Nitrates alimentaires, âge et expression génique vasculaire

Rammos, C., Totzeck, M., Deenen, R., Köhrer, K., Kelm, M., Rassaf, T.and Hendgen-Cotta, U.B. (2015) Dietary nitrate is a modifier of vascular gene expression in old male mice. Oxidative Medicine and Cellular Longevity 2015:658264

(voir l'article entier ici)

Le vieillissement est habituellement considéré comme le plus important facteur «non modifiable» de risque cardiovasculaire. Il est connu pour augmenter à la fois la morbidité et la mortalité cardiovasculaires [Aging is considered to be the most important nonmodifiable cardiovascular risk factor, leading to increased cardiovascular morbidity and mortality].

Les perturbations cardiovasculaires liées à l’âge comportent, entre autres, un accroissement de la rigidité aortique, une dysfonction endothéliale et par voie de conséquence une augmentation de la tension artérielle systolique.

Les auteurs allemands [Düsseldorf] ont récemment montré que diverses modifications génomiques apparaissent avec l’âge. Affectant le profil transcriptionnel, elles peuvent rendre compte du phénomène de vieillissement vasculaire [On the genomic level, we recently identified differences in the transcriptional profile and the genes potentially responsible for the vascular aging process […] [Rammos et coll., 2014]].

Une supplémentation alimentaire à base de nitrate NO3- est, par ailleurs, connue pour améliorer la fonction vasculaire [A chronic dietary supplementation with the micronutrient nitrate has been demonstrated to improve vascular function]. Les nitrates sont abondants dans notre régime alimentaire quotidien, particulièrement dans les légumes. Les nitrates alimentaires NO3- constituent une source de nitrite NO2- et d’oxyde nitrique NO.

Selon diverses études, l’ion nitrite NO2- et l’oxyde nitrique NO provenant de l’ion nitrate alimentaire NO3- pourraient exercer leurs effets bénéfiques par l’intermédiaire de messagers secondaires, ou seconds messagers, de modifications post-translationnelles et de régulations de l’expression des gènes [Nitrate-derived nitrite and NO exert beneficial effects through second messengers, posttranslational modifications, and regulations of gene expression [Bryan et coll., 2005; Hendgen-Cotta et coll., 2008; Totzeck et coll., 2012]].

Des souris mâles relativement âgées (âge: 20 mois) reçoivent pendant 8 semaines:

- soit une eau de boisson contenant 730 mg NO3- l-1, sous forme de nitrate de sodium NaNO3,

- soit, à titre de contrôle, une eau de boisson contenant du chlorure de sodium NaCl, à concentration équivalente.

Etudiant les aortes descendantes de ces souris âgées, les auteurs allemands analysent alors les modifications de l’expression des gènes et du profil transcriptionnel faisant suite à une supplémentation prolongée en nitrate [We determined changes that occur at a gene expression level and transcriptional profile following a chronic nitrate supplementation in aged mice]. Pour enregistrer les modifications du transcriptome vasculaire, ils font appel, dans ces aortes de souris âgées, à une analyse d’expression des gènes par microréseaux [To determine the changes of the vascular transcriptome, we conducted gene expression microarray experiments on aortas of old mice, which were treated with dietary nitrate].

Après une supplémentation alimentaire prolongée en nitrate, ils identifient ainsi des interactions moléculaires et des voies réactionnelles intervenant dans le mécanisme de la signalisation calcique et dans les processus biologiques de détoxification [Molecular interaction and reaction pathways involved in the calcium-signaling pathway and the detoxification system were identified].

Il ressort de ces travaux qu'il est maintenant tout à fait légitime d’attendre d’interventions nutritionnelles une influence sur les altérations vasculaires dues à l’âge et leurs conséquences défavorables [This supports the concept of nutritional approaches to modulate age-related changes of vascular function and its detrimental consequences].

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Nitrate, nitrite et thyroïde

Bahadoran, Z., Mirmiran, P., Ghasemi, A., Kabir, A., Azizi, F. and Hadaegh, F. (2015) Is dietary nitrate/nitrite exposure a risk factor for development of thyroid abnormality? A systematic review and meta-analysis. Nitric Oxide 47, 65-76

(voir l'abstract ici)

Les auteurs iraniens [Université Shadid Beheshti, Téhéran] présentent une revue de synthèse avec méta-analyse consacrée aux liens éventuels entre les apports alimentaires en nitrate NO3- et en nitrite NO2- et les diverses pathologies thyroïdiennes.

Ils recensent:

- 16 études expérimentales chez l’animal (surtout rats, mais aussi poussins, jeunes porcs, taureaux, saumons, ou encore jeunes poissons de l’espèce Labeo rohita), entre 1961 et 2015,

- 2 études biologiques et 12 études épidémiologiques consacrées chez l’homme, depuis 1994, aux liens entre les apports en nitrate NO3- ou en nitrite NO2- et la fonction thyroïdienne,

- 3 études épidémiologiques consacrées chez l’homme, depuis 2010, aux liens entre les apports en nitrate NO3- ou en nitrite NO2- et le risque de cancer thyroïdien.

▪ Chez l’animal, de très forts apports en nitrate NO3- sont nécessaires pour que l’on commence à enregistrer des répercussions sur le métabolisme iodé thyroïdien et le développement d’un goitre. Il faut chez le rat des apports de 1100 à 2200 mg NO3- kg-1de poids corporel jour-1, sous forme de nitrate de sodium Na NO3, pour que l’on note le début de modifications histologiques en regard des follicules thyroïdiens ainsi qu’une diminution de l’excrétion iodée urinaire. Chez l’homme, la Dose Journalière Admissible [DJA], édictée par le Comité d’experts sur les Additifs Alimentaires de l’OMS et de la FAO [JECFA] ainsi que par le Comité Scientifique de l’Alimentation Humaine [CSAH] de la Commission des Communautés européennes, est de 3.7 mg NO3- kg-1de poids corporel jour-1. Chez l’animal, les doses en nitrate NO3- susceptibles d’avoir des répercussions sur la fonction thyroïdienne sont, en réalité, extrêmement importantes. Elles sont 295 à 590 fois supérieures à la dose que les autorités administratives ont désignée comme étant, chez l’homme, la «Dose Journalière Admissible» [Animal studies showed that short-term exposure to high levels of nitrate in the diet interfered with normal iodine thyroid metabolism and had a goitrogenic effect especially in limited iodine diets. Administration of high doses of nitrate (1500 and 3000 mg/kg/day of sodium nitrate, ~ 295 and 590 times of Acceptable Daily Intake [ADI]), induces histological changes of thyroid follicle and decreases urinary iodine excretion in rats […]].

