrations plasmatiques en nitrate NO3- des souris recevant l’eau riche en nitrate, sont, en moyenne et respectivement, 6.1, 6.0, 5.2 et 1.7 fois supérieures.

- les concentrations plasmatiques en nitrite NO2- des souris recevant l’eau riche en nitrate, sont, en moyenne et respectivement, 3.0, 2.4, 2.0 et 1.3 fois supérieures.

Chez les souris qui reçoivent une eau riche en nitrate, la raison de cette diminution au fil du temps des concentrations plasmatiques en nitrate NO3- et en nitrite NO2- nitrate n’apparaît pas évidente aux yeux des auteurs. Les vérifications auxquelles ils procèdent leur permet d’éliminer une diminution d’activité de la NO synthase endothéliale, d’éliminer aussi une augmentation de transformation des ions nitrate NO3- et nitrite NO2- en ions peroxynitrite ONOO- ou autres métabolites [This compensation was not due to altered eNOS activity or conversion into peroxynitrite and other RNI […]]. Ils envisagent la possibilité d’une diminution de la transformation des ions nitrate NO3- en ions nitrite NO2- ou encore une augmentation de leur élimination rénale [[…] suggesting reduced nitrite formation or enhanced nitrate/nitrite clearance].

Par ailleurs, les auteurs effectuent diverses vérifications:

- hémogramme,

- hématocrite

- volume globulaire moyen [VGM]

- concentration globulaire moyenne en hémoglobine [CGMH]

- teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine [TCMH]

- formule leucocytaire

- numération des cellules lymphocytaires B et T

- numération plaquettaire,

- tension artérielle, systolique et diastolique

- concentration plasmatique en cholestérol

- concentration plasmatique en triglycérides

- étude des parois aortiques, en différents emplacements, à la recherche de plaques d’athérosclérose

- recherche d’éventuelles atteintes tumorales.

Chez les souris ayant consommé pendant 14 semaines une eau riche en nitrate, les recherches ne détectent aucune anomalie particulière.

Les auteurs concluent que, chez la souris, une supplémentation prolongée en nitrate NO3-

- n’a pas d’influence sur l’athérogènèse,

- et est dénuée d’effets secondaires indésirables.

[Prolonged dietary nitrate supplementation […] did not affect atherogenesis or exert systemic side effects].

Dans la discussion, ils montrent qu’ils sont prêts à changer d’avis sur la supposée carcinogénicité chez l’homme. des nitrates alimentaires. Le principal grief à leur encontre, expliquent-ils, était le risque de cancer, notamment gastrique, en raison de la formation de nitrosamines. D’où les réglementations administratives dans l’eau et la viande. Des travaux plus récents ont montré leurs nombreux effets bénéfiques, ce qui amène à revoir la façon de voir ancienne [The main concern of nitrate supplementation used to be cancer cevelopment, in particular stomach cancer, due to a reaction of nitrite with dietary amines resulting in carcinogenic nitrosamines. This has led to adjustments in policies of nitrate supplementation in water and processed meat. More recent evidence points at the many health benefits of nitrate supplementation, thereby changing the classic view on dietary nitrate supplementation].

Commentaire du blog

Chez les souris qui consomment l’eau de boisson riche en nitrate à la concentration de 730 mg NO3- l-1, la diminution des concentrations plasmatiques en nitrate [NO3-] et en nitrite [NO2-] au long de l’expérience surprend. Pour savoir si le phénomène n’est pas simplement consécutif à une diminution des apports, on aurait aimé connaître la quantité d’eau de boisson consommée par les souris au fil des semaines.

Les auteurs concluent chez la souris à une absence d’effet des nitrates alimentaires sur l’athérogénèse. On rappellera cependant l’étude de Shuval et Gruener (1977), déjà signalée dans la rubrique du 6 septembre 2015. Avec une concentration double de nitrate NO3- dans l’eau de boisson (1460 mg NO3- l-1) pendant, non pas 14 semaines, mais 18 mois, les auteurs israéliens avaient montré chez le rat des effets assez nets sur les artères coronaires, lesquelles étaient devenues plus fines et dilatées.

