Nitrates alimentaires: nouvelle façon de les considérer

McNally, B., Griffin, J.L. and Roberts, L.D. (2016) Dietary inorganic nitrate: from villain to hero in metabolic disease? (2015) Molecular Nutrition and Food Research 60, 67-78

(voir l'abstract ici)

Les auteurs britanniques [Cambridge, Royaume-Uni] nous proposent ici une vue d’ensemble consacrée aux nitrates alimentaires, à leurs effets bénéfiques, aux éventuels griefs énoncés à leur encontre. Ils adoptent le plan suivant:

Introduction

1) Voie métabolique Nitrate-Nitrite –Oxyde nitrique

2) Nitrate alimentaire et syndrome métabolique

3) Nitrate et métabolisme du tissu adipeux

4) Nitrate et hypertension

5) Nitrate alimentaire et cœur

6) Nitrate alimentaire, inflammation et NO synthase inductible

Perspectives

▪ Il y peu, les nitrates NO3- alimentaires étaient encore considérés comme potentiellement dangereux pour la santé humaine [Until recently dietary inorganic nitrate was thought to be hazardous to human health]. En 2006, puis en 2010, le Centre International de Recherche sur le Cancer [CIRC, Lyon, France] écrivait que, dans la mesure où ils favorisent l’apparition de composés N-nitrosés délétères, les nitrates alimentaires pourraient, au long cours, s’avérer cancérigènes [The final report, not published until 2010, highlighted how ingested nitrate and nitrite could trigger carcinogenesis through the formation of deleterious species such as N-nitroso compounds in the presence of nitrosatable compounds].

En réalité, une synthèse récente rédigée outre-Atlantique [Bryan et coll., 2012; rubrique du 19 novembre 2012] fait remarquer:

- que de nombreuses études ne montrant pas de lien entre les apports en nitrate NO3- et l’apparition de cancers gastriques avaient été omises par le CIRC,

- et que la méthodologie de celles qu’il avait retenu était souvent défectueuse, les doses de nitrate employées pouvant être bien supérieures aux apports habituels «physiologiques».

Les auteurs américains se montraient ainsi véritablement critiques à l’égard de l’avis du Centre International de Recherche sur le Cancer [However, a recent review has been highly critical of these studies, highlighting numerous investigations which do not find an association between nitrate intake and gastric cancers, as well as confounding issues in the methodology of previous studies which utilised doses of nitrate far in excess of physiological sources].

▪ Pour sa part, édictant une Dose Journalière Admissible [DJA] pour les nitrates, l’Organisation Mondiale de la Santé [OMS] l’a fixée à 3.7 mg NO3- kg-1 de poids corporel. Or:

1) un régime riche en fruits et légumes dépasse largement la limite édictée, par exemple de 550 %. Un seul plat d’épinard excède le seuil de 3.7 mg NO3- kg-1 de poids corporel,

2) et, comme le montrent de nombreuses études épidémiologiques, loin d’être néfastes, les légumes verts offrent une réelle protection à l’égard de l’obésité et des maladies cardiométaboliques.

En conséquence, l’ancienne conception que l’on pouvait avoir des nitrates alimentaires mérite d’être revue.

[This figure (3.7 mg/kg) is vastly exceeded (approximatively 550%) by a diet relatively rich in fruit and vegetable high in nitrate. Even one portion of spinach can exceed the ADI for nitrate. Considering that green leafy vegetables have been consistently shown to offer protection against obesity and cardiometabolic disease in numerous epidemiological studies, the view of nitrate and nitrite must be reassessed].

▪ Dans le chapitre «Perspectives», qui clôt l’article, les auteurs britanniques expliquent la raison de leur titre: «From villain to hero?».

Alors que, dans le passé, l’ion nitrate NO3- d’origine alimentaire a pu être considéré d’abord comme un ion inactif, puis comme un ion toxique, aux potentialités cancérigènes, il est maintenant identifié comme un ion modulateur de nombreuses composantes du syndrome métabolique et comme un possible agent thérapeutique vis-à-vis de l’obésité, du diabète et de l’hypertension artérielle [Having initially been considered an inactive, then toxic and carcinogenic molecule, dietary inorganic nitrate is gradually been identified as a modulator of numerous aspects of the metabolic syndrome, with therapeutic potential against obesity, diabetes and hypertension].

L’ion nitrate NO3- est l’objet d’un vrai changement de paradigme [a paradigm shift]. Pour les scientifiques, le temps paraît venu de revoir la façon de voir les nitrates alimentaires, de reconsidérer les normes trop strictes édictées à leur égard, et de commencer à s’intéresser tout spécialement aux aliments riches en nitrate, notamment aux légumes verts [Dietary adjustement, with a focus on food groups high in nitrate, such as green leafy vegetables, provides an important starting point, but perhaps it is also time to reassess the attitudes to, and strict control on, nitrate in our diets].

Commentaire du blog

La rubrique du 19 novembre 2012 décrit de façon plus détaillée les raisons qui ont amené N. Bryan et coll. (2012) à porter un regard éminemment critique sur les avis formulés par le Centre International de Recherche sur le Cancer [CIRC] en 2006 et 2010.

This entry was posted in Appréciation d'ensemble nitrate santé and tagged , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , . Bookmark the permalink.

Comments are closed.