▪ La méta-analyse des études épidémiologiques humaines effectuée par les auteurs iraniens ne montre aucune association entre l’exposition aux nitrates d’une part et le risque d’apparition:

- d’un hyperthyroïdisme,

- d’un hypothyroïdisme,

- ou d’un cancer thyroïdien

[Our meta-analysis of epidemiologic surveys showed no significant association between nitrate exposure and the risk of thyroid cancer, hyper- and hypothyroidism[…]].

▪ Le seul élément qui, en définitive, retienne leur attention est le lien entre les apports alimentaires en nitrite NO2- et le risque de cancer thyroïdien, lien rapporté en 2013 par Aschebrook-Kilfoy et coll. à partir d’une étude de cohorte portant sur une population de Shanghai [République Populaire de Chine] [Cf. rubrique du 25 août 2012]. Selon cette étude, les femmes dont l’apport en nitrite NO2- est supérieur à 1.61 mg NO2- jour-1 verraient leur risque de développer un cancer thyroïdien multiplié par deux [Only a significant association was found between higher exposures to nitrite and the risk of thyroid cancer].

Commentaire du blog

La valeur scientifique de l’étude d’Aschebrook-Kilfoy et coll. (2013) suscite, en réalité, des réserves. Elles ont été exposées dans la rubrique du 25 août 2012. 

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Nitrate et champignons

Bobics, R., Krüzselyi, D. and Vetter, J. (2015) Nitrate content in a collection of higher mushrooms. Journal of the Science of Food and Agriculture. Sous presse.

(voir l'abstract ici)

Les auteurs travaillent dans le département de botanique de l’Université Saint-Etienne 1er de Hongrie [Budapest]. Ils mesurent les concentrations en nitrate NO3- dans 134 échantillons de 54 espèces de champignon différentes.

Ils étudient successivement:

- les champignons comestibles saprotrophes,

- les champignons comestibles mycorhiziens,

- les champignons «décomposeurs»,

- les champignons de couche,

- et les champignons présentés en conserve.

1) Les champignons comestibles saprotrophes (autrefois dénommés saprophytes) décomposent la matière organique morte et s’en nourrissent. Les auteurs effectuent leurs mesures sur 54 échantillons issus de 19 espèces différentes. Les concentrations en nitrate sont comprises entre 151 et 12715 mg NO3- kg-1 de matière sèche (m. sèche).

Classées par ordre décroissant, les concentrations les plus élevées en nitrate sont enregistrées dans les sept espèces suivantes, que les auteurs qualifient d’«accumulatrices» […seven «accumulator» species]:

- Lepista irina (Tricholome à odeur d’iris):         en moyenne, 7238 mg NO3- kg-1 de m. sèche,

- Clitocybe nebularis (Clitocybe nébuleux):        en moyenne, 6983 mg NO3- kg-1 de m. sèche,

- Lepista nuda (Tricholome pied bleu):               en moyenne, 5844 mg NO3- kg-1 de m. sèche,

- Lepista personata (Tricholome pied violet):     en moyenne, 5558 mg NO3- kg-1 de m. sèche,

- Macrolepiota rhacodes (Lépiote déguenillée): en moyenne, 1877 mg NO3- kg-1 de m. sèche,

- Clitocybe odora (Clitocybe odorant):               en moyenne, 1766 mg NO3- kg-1 de m. sèche,

- Macrolepiota procera (Lépiote élevée):           en moyenne, 627 mg NO3- kg-1 de m. sèche.

Dans les autres espèces, les concentrations en nitrate sont plus modérées, comprises en général entre 200 et 300 mg NO3- kg-1 de m. sèche. Dans le Craterellus cornucopioides, mieux connu sous le nom de «trompette de la mort», la concentration moyenne en nitrate est encore inférieure: 174 mg NO3- kg-1 de m.sèche.

2) Les champignons comestibles mycorhiziens sont associés à une racine dans un mycorhize. Les auteurs effectuent leurs mesures sur 27 échantillons issus de 13 espèces différentes. Les concentrations en nitrate sont, dans l’ensemble, faibles, assez homogènes, comprises, en moyenne, entre 137 et 507 mg NO3- kg-1 de m. sèche.

Dans le Tuber aestivum, connu sous le nom de truffe blanche d’été, ou encore truffe de la Saint Jean, la concentration moyenne en nitrate est de 165 mg NO3- kg-1 de m.sèche.

3) Les champignons «décomposeurs» sont ceux qui se nourrissent de bois mort. Les auteurs effectuent leurs mesures sur 22 échantillons issus de 13 espèces différentes. Les concentrations en nitrate s’échelonnent, en moyenne, entre 131 et 343 mg NO3- kg-1 de m. sèche. Pour l’ensemble du groupe, la teneur moyenne est de 229 mg NO3- kg-1 de m. sèche.

4) Pour les champignons de couche ou champignons cultivés, les auteurs effectuent leurs mesures sur 31 échantillons issus de 9 espèces différentes. Les teneurs en nitrate s’échelonnent entre 140 et 1011 mg NO3- kg-1 de matière sèche, avec une moyenne de 334 mg NO3- kg-1 de m. sèche.

Dans l’Agaricus bisporus, connu sous le nom de champignon de Paris, la concentration moyenne en nitrate est de 563 mg NO3- kg-1 de m. sèche.

5) Certains champignons peuvent aussi être présentés en conserve. Les auteurs effectuent leurs mesures sur 6 échantillons issus de 4 espèces différentes. Peu élevées, les teneurs en nitrate s’échelonnent entre 144 et 231 mg NO3- kg-1 de m. sèche.

Dans leurs commentaires, les auteurs hongrois rappellent que la Dose Journalière Admissible (édictée par le Comité d’experts sur les Additifs alimentaires de l’OMS et de la FAO (JECFA) ainsi que par le Comité Scientifique de l’Alimentation Humaine (CSAH) de la Commission des Communautés européennes) est de 3.7 mg NO3- kg-1 de poids corporel jour-1, c’est-à-dire, pour un sujet de 70 kg, de 255 mg NO3- jour-1.