Les deux collègues américains [B. Ramms et P.L.S.M. Gordts (La Jolla, Californie)], qui présentent aux lecteurs de la revue le travail des auteurs néerlandais, éprouvent, semble-t-il, des difficultés à abandonner l’idée ancienne de la carcinogénicité des nitrates alimentaires chez l’homme. Il reste à évaluer, disent-ils, dans quelle mesure les constatations faites chez l’animal sont transposables chez l’homme [Yet, it remains to be evaluated how these preclinical observations translate to human patients]. Apparemment, ils n’ont pas pris connaissance des multiples études épidémiologiques effectuées chez l’homme. Comme l’ont fait remarquer dès 1995 le Comité Scientifique de l’Alimentation Humaine en Europe et le Subcommittee on Nitrate and Nitrite in Drinking Water aux Etats-Unis, les nombreuses études effectuées chez l’homme n’ont pas réussi à démontrer une quelconque association entre les apports alimentaires en nitrate NO3- et le risque cancérigène.

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Supplémentation en nitrate, hypoxie, fonction cognitive

Lefferts, W.K., Hughes, W.E., White, C.N., Brutsaert, T.D. and Heffernan, K.S. (2016) Effect of acute nitrate supplementation on neurovascular coupling and cognitive performance in hypoxia. Applied Physiology Nutrition and Metabolism 41, 133-141

(voir l'abstract ici)

Pour une étude randomisée, en double aveugle et cross over, les auteurs américains [Université de Syracuse, New York] recrutent 21 hommes jeunes (âge moyen: 23 ans) et en bonne santé.

Après avoir ingéré:

- soit 400 à 450 mg de nitrate NO3- [Beet it sport] [Groupe NIT],

- soit un équivalent placebo, sans nitrate [Groupe PLA],

les sujets sont soumis à 120 minutes d’hypoxie dans une chambre hypoxique normobare (oxygène inspiré: 11.6 %).

Evaluée à la deuxième heure à l’aide de bandelettes salivaires (Berkeley test), la teneur en nitrite salivaire est augmentée dans le groupe NIT [Following acute supplementation, salivary nitrite was significantly greater in hypoxia for NIT (2.7 ± 1.0 AU) compared with PLA (0.2 ± 0.3 UA; p <0.001)].

Avant puis après l’exposition hypoxique, les auteurs

- mesurent à l’aide d’un doppler transcrânien le débit sanguin de l’artère cérébrale moyenne au moment d’une tâche cognitive (test de Stroop),

- et évaluent par diverses batteries de tests:

- la mémoire,

- l’attention,

- la fonction exécutive,

- et la «cognition sensorimotrice et sociale» [sensori-motor and social cognition].

A l’occasion du test de Stroop, le débit sanguin dans l’artère cérébrale moyenne augmente de façon semblable, que l’on se trouve en condition normoxique ou hypoxique, que le sujet ait ou non ingéré 400 à 450 mg de nitrate NO3-.

L’hypoxie diminue significativement la performance de la mémoire, sans retentir véritablement sur les autres fonctions.

Sous hypoxie, comparés aux sujets témoins [groupe PLA], les sujets ayant ingéré 400 ou 450 mg de nitrate NO3- [groupe NITR] ont, en réalité, des performances cognitives similaires [We found that compared with placebo, acute nitrate supplementation did not affect neurovascular coupling during hypoxic exposure, nor did it alter cognitive performance in young, healthy men].

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Concentration urinaire en nitrate après charge orale

 

Baiao, D.D.S., Conte-Junior, C.A., Paschoalin, V.M.F. and Alvares, T.S. (2016) Beetroot juice increases nitric oxide metabolites in both men and women regardless of body mass. International Journal of Food Sciences and Nutrition 67, 40-46

(voir l'abstract ici)

Les auteurs brésiliens [Roi de Janeiro, Brésil] recrutent 40 sujets volontaires:

- 20 hommes âgés en moyenne de 26 ans (25.9 ± 6.5)

- et 20 femmes âgées en moyenne de 30 ans (29.6 ± 7.3).

La veille de l’expérience, les sujets évitent les aliments riches en nitrates, tels la betterave, les épinards, le céleri, le chou frisé, la citrouille, la roquette et la laitue. Ils évitent le recours aux bains de bouche antibactériens. Ils restent à jeun pendant les 9 heures qui précèdent l’intervention ainsi que pendant les 3 heures que dure celle-ci.

