Espejo-Herrera, N., Gracia-Lavedan, E., Boldo, E., Aragones, N., Pérez-Gomez, B., Pollan, M., Molina, A.J., Fernandez, T., Martin, V., La Vecchia, C., Bosetti, C., Tavani, A., Polesel, J., Serraino, D., Gomez Acebo, I., Altzibar, J.M., Ardanaz, E., Burgui, R., Pisa, F., Fernandez-Tardon, G., Tardon, A., Peiro, R., Navarro, C., Castano-Vinyals, G., Moreno, V., Righi, E., Aggazzotti, G., Basagana, X., Nieuwenhuijsen, M., Kogevinas, M. and Villanueva, C.M. (2016) Colorectal cancer risk and nitrate exposure through drinking water and diet. International Journal of Cancer 139, 334-346
(voir l'abstract et le texte entier ici)
Dans cet article paru en 2016, les auteurs, espagnols et italiens, présentent une étude cas-contrôles effectuée entre les années 2008 et 2013. Leur but est d’évaluer le risque de cancer rectocolique, rectal et colique, éventuellement être lié aux apports alimentaires en nitrate NO3- provenant de l’eau de boisson et de la nourriture solide.
Ils comparent 1869 patients atteints de cancer rectocolique à 3550 sujets témoins.
Chez les sujets participant à l’étude, les apports quotidiens en nitrate NO3- provenant de l’eau de boisson sont compris entre 3.4 et 19.7 mg, tandis que les apports quotidiens en nitrate NO3- provenant des légumes est, en moyenne, de 102 mg (de 31.5 à 172.5 mg).
Les auteurs constatent que la fréquence du cancer colorectal est plus marquée chez les sujets tributaires d’une eau de boisson apportant quotidiennement plus de 10 mg de nitrate NO3- que chez ceux dont l’eau de boisson en apporte quotidiennement moins de 5 [Odd ratio: 1.49] [Odd ratio (95% CIs) of colorectal cancer was 1.4 (1.24, 1.78) for > 10 versus < 5 mg/day, overall]. L’association entre les nitrates de l’eau de boisson et le risque de cancer colorectal s’observe ainsi, font-ils remarquer, pour des teneurs en nitrate inférieures à la concentration maximale admissible [CMA] édictée par les autorités administratives européennes et fixée à 50 mg NO3- l-1 [Results of this large cas-control study suggest a positive association between colorectal cancer and long-term exposure ot nitrate in drinking water, at levels below 50 mg/l of NO3-, particularly in subgroups of the population such as men and subjects with high red meat intake. The association slightly differed for colon and rectal cancer].
Par contre, un tableau [Table 4] (sur lequel les auteurs insistent moins) montre que, dans la même étude, la fréquence du cancer colorectal est moins marquée chez les sujets dont la consommation de légumes apporte quotidiennement plus de 118 mg de nitrate NO3- que chez ceux dont la consommation de légumes en apporte quotidiennement moins de 68, l’odd ratio étant alors de 0.83
Commentaire du blog
On sait que les apports alimentaires en nitrate NO3- proviennent habituellement pour 80% des légumes.
Qu’ils soient fournis par l’eau de boisson, les légumes ou les viandes, les nitrates alimentaires NO3- suivent tous ensuite le même cycle entéro-salivaire, qui les fait passer successivement dans la cavité buccale, l’œsophage, l’estomac, le duodénum, la circulation sanguine, la salive et à nouveau la cavité buccale, où, stagnant, ils sont alors partiellement transformés en nitrites NO2- (faibles précurseurs de nitrosamines). Ainsi, il ne paraît guère possible que les ions nitrate NO3- provenant de l’eau de boisson et les ions nitrate NO3- provenant des légumes aient des effets opposés à l’égard du risque d’apparition du cancer colorectal.