Or l’ingestion de 100 grammes de m. sèche du champignon comestible saprotrophe le plus riche en nitrate de la série, le Lepista irina (Tricholome à odeur d’iris), apporterait 72 mg de nitrate NO3-. Il faudrait consommer 350 mg de m. sèche de ce champignon, le Lepista irina, pour atteindre, avec lui seul, le seuil administratif fixé par le JECFA et le CSAH.

Aux yeux des auteurs, toutes ces considérations sont rassurantes. On voit mal la consommation de champignons contribuer réellement, quotidiennement et au long cours, au dépassement des normes [The data suggest that daily uptake of acceptable nitrate content via mushrooms is not presumable…].

Commentaire du blog

Les auteurs hongrois sont botanistes. Quand ils évoquent les effets éventuels des nitrates des champignons étudiés sur la santé, leur réflexe est de faire confiance aux autorités administratives et aux normes édictées. Malheureusement, comme on le sait ici, les normes administratives édictées à l’égard des nitrates alimentaires sont dénuées de base scientifique.

En 1991, la «Diagonale des Nitrates» mesurait, en France, les teneurs en nitrate NO3- des légumes. Dans l’ensemble, rapportée au kilo de matière sèche, la teneur en nitrate des champignons de l’étude hongroise est comparable à celle des légumes de la «Diagonale des Nitrates», rapportée au kilo de matière fraîche. On considère parfois que le poids de la matière sèche des champignons est environ cinq fois moindre que celui de leur matière fraîche. Dans ces conditions, dans l’ensemble, la concentration en nitrate des champignons est nettement plus faible, environ cinq fois plus faible, que celle des légumes.

Selon la «Diagonale des Nitrates» (1991), les teneurs moyennes en nitrate de la betterave, des épinards et de la laitue sont respectivement de 1900, 1870 et 1180 mg NO3- kg-1 de matière fraîche. Rapportées non plus au kilo de matière sèche mais au kilo de matière fraîche, les teneurs moyennes en nitrate des quatre champignons comestibles saprotrophes les plus «accumulateurs», le Lepista irina (tricholome à odeur d’iris), le Clitocybe nebularis (clitocybe nébuleux), le Lepista nuda (tricholome pied bleu), et le Lepista personata (tricholome pied violet), sont comprises entre 1100 et 1450 mg NO3- kg-1. Elles sont modérément inférieures aux teneurs en nitrate de la betterave, des épinards et de la laitue.

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Bandelettes salivaires et biodisponibilité en oxyde nitrique

Clodfelter, W.H., Basu, S., Bolden, C., Dos Santos, P.C., King, S.B. and Kim-Shapiro, D.B. (2015) The relationship between plasma and salivary NOx. Nitric Oxide 47, 85-90

(voir l'abstract ici)

Actuellement, en 2015, deux types de bandelettes salivaires informant sur les teneurs salivaires en oxyde nitrique NO sont commercialement disponibles. Ce sont:

- les Neogenis Test Strips [Neogenis, Austin, Texas, USA],

- et le Berkeley Test [Berkeley lab, Berkeley, Californie, USA].

La salive est mise en contact avec l’une des extrémités de la bandelette. Selon les fabricants, la couleur prise par l’extrémité de la bandelette en présence de la salive renseigne sur la teneur salivaire en oxyde nitrique NO. Plus la couleur est rose foncé, plus la teneur en oxyde nitrique NO est élevée.

▪ Les auteurs américains [Wake Forest University, Winston-Salem, Caroline du Nord, USA] cherchent d’abord à déterminer à quoi correspondent exactement les changements de couleur des bandelettes salivaires.

Ils mettent ces dernières en contact

- avec des solutions de nitrate de sodium [NaNO3] aux concentrations de

- 62 mg NO3- l-1,

- et 620 mg NO3- l-1.

- et avec des solutions de nitrite de sodium [NaNO2) aux concentrations de

- 0.46 mg NO2- l-1,

- 2.3 mg NO2- l-1,

- 4.6 mg NO2- l-1,

- 46 mg NO2- l-1,

- et 460 mg NO2- l-1.

Aucune modification de couleur n’est observée lorsque la bandelette est plongée dans une solution de nitrate de sodium [NaNO3], que la concentration en nitrate NO3- soit de 62 ou de 620 mg NO3- l-1. [There was no colorimetric change when the strips were submerged in the NaNO3 solution of 1 and 10 mM concentrations].

De même, aucune modification de couleur de la bandelette n’est observée lorsqu’elle est plongée dans une solution de nitrite de sodium [Na NO2] à la concentration faible de 0.46 mg NO2- l-1. Par contre, une légère coloration rose apparaît sur la bandelette lorsque la concentration de la solution est de 2.3 mg NO2- l-1. Puis, de 4.6 jusqu’à 460 mg NO2- l-1, le rose de la bandelette se montre de plus en plus prononcé au fur et à mesure que, dans la solution, la concentration en nitrite de sodium Na NO2 s’accroît [No detectable reaction was observed using the low concentration of 10 μM NaNO2. A light pink color was apparent at a concentration of 50 μM and the color darkened with increasing concentrations up to 10 mM NaNO2].

▪ Puisque la teneur plasmatique en nitrite NO2- est considérée comme un bon reflet de la biodisponibilité en oxyde nitrique NO, les auteurs vérifient également, chez 13 adultes volontaires, si les concentrations salivaires et plasmatiques en nitrite NO2- sont corrélées entre elles.

Chez ces sujets volontaires, à 9 heures du matin,

- les concentrations plasmatiques en nitrate NO3- s’échelonnent de 1.2 à 3.8 mg NO3- l-1,

- les concentrations salivaires en nitrate NO3- s’échelonnent de 0.6 à 42 mg NO3- l-1,

- les concentrations plasmatiques en nitrite NO2- s’échelonnent de 2.8 à 8.5 μg NO2- l-1,

- les concentrations salivaires en nitrite NO2- s’échelonnent de 2.3 à 12 mg NO2- l-1.

Aucune corrélation statistique n’existe, en réalité,

- entre les concentrations plasmatiques et salivaires en nitrite NO2-,

- entre les concentrations plasmatiques en nitrite NO2- et les concentrations salivaires en nitrate NO3-.

Il existe, par contre, une corrélation statistique

- entre les concentrations plasmatiques et salivaires en nitrate NO3-,

- et entre les concentrations plasmatiques en nitrate NO3- et les concentrations salivaires en nitrite NO2-.

[We found no significant correlation between basal salivary and plasma NO2-. Also no correlation exists between salivary NO3- and plasma NO2-. However, we did see a correlation between salivary NO3- and plasma NO3-, and between salivary NO2- and plasma NO3-].