Les participants ingèrent:

- soit 100 ml d’un jus de betterave déplété en nitrate, n’apportant que 0.31 mg de nitrate NO3-,

- soit 100 ml d’un jus de betterave riche en nitrate, apportant 99 mg de nitrate NO3-.

Pendant 3 heures, en vue de dosages des concentrations en nitrate NO3-, des échantillons urinaires sont recueillis toutes les 30 minutes.

Si les participants de l’étude ingèrent un jus de betterave déplété en nitrate, leurs concentrations urinaires en nitrate restent basses et stationnaires, autour de 0.020 mmol/mmol de créatinine.

Si les participants de l’étude ingèrent un jus de betterave riche en nitrate, leurs concentrations urinaires en nitrate NO3- s’élèvent, et sont évaluées, en moyenne,

- à la 30ème minute:  à 0.196 mmol/mmol de créatinine,

- à la 60ème minute:  à 0.500 mmol/mmol de créatinine,

- à la 90ème minute:  à 0.548 mmol/mmol de créatinine,

- à la 120ème minute: à 0.250 mmol/mmol de créatinine,

- à la 150ème minute: à 0.200 mmol/mmol de créatinine,

- à la 180ème minute: à 0.190 mmol/mmol de créatinine.

Les auteurs soulignent que, concernant les concentrations urinaires de nitrate rapportées aux concentrations urinaires en créatinine, aucune différence statistiquement significative n’est observée entre les hommes et les femmes, à quelque moment de l’étude dont il s’agisse [No significant difference was observed in urinary NO3[…] concentrations between men and women in beetroot juice intervention at any of 7 time points in which measurements were taken].

De même, lorsqu’ils prennent en compte l’indice de masse corporelle des participants, tant celui des hommes que celui des femmes, ils n’observent aucune corrélation statistique entre l’indice de masse corporelle et la concentration urinaire en nitrate NO3- à la 90ème minute [The correlation coefficients revealed that there were no significant relationships between urinary NO3- […] concentration and body mass in beetroot juice intervention for men […] and women at T90].

Commentaire du blog

Avec ses maxima vers les 60ème et 90ème minutes, la courbe des concentrations urinaires en nitrate NO3- rapportée ici par les auteurs brésiliens rappelle celle des concentrations plasmatiques en nitrate NO3- après charge orale équivalente en nitrate (124 mg NO3-). Dans les études publiées, les concentrations plasmatiques maximales en nitrate ont tendance, ce qui est logique, à être plus précoces, vers la 40ème ou la 60èmeminutes [McKnight et coll., 1997 et Mowatt et coll., 1999].

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Supplémentation en nitrate et consommation d’oxygène VO2

Pawlack-Chaouch, M., Boissière, J., Gamelin, F.X., Cuvelier, G., Berthoin, S. and Aucouturier, J. (2016) Effect of dietary nitrate supplementation on metabolic rate during rest and exercise in human: A systematic review and a meta-analysis. Nitric Oxide 53, 65-76

(voir l'abstract ici)

Les auteurs français [Faculté des Sciences du Sport et de l’Education Physique, Université Lille 2, Ronchin] et belge [Laboratoire de l’Effort et du Mouvement, Tournai] présentent une revue d’ensemble avec méta-analyse, effectuée à partir d’essais randomisés contrôlés [randomized controlled trials] portant sur les effets éventuels de la supplémentation alimentaire en nitrate NO3- sur les fonctions métaboliques exprimées en VO2, tant au repos que lors de l’exercice physique.

26 essais randomisés contrôlés sont inclus dans la méta-analyse.

Il ressort des données recueillies, et soumises à l’analyse statistique, que

1) la supplémentation alimentaire en nitrate diminue significativement chez le sujet sain la consommation d’oxygène VO2 lors de l’exercice à intensité submaximale [Dietary NO3- supplementation resulted in a significant VO2 decrease during submaximal intensity exercise [-0.26 (95% IC: -0.38, -0.15), p<0.01]],

2) sans la diminuer significativement chez le sujet atteint de maladies chroniques (bronchopneumopathie chronique obstructive, insuffisance cardiaque ou artériopathie des membres inférieurs) [[…] but not in the subanalysis of subjects with chronic diseases [-0.09 (95% IC: -0.50, 0.32), p=0.67]].

