Nitrate-Nitrite-NO – Récapitulatif (4)

Kapil, V., Khambata, R.S., Jones, D.A., Rathod, K., Primus, C., Massimo, G., Fukuto, J.M. and Ahluwalia, A. (2020) The noncanonical pathway for in vivo nitric oxide generation: The nitrate-nitrite-nitric oxide pathway. Pharmacological reviews 72, 692-766


(suite)


 

(voir l'abstract et le texte entier ici)

 


III Source et pharmacocinétique de l’ion nitrate


A Source endogène en nitrate


On estime que 25 % environ des nitrates de l’organisme sont d’origine endogène (Green et al., 1981)


B Sources exogènes en nitrate


1 Apports alimentaires en nitrate


Selon l’Organisation Mondiale de la Santé [OMS], une consommation quotidienne de 400 mg de légumes, correspondant à sa recommandation, apporte environ 155 mg NO3- j-1. Elle reconnaît que les apports alimentaires en nitrate sont habituellement moindres, compris entre 93 et 124 mg NO3- j-1.


Des régimes très riches en légumes à visée anti-hypertensive, comme le «DASH diet» [Dietary Approaches to Stop Hypertension diet], apportent des quantités très importantes de nitrate, évaluées entre 370 et 1240 mg NO3- j-1.


Cependant, paradoxalement, en raison des griefs anciens formulés à l’encontre de l’ion nitrate, l’Organisation Mondiale de la Santé [OMS] recommande que, chez un adulte de 70 kg, les apports en nitrate ne dépassent pas 260 mg NO3- j-1.


2 Apports en nitrate provenant de l’eau de boisson


Toujours en raison des anciens griefs, la concentration maximale admissible dans l’eau de boisson reste, dans la plupart des pays, fixée à 10 mg NO3--N l-1, soit 45 mg NO3- l-1.


Dans ces conditions, moins de 14 % des apports en nitrate sont d’origine hydrique [OMS, 2011]. Les apports en nitrate proviennent principalement des légumes.


C Pharmacocinétique de l’ion nitrate


A l’occasion de son ingestion orale, l’ion nitrate est rapidement absorbé dans le tractus digestif supérieur, sans aucune modification biochimique. Sa biodisponibilité est alors ainsi proche de 100 %.


La concentration plasmatique en nitrate s’élève dès la quinzième minute, le pic étant atteint entre la trentième et la soixantième minutes. La demi-vie de l’ion nitrate dans le plasma est d’environ 6 heures.


Les deux tiers du nitrate sont excrétés par voie urinaire. Chez le sujet sain, sa clearance rénale est d’environ 20 ml/mn.


Moins de 1 % du nitrate ingéré se retrouve dans les selles.


D Circulation entérosalivaire et réduction orale du nitrate


Environ 25 % du nitrate ingéré est pompé à partir du plasma par les glandes salivaires grâce à un co-transporteur, connu sous les nom de sialine.


Les concentrations salivaires en nitrate s’avèrent plus de dix fois supérieures aux concentrations plasmatiques, en raison d’un phénomène actif de sécrétion. L’élévation des concentrations salivaires en nitrate débute 20 à 60 minutes après la charge orale en nitrate.


La salive présente dans les canaux salivaires ne contient pas de nitrite. La conversion des ions nitrate NO3- salivaires en ions nitrite NO2- salivaires a lieu dans la cavité buccale. Elle est due à l’activité enzymatique des bactéries nitrato-réductrices de la flore bactérienne buccale [Ishiwata et al., 1975]. Les bains de bouche antibactériens ainsi que les antibiotiques peuvent ainsi provoquer une diminution importante des concentrations salivaires en nitrite, jusqu’à 90 %.


La réduction dans la cavité buccale des ions nitrate en ions nitrite s’effectue particulièrement à la partie postérieure et dorsale de la langue. On y trouve de profonds sillons au fond desquels s’accumulent les bactéries. Elle se produit aussi sur les dents, à la surface des joues et sur les plaques dentaires.


Les bactéries nitrato-réductrices incriminées ont principalement pour nom Veillonella, Lactobacillus, Micrococcus, Corynebacterium, Propionibacterium, Neisseria, Actinomyces, commensal Staphylococcus et Rothia.


Pour des raisons non élucidées, il semble que la réduction des ions nitrate en ions nitrite dans la cavité buccale soit plus prononcée chez la femme que chez l’homme, sans qu’on n’enregistre malgré tout entre les sexes de différences notables en matière de répercussion cardiovasculaire (tension artérielle, fonction endothéliale) après charge orale en nitrate.


Commentaire du blog


Mis au point et promu par le National Institutes of Health [NIH] américain au milieu des années 1990, le régime DASH [Dietary Approaches to Stop Hypertension diet] conserve la faveur des cardiologues. Ses vertus anti-hypertensives sont reconnues. Il apporte 5.3 à 17.7 mg NO3- kg-1 j-1.


En 1962, l’Organisation Mondiale de la Santé [OMS] a édicté une Dose Journalière Admissible [DJA] pour les nitrates, la fixant arbitrairement à 3.7 mg NO3- kg-1 j-1. Sans véritable explication, elle a régulièrement renouvelé sa recommandation. Elle est maintenant datée. Elle mériterait un ré-examen.


(A suivre)

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