Comme ils n’observent pas de corrélation entre les concentrations salivaires et plasmatiques en nitrite NO2-, les auteurs estiment que la mesure des concentrations salivaires en nitrite NO2- ne constitue pas un moyen réellement fiable d’évaluer la qualité de la fonction endothéliale et la biodisponibilité en oxyde nitrique NO [These data suggest that salivary NO2- would not be a valid way to measure endothelial function and NO bioavailability]. Comme, par ailleurs, elles renseignent, en réalité, sur la teneur salivaire en nitrite NO2-, les bandelettes salivaires mises actuellement à la disposition du public ne rendent pas compte fidèlement de la biodisponibilité en oxyde nitrique NO [In addition, as we found that commercially available test strips measure salivary NO2-, those strips are not likely to accurately assess NO bioavailability].

Les teneurs plasmatiques en nitrite NO2- sont considérées comme grandement influencées par les phénomènes de synthèse endogène. Ce serait ainsi l’influence prépondérante de l’activité de la NO synthase endothéliale [eNOS] qui expliquerait l’absence de corrélation observée entre les teneurs salivaires et plasmatiques en nitrite NO2- [Under basal conditions, plasma NO2- levels are largely due to eNOS function and thus do not correlate with salivary NO3- or NO2-].

Commentaire du blog

Il conviendrait, semble-t-il, de distinguer deux cas de figure:

- celui où, pendant les heures précédant les prélèvements de sang et de salive, les sujets s’abstiennent de toute ingestion alimentaire nitratée et se livrent à des activités physiques plus ou moins soutenues,

- celui où, pendant ces heures précédant les prélèvements de sang et de salive, les sujets gardent un repos absolu et ingèrent des quantités plus ou moins importantes de nitrate.

Le premier cas de figure fait abstraction du cycle entéro-salivaire des nitrates d’origine alimentaire. Le second le prend en compte.

Il serait intéressant de voir ce qu’il en est exactement, dans ces deux cas de figure, de l’absence ou non de corrélation statistique entre les concentrations plasmatiques et salivaires en nitrite NO2-.

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Légumes riches en nitrate et tension artérielle de la femme jeune

Ashworth, A., Mitchell, K., Blackwell, J.R., Vanhatalo, A. and Jones, A.M. (2015) High-nitrate vegetable diet increases plasma nitrate and nitrite concentrations and reduces blood pressure in healthy women. Public Health Nutrition. Sous presse.

(voir l'abstract ici)

On sait qu’une supplémentation en nitrate NO3-, sous forme de nitrate de potassium ou de jus de betterave, fait baisser de quelques mm Hg la tension artérielle systolique de l’homme sain. Chez la femme, on observe une difficulté méthodologique. La tension artérielle systolique variant au cours du cycle menstruel, les valeurs les plus basses surviennent entre le 17ème et le 26ème jour de celui-ci [A recent systematic review concluded that nitrate, either as inorganic nitrate supplements or beetroot juice, significantly reduced systolic blood pressure by 4.4 mmHg in predominantly health, normal-weight men […]. Changes in blood pressure normally occur during menstrual cycle, so that blood pressure is lower at days 17-26 of the menstrual cycle].

Les auteurs britanniques [Université d’Exeter, Royaume-Uni] présentent les résultats d’une étude randomisée et en cross over portant sur 19 femmes jeunes, en bonne santé, âgées en moyenne de 20 ans.

Les participantes

- consomment pendant 7 jours soit un régime riche en légumes et salades soit un régime sans légumes ni salades,

- sont ensuite soumises à un «wash out» de 3 semaines,

- puis consomment pendant les 7 jours suivants (de manière alternative) soit un régime sans légumes ni salades soit un régime riche en légumes et salades.

Grâce au protocole, à 4 semaines de distance, les femmes se retrouvent à peu près au même stade de leur cycle menstruel [The study was designed so that participants would be at the same stage of their 28d menstrual cycle for both the high nitrate and control diets in order to control for possible blood pressure fluctuation (systolic blood pressure ~ – 0.65 mmHg during days 17-26)].

Le régime riche en légumes et salades leur apporte, en moyenne, 180 grammes j-1 de légumes et salades, correspondant à 340 mg NO3- j-1. Par comparaison, le régime sans légumes et salades n’apporte en moyenne que 8 mg NO3- j-1.

Les concentrations plasmatiques en nitrate NO3- sont, en moyenne, de:

- 3.8 mg NO3- l-1 après 7 jours de régime riche en légumes et salades,

- 1.6 mg NO3- l-1 après 7 jours de régime sans légumes ni salades.

Les concentrations plasmatiques en nitrite NO2- sont, en moyenne, de:

- 8.0 μg NO2- l-1 après 7 jours de régime riche en légumes et salades,

- 4.6 μg NO2- l-1 après 7 jours de régime sans légumes ni salades.

Toujours vérifiée au même moment de la journée chez le même sujet, la tension artérielle systolique baisse de manière statistiquement significative d’environ 4 mm Hg après 7 jours de régime riche en légumes verts et salades:

- en moyenne, 107 mm Hg avant le régime riche en légumes verts et salades,

- en moyenne, 103 mm Hg après le même régime.

Les auteurs britanniques confirment ainsi que, chez la femme jeune et normotendue, la consommation de légumes riches en nitrate augmente significativement les concentrations plasmatiques en nitrate NO3- et en nitrite NO2-, et diminue la tension artérielle [Consumption of high-nitrate vegetables significantly increased plasma nitrate and nitrite concentrations and reduced blood pressure in normotensive women].

Ils font aussi quelques commentaires:

1) L’Organisation Mondiale de la Santé [OMS], suivie en cela par le «National Health Service» [NHS] britannique, recommande de consommer quotidiennement au moins 5 portions de 80 grammes, c’est-à-dire au moins 400 grammes, de fruits et légumes, sans préciser, d’ailleurs, quels «fruits et légumes», il serait préférable de consommer [The recommendation of a daily intake of at least five portions of fruit and vegetables, using a portion size of 80 g, equates to a target of at least 400g/d. Current advice to eat «5 A Day» does not, however, specify which types of fruit and vegetables should be consumed].