Quand les données sont analysées séparément en fonction de l’intensité de l’exercice physique effectué, il ressort que, chez le sujet sain, la diminution statistiquement significative de la consommation d’oxygène VO2 sous l’effet de la supplémentation alimentaire en nitrate NO3-:

1) s’observe aussi bien à l’occasion de l’exercice physique d’intensité modérée (inférieure à 60 % du VO2max) qu’à l’occasion de l’exercice physique d’intensité plus soutenue (entre 60 et 80 % du VO2max) [When data were separately analysed by submaximal intensity domains, NO3- supplementation reduces VO2 during moderate [-0.29 (95% IC: -0.48, -010), p<0.01] and heavy [-0.33 (95% IC: -0.54, -0.12), p<0.01] intensity exercise],

2) mais ne s’observe

- ni en condition de repos [There was no significant effect of dietary NO3- relative to placebo under resting condition [0.01 (95% IC: -0.47, 0.50), p = 0.96]],

- ni lors de l’exercice physique d’intensité majeure (supérieure à 80 % du VO2max) [However, there was no significant effect of dietary NO3- relative to placebo […] during severe intensity exercise [[-0.14 (95% IC: -0.38, 0.09), p= 0.24] and during maximal intensity exercise [0.02 (95% IC: -0.42, 0.46), p= 0.93]].

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Supplémentation en nitrate et hypercholestérolémie

Velmurugan, S., Ming Gang, J., Rathod, K.S., Khambata, R.S., Ghosh, S.M., Hartley, A., Van Eijl, S., Saga-Kiss, V., Chowdury, T.A., Curtis, M., Kuhnle, G.G.C., Wade, W.G. and Ahluwalia, A. (2016) Dietary nitrate improves vascular function in patients with hypercholesterolemia: a randomized, double-blind, placebo-controlled study. The American Journal of Clinical Nutrition 103, 25-38

(voir l'abstract et le texte entier ici)

Les effets bénéfiques cardiovasculaires des légumes pourraient être consécutifs à leur haute teneur en nitrate NO3- [The beneficial cardiovascular effects of vegetables may be underpinned by their high inorganic nitrate content].

Le corps médical dispose encore de peu de moyens préventifs à l’égard des maladies cardiovasculaires. Il serait particulièrement intéressant de découvrir des traitements efficaces, surtout s’ils sont de nature diététique et évitent le recours aux médicaments [Currently, there is a relative paucity in broadly acceptable effective primary prevention options for cardiovascular disease (CVD). In this regard, a focus on identifying strategies that target major but modifiable risk factors, particularly the diet, that might also operate as preventative strategies to avoid pharmacotherapeutics is clearly of value].

Les auteurs britanniques [Londres, Royaume-Uni] présentent une étude randomisée en double aveugle et contre placebo, effectuée chez 67 patients (24 hommes et 43 femmes), âgés en moyenne de 53 ans (de 18 à 80 ans), atteints d’une hypercholestérolémie non traitée.

Les critères d’inclusion sont, plus précisément, les suivants:

- soit un taux de cholestérol total supérieur à 2.35 g/l (supérieur à 6.0 mmol/l)

- soit une élévation quelconque du taux de LDL cholestérol ou du taux de triglycérides, si le score QRISK 2 (National Health Service)  est supérieur à 15 %.

Les patients reçoivent chaque jour pendant 6 semaines:

- soit 250 ml d’un jus de betterave riche en nitrate (James White Drinks), apportant 375 mg NO3- j-1,

- soit 250 ml d’un jus de betterave déplété en nitrate (James White Drinks), n’apportant que ~ 0.006 mg NO3- j-1.

Au terme des 6 semaines, les auteurs évaluent:

- la vasodilatation flux dépendante [flow mediated dilation, FMD], mesurée à l’artère brachiale

- la vitesse de l’onde de pouls aortique,

- la concentration des agrégats plaquettes-monocytes

- et la flore bactérienne buccale.

