Nitrite et animaux d’élevage

Cockburn, A., Brambilla, G., Fernandez, M.-L., Arcella, D., Bordajandi, L.R., Cottrill, B., van Peteghem and Dorne, J.-L. (2011). Nitrite in feed: From animal health to human health. Toxicology and Applied Pharmacology. Sous presse.

(voir l'abstract ici)

Les auteurs se proposent de présenter l’état actuel des connaissances sur la toxicologie de l’ion nitrite NO2- chez les animaux d’élevage.

Dans la littérature, les données scientifiques qui, sur ce sujet, se rapportent aux animaux de gros et petit bétail sont, en réalité, limitées [The literature and the corresponding database regarding the toxicity of nitrite and nitrate present in feed is limited for livestock species]. Le principal risque théorique encouru par l’animal à l’occasion de l’ingestion de doses importantes de nitrites est celui de l’apparition d’une méthémoglobinémie.

On retiendra surtout dans cet article le chapitre consacré au métabolisme comparé des nitrates et des nitrites chez le porc, le bovin et l’homme.

Chez le porc, les activités de la nitrite réductase, dans la salive, et de la méthémogobine réductase, dans le globule rouge, seraient, l’une et l’autre, réduites. Les deux particularités se contrebalanceraient. De ce fait, le porc n’aurait pas de sensibilité particulière au risque méthémoglobinémique [Such low MetHb reductase in pigs together with relatively low nitrite reductase levels in the saliva provide a metabolic rationale for their physiological sensitivity to nitrite toxicity].

Chez le bovin adulte, rumen et caecum constituent une atmosphère favorable à l’activité de la nitrate réductase. Mais, par la suite, la transformation en ammoniac NH3 est largement prédominante. Les ions nitrite NO2- ne seraient absorbés qu’en quantité réduite vers le courant circulatoire. Le risque méthémoglobinémique n’apparaîtrait dès lors qu’en cas de surcharge alimentaire inhabituelle en ion nitrite.

Au cours des premières semaines, le rumen du veau n’est ni développé, ni fonctionnel. Dans la mesure où, à cet âge, le veau n’aurait qu’une méthémoglobine réductase de faible activité, sa susceptibilité aux nitrites s’en trouverait accrue [In contrast with adult cows, calves do not possess a rumen (monogastrics) and their susceptibility to nitrite is due to low metHb reductase activity as observed in pigs].

Dans la pratique, les observations de méthémoglobinémie chez les porcins comme chez les bovins semblent assez rares. Pour les auteurs, la rareté de l’affection serait, en fait, à mettre sur le compte de la vigilance des éleveurs [Despite the potential risk of nitrite poisoning, adverse effects in livestock are relatively uncommon due to farmer awareness of the predisposing factors leading to resultant precautionary husbandry practices].

Aucune observation de méthémoglobinémie nitrito-induite n’a, semble-t-il, été rapportée chez les chevaux [No toxicity data relating to nitrite exposure were available for horses].

Commentaire du blog

Le secteur scientifique abordé par ce travail est tout à fait intéressant. Il apparaît encore insuffisamment exploré.

Fragmentaires, les données disponibles sont, en outre, d’une fiabilité parfois imparfaite [Not all of studies were conducted according to modern day standards]. Les connaissances actuelles méritent d’être accueillies avec quelque circonspection.

La notion selon laquelle, chez le porc, les faibles activités de la nitrite réductase, dans la salive, et de la méthémoglobine réductase, dans le globule rouge, se compenseraient ne paraît pas, en réalité, devoir s’appliquer au phénomène de la méthémoglobinémie aiguë, qui fait suite à l’ingestion d’une forte dose de nitrite. Dans un tel cadre pathologique, après avoir été ingérés puis absorbés, les ions nitrite NO2- passent directement dans le courant circulatoire, sans que la salive n’ait réellement à intervenir.

Il serait intéressant d’en savoir davantage sur le métabolisme des nitrates et des nitrites chez tous ces animaux. Qu’en est-il, par exemple, chez les bovins, les ovins, les porcins, les chevaux, de la transformation des nitrates en nitrites dans la salive, ainsi que de la circulation entérosalivaire des nitrates, présente chez l’homme et le lapin [rubrique du 18 décembre 2009]? Comme l’homme et le rat, ces animaux d’élevage ont-ils, au tiers postérieur de la langue, des sillons interpapillaires, munis d’équivalents de glandes de Von Ebner? Pour chacune de ces espèces, dans quelle partie exacte du tube digestif s’effectue l’absorption des ions nitrate et des ions nitrite? La faible activité de la méthémoglobine réductase constatée au début de la vie, chez le nourrisson humain et le veau s’observe-t-elle, aussi, dans d’autres espèces? Ne pourrait-on imaginer qu’elle s’observe chez toute espèce de mammifères?

This entry was posted in Métabolisme des nitrates, Méthémoglobinémie, Physiologie et pathologie animales and tagged , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , . Bookmark the permalink.

Comments are closed.