2) En fait, tous les fruits, hormis la rhubarbe, techniquement un légume, y compris la tomate, sont pauvres en nitrate [All fruits (apart from rhubarb, which is technically a vegetable) are low in nitrate, as are tomatoes]. On sait que les fruits, au même titre que les légumes pauvres en nitrate, n’exercent pas d’effet hypotenseur [Our finding of no significant change of blood pressure after the control diet is consistent with the finding of the study by Berry et al., which demonstrated that fruit and low-nitrate vegetables do not induce blood pressure-lowering effects].

3) Le Comité d’experts sur les Additifs alimentaires de l’OMS et de la FAO (JECFA) – depuis 1962 – et le Comité Scientifique de l’Alimentation Humaine (CSAH) de la Commission des Communautés européennes – depuis 1992 – ont édicté, l’un et l’autre, une Dose Journalière Admissible [DJA] pour les nitrates. Par des raisonnements différents, ils l’ont fixée, chacun, à 3.7 mg NO3- kg-1 de poids corporel j-1. Or,

- dans l’étude présentée par les auteurs, l’apport moyen en nitrate durant les 7 jours de régime riche en légumes et salades est de 340 mg NO3- j-1, soit 5.5 mg NO3- kg-1 de poids corporel j-1.

- le régime DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension) préconisé par les autorités cardiologiques américaines à l’encontre de l’hypertension artérielle apporte, en moyenne, 1200 mg NO3- j-1, soit ~ 17 mg NO3- kg-1 de poids corporel j-1.

- le régime traditionnel japonais, à base de légumes, de champignons et d’algues, peut dépasser de cinq fois la Dose Journalière Admissible, et apporter jusqu’à 18.8 mg NO3- kg-1 de poids corporel j-1 (Sobko et al., 2010) [Cf. rubrique du 24 novembre 2009].

Dans ces conditions, à la suite d’autres auteurs (Hord et al., 2009; Sobko et al., 2010; Lundberg et al., 2011), les auteurs britanniques proposent de procéder à la révision de la Dose Journalière Admissible [DJA] réglementaire [Our findings support the suggestion that dietary inorganic nitrate has an important role in blood pressure regulation and that a review of the Acceptable Daily Intake [ADI] is warranted].

Commentaire du blog

- D'abord, une petite remarque à propos de la rhubarbe. Il s'agit, bien sûr, d'un légume; on consomme les pétioles charnus des feuilles. Ses usages culinaires sont cependant ceux d'un fruit; on en fait des compotes, des tartes et des confitures. 

- La page du site du «National Health Service» [NHS] britannique consacrée au «5 A Day message» explique pourquoi il convient, selon les autorités administratives, de consommer au moins 5 fruits et légumes par jour [voir ici].

Selon le National Health Service [NHS], il convient de consommer au moins 5 fruits et légumes par jour parce qu’en les consommant on diminue le risque d’apparition de maladies sérieuses, tels les affections cardiovasculaires, les complications vasculaires neurologiques, le diabète de type 2 et l’obésité.

Mais:

- Le National Health Service [NHS] ne fait pas la différence entre fruits et légumes.

- Selon lui, les substances présentes dans les fruits et légumes qui rendent compte de ces effets favorables sur la santé doivent être la vitamine C, l’acide folique et le potassium. Bizarrement, il ne cite pas l’ion nitrate NO3-.

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Apports en nitrate et BPCO

Shepherd, A.I., Wilkerson, D.P., Dobson, L., Kelly, J., Winyard, P.G., Jones, A.M., Benjamin, N., Shore, A.C. and Gilchrist, M. (2015) The effect of dietary nitrate supplementation on the oxygen cost of cycling, walking performance and resting blood pressure in individuals with chronic obstructive pulmonary disease: a double blind placebo controlled, randomized control trial. Nitric Oxide. Sous presse.

(voir l'abstract ici)

Provenant de Caroline du Nord [USA], une étude récente a observé qu’une supplémentation alimentaire en nitrate exerçait des effets bénéfiques chez les patients atteints de broncho-pneumopathie chronique obstructive [BPCO]. Elle améliorait leur état cardiovasculaire et leur tolérance à l’exercice [rubrique du 18 janvier 2015].

Une équipe britannique [Université d’Exeter] se livre à un travail analogue chez des patients atteints de la même affection broncho-pulmonaire.

Treize patients âgés en moyenne de 65 ans et atteints de broncho-pneumopathie chronique obstructive [BPCO] reçoivent deux fois par jour pendant deux jours et demi, le dernier apport ayant lieu 3 heures avant les tests physiques:

- soit un flacon de 70 ml de jus de betterave riche en nitrate [Beet it, James White Drinks Ltd., UK], apportant 420 mg de NO3- par flacon, soit 840 mg de NO3- par 24 heures,

- soit un flacon de 70 ml de jus de betterave déplété en nitrate [Beet it, James White Drinks Ltd., UK], apportant 0.124 mg de NO3- par flacon, soit 0.248 mg de NO3- par 24 heures.

La tension artérielle est mesurée au repos. Puis deux épreuves de pédalage sur cyclo-ergomètre à 80% de la VO2max se succèdent à 30 minutes d’intervalle. Elles sont suivies, 30 minutes plus tard d’une épreuve de marche de six minutes sur la plus longue distance possible [Participants completed two bouts of cycling at 80% of their gaz exchange threshold [GET] on a cycle ergometer with 30 minutes recovering between bouts. Following 30 minutes rest, participants performed a six-minute walk test to assess functional capacity. Participants walked around a clear rectangular corridor (14 x 12 m) for a total of 52 m per lap, covering as much distance as possible. Standardised verbal encouragement was given throughout].

La concentration plasmatique en nitrate NO3- est plus élevée chez les patients ayant eu une supplémentation en nitrate que chez les patients témoins: respectivement, en moyenne, 13.3 et 3.0 mg NO3- l-1.

Par contre, entre les deux groupes, aucune différence significative n’est observée pour les quatre éléments suivants:

- tension artérielle systolique au repos: respectivement et en moyenne, 123 et 123 mm Hg

- tension artérielle diastolique au repos: respectivement et en moyenne, 79 et 77 mm Hg,

- consommation en oxygène en fin d’exercice sur cyclo-ergomètre: respectivement et en moyenne, 939 et 933 ml min-1,

- distance parcourue en six minutes de marche: respectivement et en moyenne, 449 et 456 m.