Comparativement à ce qu’ils observent chez les patients n’ayant reçu que la supplémentation placebo, ils constatent en cas de supplémentation nitratée:

- une augmentation de la vasodilatation flux dépendante de 1.1 % [Dietary nitrate resulted in an absolute increase in the FMD response of 1.1 % (an ~ 24 % improvement from baseline) with a worsening of 0.3 % in the placebo group],

- un légère amélioration de la vitesse de l’onde de pouls aortique (diminution de 0.22 m/s),

- une légère, mais significative, diminution des agrégats plaquettes-monocytes (diminution de 7.6 %),

- enfin une modification de la flore bactérienne buccale, avec, notamment, une augmentation des populations de Neisseria flavescens et de Rothia mucilaginosa, deux espèces bactériennes qui ont la capacité de réduire les nitrates en nitrites [These findings intimate a shift in the oral microbiome in favor of organisms that are capable of nitrate reduction].

Ils constatent, en outre, que ces 6 semaines de supplémentation nitratée (375 mg NO3- j-1) sont parfaitement tolérées.

- Aucune élévation du taux de méthémoglobine n’est enregistrée [There was no evidence of methemoglobinemia].

- Très modérée, l’élévation des taux urinaires de composés N-nitrosés ne dépasse pas, en réalité, ce qui s’observe chez le sujet sain [There was […] a small increase in apparent total N-nitroso compounds after nitrate. However, the concentrations […] fell within the range observed in healthy individuals […]].

En conclusion, d’une part, la supplémentation en nitrate est sûre et bien tolérée. D’autre part, il devient envisageable d’y recourir pour prévenir au long cours les maladies cardiovasculaires, notamment chez les sujets en état de dysfonction vasculaire débutante [In conclusion, this study supports the use of dietary nitrate as a safe, well-tolerated, and potentially powerful prevention strategy in cardiovascular diseases in individuals with early vascular dysfunction].

Commentaire du blog

La modification de la fore bactérienne buccale sous l’effet de la supplémentation en nitrate méritera aussi d’être revérifiée lors de nouvelles études.

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Nitrates et flavonoïdes alimentaires

Bondonno, C.P., Croft, K.D., Ward, N., Considine, M.J. and Hogdson, J.M. (2015) Dietary flavonoids and nitrate: effects on nitric oxide and vascular function. Nutrition Reviews 73, 216-235

(voir l'abstract ici)

L’oxyde nitrique NO joue sans conteste un rôle de premier plan dans le maintien de la santé cardiovasculaire [Undoubtedly, nitric oxide plays a pivotal role in cardiovascular health].

L’équipe australienne [Université d’Australie-Occidentale, Perth] a récemment consacré une revue de synthèse aux effets bénéfiques des nitrates alimentaires, ainsi qu’aux griefs parfois énoncés à leur encontre [rubrique du 25 février 2016]. Les effets bénéfiques cardiovasculaires des nitrates alimentaires s’expliquent, on le sait, par une augmentation de la biodisponibilité en oxyde nitrique.

Après avoir rappelé dans ce nouvel article les effets bénéfiques cardiovasculaires des nitrates, les auteurs se penchent sur les flavonoïdes apportés par l’alimentation.

Les flavonoïdes sont une sous-classe des polyphénols. Ils sont naturellement présents dans les fruits et les légumes. On les trouve aussi dans le vin, la bière, le lait de soja, le thé, le chocolat.

Les résultats des études publiées sur les liens entre les apports alimentaires en flavonoïdes et le risque d’apparition des maladies cardiovasculaires s’avèrent plutôt disparates. Des études épidémiologiques pourraient, certes, faire penser à une association inverse. En réalité, le fait est loin d’être prouvé. De même le mécanisme d’action éventuel des flavonoïdes n’est pas réellement élucidé [Epidemiological studies suggest an inverse association exists between flavonoid consumption and the risk of cardiovascular disease. Cardiovascular protection by flavonoid-rich foods could occur through effects on blood pressure, endothelial function, and platelet reactivity. Results of studies with flavonoid-rich foods and their cardiovascular effects, are, however, inconsistent, and the molecular mechanisms involved are not completely understood].

