Crucifères, nitrates et cancer

Bosetti, C., Filomeno, M., Riso, P., Polesel, J., Levi, F., Talamini, R., Montella, M., Negri, E., Franceschi, S. and La Vecchia, C. (2012) Cruciferous vegetables and cancer risk in a network of case-control studies. Annals of Oncology 23, 2198-2203

(voir l'abstract ici)

Connues également sous l’appellation de brassicacées (du latin brassica: chou), les plantes crucifères ont pour particularité d’avoir des fleurs à quatre sépales et quatre pétales disposés en forme de croix; d’où leur nom.

La famille des crucifères compte plus de quatre mille espèces. En font partie le brocoli, le chou vert, rouge et frisé, le chou-fleur, le chou chinois, le chou de Bruxelles, le chou-rave, le rutabaga, le navet, le radis, le cresson, la roquette, le raifort.

Une équipe de scientifiques présente une étude menée entre 1991 et 2009 dans différentes régions italiennes (Italie septentrionale, centrale et méridionale), ainsi que dans le canton de Vaud, en Suisse. Elle porte sur 1468 cancers de l’oropharynx, 505 cancers œsophagiens, 230 cancers gastriques, 2390 cancers colorectaux, 185 cancers hépatiques, 326 cancers pancréatiques, 852 cancers du larynx, 3034 cancers du sein, 367 cancers de l’endomètre, 1031 cancers ovariens, 1294 cancers prostatiques et 767 cancers rénaux. Les sujets atteints de cancer sont comparés à 11492 sujets contrôles.

Chacun des sujets est soumis à un questionnaire à propos des habitudes alimentaires qui étaient les siennes deux ans avant le diagnostic du cancer quand il s’agit d’un sujet cancéreux, deux ans avant l’admission à l’hôpital quand il s’agit d’un sujet contrôle. Le questionnaire s’enquiert, entre autres, de la consommation en légumes crucifères, tels le chou, le chou-fleur, le brocoli, le chou de Bruxelles et le navet.

Les auteurs classent les sujets en deux catégories: ceux qui ingèrent plus, et ceux qui ingèrent moins de 125 grammes de légumes crucifères par semaine. Puis, ils cherchent à déterminer si les sujets qui ingèrent plus de 125 grammes de légumes crucifères par semaine sont relativement plus nombreux dans la population épargnée par le cancer.

Dans l’étude cas-contrôle italo-suisse, la consommation de plus de 125 grammes par semaine de légumes crucifères apparaît significativement associée à une diminution des risques d’apparition de plusieurs cancers. Elle est notamment associée à une diminution des risques d’apparition des cancers de l’oropharynx, de l’œsophage, du colon, du rectum, du sein et du rein. On observe aussi, avec cette consommation, une diminution des risques des cancers de l’estomac, du foie, du pancréas, du larynx, de l’endomètre, de l’ovaire et de la prostate, mais sans que ne soit alors véritablement atteinte la significativité statistique [The multivarious odds ratio (OR) for consumption of cruciferous vegetables at least once a week as compared with no/occasional consumption was significantly reduced for cancer of the oral cavity/pharynx (OR = 0.83), esophagus (0R = 0.72), colorectum (OR = 0.83), breast (OR = 0.83), and kidney (OR = 0.68). The OR was below unity, but not significant, for stomach (OR = 0.90), liver (OR = 0.72), pancreatic (OR = 0.90), laryngeal (OR = 0.84), endometrial (OR = 0.93), ovarian (OR = 0.91), and prostate (OR = 0.87) cancer].

Pour les auteurs, l’effet bénéfique de la consommation de légumes crucifères sur la pathologie cancéreuse pourrait être dû à leurs teneurs élevées en antioxydants et en vitamines, notamment en caroténoïdes, en polyphénols, en vitamine C, en acide folique. Ils signalent aussi leur richesse en glucosinolates, dont les métabolites, c’est-à-dire les indoles et isothiocyanates, seraient eux-mêmes pourvus de propriétés anticarcinogènes [The beneficial effect of cruciferous vegetables on various common cancers may be due to their high content of several antioxidants and vitamins, including carotenoids, polyphenols, vitamin C, and folate. Moreover, they contain high levels of glucosinolates, whose major breakdown products (indoles and isothiocyanates) have been shown – in in vitro and animal studies – to have high anticarcinogenic properties].  

Commentaire du blog

Dans notre pays, selon une étude: la «Diagonale des Nitrates» (1991), les teneurs moyennes en nitrate NO3- du chou, du radis et du navet, trois plantes crucifères, sont, respectivement, de 380, 1510 et 2870 mg NO3- kg-1. Leurs teneurs maximales peuvent aller, respectivement, jusqu’à 645, 2600 et 3700 mg NO3- kg-1.

En Espagne, une étude récente fait état, dans la roquette, autre plante crucifère, d’une teneur moyenne particulièrement élevée en nitrate: 4474 mg NO3- kg-1 (rubrique du 30 avril 2010).

Il est regrettable que, dans leur article, les auteurs aient oublié d’évoquer le rôle possible des nitrates, omettant ainsi de discuter de leur éventuelle action anticarcinogénique.

This entry was posted in Effet anticancéreux and tagged , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , . Bookmark the permalink.

Comments are closed.