L’absence d’amélioration enregistrée chez ces patients atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive [BPCO] contraste avec les résultats américains récemment publiés par l’équipe de Caroline du Nord [rubrique du 18 janvier 2015]. Les auteurs britanniques en sont conscients. Ils se demandent si la consommation de jus de pruneau par les patients servant de contrôles dans l’étude américaine ne pourrait pas avoir introduit un biais méthodologique. Déjà relativement médiatisées, les vertus ergogéniques du jus de betterave pourraient alors avoir été connues de certains patients [Related to the lack of a «true» placebo where the participants did not know whether active or placebo juice was being taken (as used in the present study), the widely reported (in the national press as well in scientific literature) beneficial effects of beetroot juice on exercise performance/tolerance may have given rise to a placebo effect in informed volunteers].

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Déficit en œstrogènes, entraînement aérobie, fonction endothéliale

Braga, V.A.V.N., Couto, G.K., Lazzarin, M.C., Rossoni, L.V. and Medeiros, A. (2015) Aerobic exercise training prevents the onset of endothelial dysfunction via increased nitric oxide bioavailability and reduced reactive oxygen species in an experimental model of menopause. PLoS One. 2015; 10(4):e0125388

(voir l'abstract ici)

Le recours à l’exercice aérobie est considéré comme un moyen non pharmacologique d’améliorer la fonction endothéliale. Les auteurs brésiliens [Université de Sao Paulo] se proposent de vérifier si l’effet de l’exercice aérobie sur la fonction endothéliale existe toujours en cas de déficit œstrogénique [Aerobic exercise training has been considered an important non-pharmacological tool for the improvement of endothelial function […]. However, it remains unknown if aerobic exercise is capable of promoting its benefits even in a chronic deficiency of estrogen].

Parmi des rates Wistar âgées au départ de 8 semaines, ils distinguent 4 groupes:

- 1) rates contrôles sédentaires

- 2) rates contrôles soumises à un entraînement aérobie

- 3) rates ovariectomisées sédentaires

- 4) rates ovariectomisées soumises à l’entraînement aérobie

L’ovariectomie sous anesthésie a lieu à l’âge de 8 semaines. L’exercice aérobie est effectué sur tapis roulant à intensité modérée une heure par jour, 5 jours par semaine, durant 8 semaines. Les animaux sont finalement sacrifiés. Les animaux des groupes 2 et 4 le sont 24 heures après les 8 semaines d’entraînement aérobie, et, afin de minimiser l’influence éventuelle des œstrogènes, les animaux du premier groupe le sont lors de la phase lutéale ovarienne du cycle.

Les concentrations plasmatiques en NOx [nitrate NO3- + nitrite NO2-] et les tensions artérielles systoliques se répartissent, en moyenne, de la manière suivante entre les 4 groupes:

 

Teneur plasmatique en NOx (μM)

Tension artérielle systolique (mm Hg)

1) rates contrôles sédentaires

36

143

2) rates contrôles avec entraînement aérobie

36

147

3) rates ovariectomisées sédentaires

22

169

4) rates ovariectomisées avec entraînement aérobie

36

145

Les teneurs plasmatiques moyennes en NOx sont moins importantes chez les rates ovariectomisées sédentaires que chez les animaux témoins. Chez les rates ovariectomisées soumises à un entraînement aérobie, elles sont, par contre, comparables à celles des animaux témoins.

Parallèlement, la tension artérielle systolique augmente chez les rates ovariectomisées sédentaires, tandis que chez les rates ovariectomisées soumises à un entraînement aérobie, la tension artérielle systolique est comparable à celle des animaux témoins.

Ex vivo, vérifiée sur l’aorte thoracique, la vasodilatation induite par l’acétylcholine (vasodilatation endothélium-dépendante) est diminuée chez la rate ovariectomisée sédentaire [en moyenne, Rmax: 57% chez la rate ovariectomisée sédentaire; 86% chez la rate contrôle sédentaire], sans l’être chez la rate ovariectomisée soumise à un entraînement aérobie [en moyenne, Rmax: 88%].

En définitive, même en cas de déficit en œstrogènes, l’entraînement aérobie est capable d’améliorer la vasodilatation endothélium-dépendante. Il exerce son effet en augmentant la biodisponibilité en oxyde nitrique NO [Exercise training, even in estrogen deficiency conditions, is able to improve endothelial dependent vasodilation in rat aorta via enhanced NO bioavailability […]].

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Rayons ultraviolets A + nitrate: effets physiologiques et ergogéniques

Muggeridge, D.J., Sculthorpe, N., Grace, F.M., Willis, G., Thornhill, L., Weller, R.B., James, P.E. and Easton, C. (2015) Acute whole body UVA irradiation combined with nitrate ingestion enhances time trial performance in trained cyclists. Nitric oxide. Sous presse.

(voir l'abstract ici)

L’irradiation de la peau aux rayons ultraviolets A [20 j/cm2] pendant 20 minutes correspond à une exposition solaire d’environ une demi-heure à midi, en Europe méridionale. Elle augmente la concentration plasmatique en nitrite NO2- et majore le flux sanguin mesuré à l’avant-bras [rubrique du 30 novembre 2014].

Une équipe britannique [Hamilton, Cardiff et Edimbourg, Royaume-Uni] poursuit l’enquête sur le sujet.

Neuf cyclistes de sexe masculin, entraînés (âge moyen: 36 ans; VO2max: en moyenne 53 ml kg-1 min-1) participent à une étude randomisée.

Deux heures et demie avant l’expérience, ils ingèrent:

- soit un gel riche en nitrate contenant 500 mg de NO3- (GO+Nitrates, Science in Sport) [NIT],

-soit un placebo pauvre en nitrate [PLA].

De même avant l’expérience, ils sont exposés sur une moitié du corps (ce qui équivaut à la surface corporelle exposée au soleil lorsque l’on porte un short et une chemise à manche courte):

- soit à des rayons ultraviolets A à la dose de 20 J/cm2 [UV-A],

- soit à une lumière fictive, le rayonnement lumineux étant bloqué par une couverture faite d’une feuille d’aluminium [SHAM] [During SHAM trials an aluminium foil space blanket covered the participants, blocking UV-A radiation from the skin while allowing surface and body temperature to rise].

De la sorte, quatre groupes de sujets sont constitués:

1) NIT + UV-A,

2) PLA + UV-A,

3) NIT + SHAM,

4) PLA + SHAM (groupe contrôle).

Chez les sujets des quatre groupes, les auteurs mesurent alors la concentration plasmatique en nitrite NO2-, les tensions artérielles systolique, diastolique et moyenne au repos, la consommation d’oxygène lors d’un exercice à l’état stable ainsi que le temps nécessaire sur cyclo-ergomètre pour effectuer à la vitesse maximale une distance équivalente à 16, 1 km.