Les auteurs australiens se demandent ensuite si les flavonoïdes alimentaires sont en mesure de majorer les effets bénéfiques cardiovasculaires des nitrates alimentaires. Un tel effet synergique constitue, certes, une possibilité, car les flavonoïdes sont susceptibles d’accentuer la production d’oxyde nitrique NO à la fois en agissant sur la voie de la L-arginine et de la NO synthase et en augmentant dans le milieu acide gastrique la production d’oxyde nitrique NO à partir des ions nitrite NO2- salivaires. Cependant, l’effet synergique entre flavonoïdes et nitrates n’est pas démontré [While the exact mechanism of protective action by flavonoids has yet to be confirmed, evidence suggests that flavonoids modulate nitric oxide metabolism through the L-arginine NOS pathway. In vitro studies and in vivo experiments suggest that flavonoids could also mediate the direct bioconversion of nitrite to nitric oxide. These studies have demonstrated that flavonoids in the acidic conditions of the stomach can enhance the production of nitric oxide from salivary nitrite, which can diffuse across the stomach wall and induce local muscle relaxation. Since salivary nitrite is increased after nitrate consumption, polyphenols could, theoretically, enhance nitric oxide production after a nitrate-rich meal. Whether this occurs in the circulation is unknown].

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Supplémentation en nitrate et effort musculaire explosif

Rimer, E.G., Peterson, L.R., Coggan, A.R. and Martin (2015) Acute dietary nitrate supplementation increases maxima cycling power in athletes. International Journal of Sports Physiology and Performance. Sous presse.

(voir l'abstract ici)

Les auteurs américains [Salt Lake City, Utah; Saint-Louis, Missouri] cherchent à savoir si l’ingestion d’un jus de betterave riche en nitrate est, à elle seule, capable d’améliorer la puissance maximale développée par un sportif entraîné à l’occasion d’un sprint sur cyclo-ergomètre [The primary purpose of this investigation was to determine if NO3- -rich beetroot juice could acutely (i.e., within the same day) increase power and optimal pedaling rate during a short bout of maximal cycling (3-4 s) performed by trained athletes, compared to a NO3- -depleted placebo].

Ils recrutent 13 athlètes entraînés: 11 hommes et 2 femmes. Leur âge est compris entre 19 et 44 ans. Ils proviennent de différentes disciplines [tennis, ski, football américain, cyclisme, triathlon].

A 30 minutes d’intervalle, les sujets ingèrent deux doses de 70 ml de jus de betterave [Beet It Sports, James White Drinks Ltd, Ipswich, UK) apportant au total:

- soit 694 mg de nitrate NO3- [NO3],

- soit, si le jus de betterave est déplété en nitrate, seulement 0.25 mg de nitrate NO3[PLA].

Immédiatement avant, puis après l’ingestion du jus de betterave, ils effectuent, sur un cyclo-ergomètre à volant d’inertie, un effort maximal, ce qui permet d’évaluer, en double aveugle et cross over, la puissance maximale qu’ils développent sur une période de 3 à 4 secondes [In this double-blind, crossover study, 13 trained athletes performed maximal inertial-load cycling trials (3-4 s) immediately before (PRE) and after (POST) consuming either NO3--rich (NO3) or NO3--depleted (PLA) beetroot juice to assess acute changes (i.e., within the same day) in maximal power (PMAX) and optimal pedaling rate (RPMOPT)].

En moyenne, les puissances maximales développées, exprimées en watts, sont les suivantes: 

 

PRE

POST

NO3

1160

1229

PLA

1191

1213

L’augmentation de la puissance maximale entre [PRE] et [POST] est plus importante chez les sujets ayant consommé le jus de betterave riche en nitrate [NO3] que chez ceux qui ont consommé le jus de betterave déplété en nitrate. La différence entre [NO3] et [PLA] est statistiquement significative [2×2 repeated measures ANOVA indicated a greater increase in PMAX from PRE to POST NO3 […] compared to PLA […] (p=0.009; η2=0.45)].

Cette notion mérite l’intérêt. Elle pourrait être utile aux sportifs qui, dans leur discipline, ont à effectuer des efforts musculaires brefs et explosifs [These findings may particularly benefit power-sports athletes who perform brief explosive actions].

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