Nitrates alimentaires – Un atelier de travail (1)

Ahluwalia, A., Gladwin, M., Coleman, G.D., Hord, N., Howard, G., Kim-Shapiro, D.B., Lajous, M., Larsen, F.J., Lefer, D.J., McClure, L.A., Nolan, B.T., Pluta, R., Schechter, A., Wang, C.-Y., Ward, M. and Harman, J.L. (2016) Dietary nitrate and the epidemiology of cardiovascular disease: report from a National Heart, Lung, and Blood Institute workshop. Journal of the American Heart Association DOI: 10.1161/JAHA.116.003402

(voir l'article entier ici)

Sous l’égide de l’un des Instituts des “National Institutes of Health” [NIH], en l’occurrence le «National Heart, Lung, and Blood Institute” [NHLBI], une journée de travail a été organisée le 16 septembre 2014. Elle était consacrée aux effets bénéfiques cardiovasculaires des nitrates alimentaires. Plusieurs scientifiques, américains, britanniques et aussi mexicain, étaient invités. L’un d’eux, entre autres, est venu parler du grief carcinologique [Because of the history of research on the possible carcinogenicity of nitrite, an expert in this field was also invited].

L’article, dont le plan est le suivant, est un résumé des diverses contributions:

- 1) Du nitrate alimentaire à l’oxyde nitrique NO

- 2) Absorption des nitrates et leur cycle entéro-salivaire

- 3) Production d’oxyde nitrique à partir des nitrites circulants

- 4) Effets physiologiques des nitrates et nitrites d’origine exogène

- 5) Nitrates alimentaires et effets bénéfiques cardiovasculaires

- 6) Nitrite et méthémoglobinémie du nourrisson

- 7) Nitrates d’origine exogène provenant de l’eau de boisson

- 8) Apports élevés et prolongés en nitrate ou en nitrite et possible effet cancérigène

- 9) Résumé et recommandations

▪ Le premier chapitre indique que, provenant principalement des légumes, les nitrates alimentaires sont, pour notre organisme, une importante source d’oxyde nitrique NO. Contrairement à la synthèse d’oxyde nitrique NO par la voie des NO synthases, la synthèse d’oxyde nitrique NO à partir des nitrates alimentaires peut avoir lieu jusqu’à son terme en condition d’hypoxie relative, lorsque l’effet vasodilatateur de l’oxyde nitrique est précisément souhaitable [Although oxidation of nitric oxide to nitrate and nitrite acutely terminates nitric oxide bioactivity, it is now recognized that there is a pathway that recycles these anions back into nitric oxide within the body, providing another important source. Because this pathway uses nitrate to produce nitrite and then nitric oxide, we now know that dietary nitrate, obtained mostly through dietary vegetable content, is an important source of the body’s supply of nitric oxide. And very importantly, this pathway for producing nitric oxide from the reduction of nitrite does not require oxygen and is critical under conditions of relative hypoxia, when the vasodilatory effect of nitric oxide is most needed].

▪ Dans le deuxième chapitre, il est rappelé que les animaux supérieurs n’ont pas, par eux-mêmes, la capacité de réduire les nitrates NO3- en nitrites NO2-. Par contre, les bactéries de leur flore buccale ont le matériel enzymatique donnant lieu à une telle réduction. Nous sommes ici en présence d’un fascinant exemple de commensalisme vertébrés-bactéries [Higher-order animals are not capable of reducing nitrate to nitrite, so this crucial chemical reduction step by the oral microbiome is a marvelous example of vertebrate-bacteria commensalism].

▪ Le cinquième chapitre contient une réflexion sur les apports en nitrite NO2-. 80 à 85 % des nitrates NO3- ingérés proviennent des légumes, la majeure partie des nitrites NO2- ingérés de la salaison des viandes. Mais, en raison du cycle entérosalivaire des nitrates, et sous l’effet des nitrate-réductases bactériennes de la réduction des nitrates salivaires en nitrites salivaires, il apparaît que 80 % des nitrites entrant dans l’estomac proviennent en réalité de la salive et seulement 20 % des nitrites du bol alimentaire [Although 80% to 85% of nitrate is derived from vegetables, nitrite is obtained mostly through cured meat in the diet […]. In a 1975 study, notwithstanding the higher levels of nitrite in processed meat of that era, White calculated that 80% of nitrite that entered the stomach was derived from saliva, rather than directly from the diet].

▪ Dans le chapitre 6, on lit une réflexion, sujette à discussion comme le montrera le commentaire du blog [Cf. rubrique suivante]. Selon le rédacteur du chapitre, chez le jeune nourrisson le pH élevé de l’estomac permet sa colonisation par des bactéries nitratoréductrices, normalement trouvées plus bas dans l’intestin; d’où une augmentation du risque de formation excessive de nitrite NO2- dans l’estomac en cas de forte ingestion de nitrate NO3-, qu’une telle ingestion dérive d’une de soupe de légumes ou d’un mélange de lait en poudre et d’eau dans un biberon [The higher pH of a young infant’s stomach allows its colonization by nitrate-reducing bacteria usually found in the lower gastrointestinal tract, thereby increasing the likehood of excessive nitrite absorption when high-nitrate vegetable purees are fed or when high-nitrate water is used to prepare infant feeding formula].

▪ Enfin, le rédacteur du chapitre 8 reprend à son compte l’avis formulé en 2010 par le Centre International de Recherche sur le Cancer [CIRC, Lyon, France]. Aux yeux du rédacteur de ce chapitre, chapitre lui aussi discutable [Cf. rubrique suivante], les futures recherches sur l’éventuelle carcinogénicité des nitrates et nitrites devraient porter sur les sous-populations chez lesquelles le risque de nitrosation endogène des amines est accru, c’est-à-dire les fumeurs ou bien les personnes qui, sous forme de supplémentations alimentaires, ingèrent des doses importantes de nitrates ou de nitrites, ou bien encore celles qui, à l’inverse, ingèrent de faibles quantités de constituants nutritifs tels les polyphénols, connus pour diminuer la nitrosation [The current workshop members, in turn, expressed the opinion that future research on nitrate and nitrite carcinogenicity should focus on subpopulations with increased risk of endogenous N-nitrosation of amines, such as smokers or persons consuming high doses of nitrate or nitrite as supplements or low amounts of food matrix constituents, such as polyphenols and essential nutrients, that may decrease endogenous nitrosation reactions in the stomach].

(A suivre)

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