En moyenne, les résultats obtenus sont les suivants:  

 

NIT + UV-A

PLA + UV-A

NIT + SHAM

PLA + SHAM

NOplasmatique            μg l-1

21

13

15.2

9.9

Tension artérielle systolique mm Hg                                      

115

116

116

122

Tension artérielle diastolique mm Hg                                         

69

70

70

71

Tension artérielle moyenne mm Hg                                   

84

85

85

88

Consommation en oxygène à l’état stable VO2             ml mn-1

2900

2924

2919

2972

Temps nécessaire pour 16.1 km  secondes                    

1447

1450

1455

1469

L’étude explore ainsi les effets physiologiques et ergogéniques d’une exposition de courte durée aux rayons ultraviolets A, cette exposition aux rayons ultraviolets A étant connue pour augmenter les taux circulants des métabolites de l’oxyde nitrique NO, qu’elle soit ou non associée à une ingestion de nitrate concomitante [The present study explored the physiological and ergogenic effects of short-term exposure to UV-A light as a novel method to increase circulating NO metabolites both with and without ingestion of nitrate].

La concentration plasmatique en nitrite NO2- en moyenne la plus élevée est observée dans le groupe NIT + UV-A: 21 μg l-1, à comparer aux 15.2 μg l-1du groupe NIT + SHAM et aux 9.9 μg l-1 du groupe contrôle [Plasma nitrite was higher for NIT + SHAM (geometric mean, 332 nM) and NIT + UV-A (456 nM) compared to PLA + SHAM (215 nM)].

L’exposition aux rayons ultraviolets A seule ne suffit pas à améliorer le temps nécessaire pour effectuer sur cyclo-ergomètre, à vitesse maximale, la distance de 16.1 km. Par contre, l’association de cette exposition aux rayons ultraviolets A à l’ingestion de 500 mg de nitrate réduit alors de façon significative les tensions artérielles systolique et moyenne au repos, la consommation d’oxygène lors d’un exercice à l’état stable ainsi que le temps nécessaire pour effectuer 16.1 km sur cyclo-ergomètre [The principal finding was that exposure to UV-A light alone was not sufficient to significantly improve cycling time trial performance although magnitude based inferences suggest a small positive effect. However, combining UV-A exposure with the ingestion of nitrate reduced systolic and mean arterial blood pressure at rest and VO2 during steady-state exercise and significantly improved 16.1 km time trial performance].

Les auteurs font remarquer que, dans leur étude, l’exposition aux rayons ultraviolets est de faible intensité. Elle n’a pas entraîné de brûlure cutanée. Toutefois, ils rappellent que des expositions régulières et répétées aux rayons ultraviolets A, ou l’utilisation de doses plus importantes, ne peuvent être recommandées, dans la mesure où elles sont susceptibles de favoriser l’apparition de cancers cutanés, notamment chez les sujets à peau claire [It is important to highlight that the dose of UV-A in the present study was small, did not cause burning […]. However, regular exposure to UV-A or larger doses would not be recommended at present, given the possible increased risk of skin cancer, particularly for individuals with pale skin].

Commentaire du blog

Cette étude amène à penser que, par beau temps, un coureur cycliste améliore ses performances s’il ingère 2 heures et demie avant l’épreuve une dose importante de nitrate (sous forme de jus de betterave par exemple) et si ensuite, pendant la course, il expose longuement au soleil ses avant-bras, ses bras et ses jambes.  

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NOx sérique et diabète de type 2

Adela, R., Nethi, S.K., Bagul, P.K., Barui, A.K., Mattapally, S., Kuncha, M., Patra, C.R., Reddy, P.N.C. and Banerjee, S.K. (2015) Hyperglycaemia enhances nitric oxide production in diabetes: a study from South Indian patients. PLoS One10(4): e0125270.doi:10.1371/journal

(voir le texte entier ici)

Les auteurs indiens [Indian Institute of Chemical Technology et Mediciti Hospital d’Hyderabad] mesurent les concentrations plasmatiques en NOx [nitrate NO3- + nitrite NO2-] chez des sujets de différents groupes:

- groupe I (n=48): groupe contrôle,

- groupe II (n=26): patients atteints de diabète de type 2,

- groupe III (n=46): patients atteints de diabète de type 2 et d’hypertension artérielle,

- groupe IV (n=29): patients atteints de coronaropathie,

- groupe V (n=38): patients atteints de diabète de type 2 et de coronaropathie.

En moyenne, les résultats sont les suivants:

 

Taux sérique moyen en NOx (μM)

Groupe contrôle

68.2

Patients atteints de diabète de type 2

111.8

Patients atteints de diabète de type 2 et d’hypertension artérielle

68.2

Patients atteints de coronaropathie

76.4

Patients atteints de diabète de type 2 et de coronaropathie

129.4

Par rapport au groupe témoin, l’élévation de la concentration moyenne plasmatique en NOx [nitrate NO3- + nitrite NO2-] est statistiquement significative dans les groupes II et V, c’est-à-dire chez les patients atteints de diabète de type 2 et chez les patients atteints à la fois de diabète de type 2 et de coronaropathie.

Par rapport au groupe témoin, l’élévation de la concentration moyenne plasmatique en NOx [nitrate NO3- + nitrite NO2-] n'est pas, par contre, constatée (et n’est donc pas statistiquement significative) dans le groupe III, celui des patients atteints à la fois de diabète de type 2 et d’hypertension artérielle.

Parmi tous les patients atteints de diabète de type 2 des groupes II, III et V, les auteurs distinguent ensuite ceux dont la maladie diabétique évolue depuis moins de 5 ans (n=69) et ceux dont la maladie diabétique évolue depuis plus de 5 ans (n=41). La concentration plasmatique moyenne en NOx [nitrate NO3- + nitrite NO2-] est plus élevée chez les premiers [115.3 μM] que chez les seconds [83.5 μM]. La différence est statistiquement significative.

Dans leur conclusion, les auteurs se demandent si l’élévation des taux sériques en glucose ne pourrait pas avoir pour effet, entre autres, d’augmenter la synthèse d’oxyde nitrique NO par les cellules endothéliales [In conclusion, high NO levels were observed in South Indian diabetic patients. Higher glucose levels in serum might be responsible for activation of endothelial cells to enhance NO levels].

Commentaire du blog

Les résultats des auteurs laissent perplexe:

- La différence observée entre les groupes II et V d’une part et le groupe III d’autre part ne trouve pas d’explication évidente.

- Apparemment, les mesures des teneurs plasmatiques en NOx n’ont pas été systématiquement effectuées à jeun.

- Les données de la littérature sur le sujet sont contradictoires. A partir de leurs travaux respectifs, Ayub et coll. concluent, à l’inverse, à une diminution des teneurs plasmatiques en nitrate NO3- chez les patients atteints de diabète de type 2 (rubrique du 9 janvier 2012) et Tessari et coll. (2013), chez le même type de patients, à une moindre production de NOx (rubrique du 16 septembre 2013).

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Métabolisme des nitrates après 7 jours d’apports importants

Bondonno, C.P., Liu, A.H., Croft, K.D., Ward, N.C., Puddey, I.B., Woodman, R.J. and Hodgson, J.M. (2015) Short-term effects of a high nitrate diet on nitrate metabolism in healthy individuals. Nutrients 7, 1906-1915

(voir le texte entier ici)

On sait qu’après une charge alimentaire unique en nitrate, les concentrations plasmatiques, salivaires et urinaires en nitrate NO3- et en nitrite NO2- augmentent toutes rapidement pour retrouver leur valeur de base en vingt-quatre heures. On ignore, par contre, combien de temps il faut à ces mêmes concentrations pour retrouver leur valeur de base après des apports importants en nitrate de plusieurs jours, par exemple d’une semaine.

Les auteurs australiens [Perth, Australie-Occidentale; Adelaïde, Australie-Méridionale] se penchent sur la question. Leur étude porte sur 19 sujets des deux sexes, en bonne santé, âgés de 50 à 70 ans. Elle comporte trois temps successifs:

- 1) pendant 7 jours, un régime pauvre en nitrate, restreignant la consommation de légumes et apportant moins de 100 mg NO3- j-1,

- 2) puis, les 7 jours suivants, un régime riche en nitrate, privilégiant la consommation d’épinards et de salade et apportant plus de 300 mg NO3- j-1,

- 3) enfin, à nouveau, pendant 14 jours, un régime pauvre en nitrate.

Des mesures des concentrations plasmatiques et salivaires en nitrate NO3- et en nitrite NO2- sont effectuées, à jeun,

- à la fin de la première période [dosages D0],

- à la fin de la deuxième période [dosages D7]

- au deuxième jour de la troisième période [dosages +2D],

- au septième jour de la troisième période [dosages +7D],

- au quatorzième jour de la troisième période (dosages +14D].

Des recueils urinaires ont également lieu aux fins des deuxième [dosage D7] et troisième [dosage +14D] périodes.

En moyenne, les résultats obtenus sont les suivants: 

 

NITRATE plasma

mg l-1

NITRATE salive

mg l-1

NITRATE urine

mg j-1

D0

1.5

15.3

 

D7

9.6

89.1

185.1

+2D

2.3

33.4

 

+7D

1.5

20.0

 

+14D

1.5

14.8

26.5

 

NITRITE plasma

mg l-1

NITRITE salive

mg l-1

NITRITE urine

mg j-1

D0

0.09

4.2

 

D7

0.38

24.5

39.8

+2D

0.13

8.8

 

+7D

0.09

4.6

 

+14D

0.09

4.1

4.7

On voit ainsi que les teneurs plasmatiques et salivaires en nitrate et en nitrite sont plus élevées à D7 qu’à D0. Elles sont 4 à 6 fois supérieures [Compared to D0, saliva and plasma nitrate and nitrite concentrations were significantly increased at D7. The high nitrate diet resulted in a 5- and 6-fold increase in salivary nitrate and nitrite respectively, a 6- and 4-fold increase in plasma nitrate and plasma nitrite respectively].

Deux jours plus tard, à +2D, au deuxième jour de la troisième période, deux jours donc après la fin du régime riche en nitrate, la concentration salivaire en nitrate a diminué, mais reste significativement plus élevée qu’à D0. Par contre, les concentrations plasmatiques en nitrate et en nitrite, ainsi que la concentration salivaire en nitrite, sont revenues, ou presque revenues, quant à elles, à leur taux de base [At +2D, saliva nitrate has decreased but was still significantly elevated compared to D0. However, salivary nitrite, plasma nitrate and plasma nitrite were no longer higher than at D0].

A +7D, au septième jour de la troisième période, sept jours après la fin du régime riche en nitrate, les concentrations plasmatiques et salivaires en nitrate et en nitrite sont toutes revenues à leur taux de base.

Les auteurs en concluent que les effets bénéfiques cardiovasculaires à l’égard de la tension artérielle et de la rigidité artérielle consécutifs aux apports alimentaires chroniques en nitrate ne sont dus, en réalité, qu’à la répétition d’effets aigus, les nitrates ingérés étant rapidement transformés en oxyde nitrique NO. Pour bénéficier ainsi des effets bénéfiques des régimes riches en nitrate, il est impératif de faire preuve de régularité et d’ingérer régulièrement, quotidiennement, des légumes verts, dont on connaît la richesse en nitrate [Our data support the idea that the benefits of chronic high nitrate intake on blood pressure and arterial stiffness observed in clinical trials may largely be due to continual acute effects on molecules with the potential to be converted to NO. Regular (daily) ingestion of nitrate-rich food may be required to maintain the cardioprotective benefits observed with high dietary nitrate intake]. 

De façon assez logique, l’excrétion urinaire en nitrate et en nitrite est plus élevée, 7 fois plus, à D7 qu’à +14D. Par contre, c’est avec étonnement qu’à D7, à la fin de la période de 7 jours de régime riche en nitrate, les auteurs australiens enregistrent une excrétion urinaire en nitrite d’en moyenne 39.8 mg NO2- j-1, valeur relativement supérieure à celle des travaux antérieurs [The increased in urinary nitrite levels at day 7 compared to 14 days post the end of the high nitrate diet […] is higher than previously observed].

Commentaire du blog

A la lecture de ce travail, une question se pose. A supposer que les apports alimentaires importants et réguliers en nitrate élèvent en effet les concentrations urinaires en nitrite, ne devrait-on pas, dans ces conditions, craindre l’apparition de faux positifs du test urinaire aux nitrites en l’absence de toute infection bactérienne des voies urinaires? De tels faits clinico-biologiques n’ont, semble-t-il, jamais été rapportés. Ils sont à vérifier. 

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