Nitrate, nitrite, cancer de l’estomac. Méta-analyse

Zhang, F.X., Miao, Y., Ruan, J.G., Meng; S.P., Dong, J.D., Yin, H., Huang, Y., Chen, F.R., Wang, Z.C. and Lai, Y.F. (2019) Association between nitrite and nitrate intake and risk of gastric cancer. A systematic review and meta-analysis. Medical Science Monitor 25, 1788-1799

(voir l'abstract et le texte entier ici)

A partir de trois bases de données: [PubMed (NCBI), EMBASE (Elsevier), Bibliothèque Cochrane], les auteurs chinois [Service de gastro-entérologie; hôpital général de Yinchuan, région autonome de Ningxia] procèdent à une méta-analyse, le but étant de vérifier s’il existe ou non un lien entre les apports alimentaires en nitrate NO3- ou en nitrite NO2- et le cancer de l’estomac.

Ils recueillent 18 études cas-contrôles et 6 études prospectives de cohorte, réunissant un total de 800321 participants. Dans chaque étude, en fonction de l’importance des apports, ils séparent les sujets en trois groupes: 1) apports les plus élevés 2) apports modérés 3) apports les plus faibles.

Ils constatent,

• pour les nitrates,

- que les sujets ayant les apports en nitrate NO3- les plus élevés ont un risque réduit de développer un cancer de l’estomac [Odds ratio: 0.81; P = 0.021];

- les sujets dont les apports en nitrate NO3- sont modérés ont également un risque réduit de développer un cancer de l’estomac [Odds ratio: 0.86; P = 0.036], la réduction du risque étant cependant un peu moindre.

[We noted that high (OR, 0.81; 95%CI, 0.68-0.97; P = 0.021) or moderate (OR, 0.86; 95%CI, 0.75-0.99, P = 0.036) nitrate intakes were associated with a reduced risk of gastric cancer].

• pour les nitrites,

- que les sujets qui ont les apports en nitrite NO2- les plus élevés ont un risque accru de développer un cancer de l’estomac [Odds ratio: 1.27; P = 0.022];

- les sujets dont les apports en nitrite NO2- sont modérés ont également un risque accru de développer un cancer de l’estomac [Odds ratio: 1.12; P = 0.037], l’accroissement du risque étant un peu moindre.

[The highest (OR, 1.27; 95%CI, 1.03-1.55; P = 0.022) or moderate (OR, 1.12; 95%CI, 1.01-1.26; P = 0.037) nitrite intake were associated with a higher risk of gastric cancer].

Les auteurs chinois admettent qu’à l’égard de leur méta-analyse certaines réserves peuvent être formulées [We were aware of several limitations of this meta-analysis]. Par exemple, les quantités de nitrate NO3- ou de nitrite NO2- ingérées par les sujets des différents groupes (apports les plus élevés – apports modérés – apports les plus faibles) ne sont pas réellement précisées. Elles diffèrent d’une étude à l’autre [The cutoff values of nitrite and nitrate intakes differed among the included studies, which could have affected the comparability between exposure and control]

Commentaire du blog

On sait qu’en 2006, affirmant qu’il ne pouvait se prononcer sur la carcinogénicité des nitrates NO3- indépendamment de facteurs nutritionnels associés, le groupe de travail du Centre International de Recherche sur le Cancer [CIRC] a fait savoir que son avis porterait sur les «nitrates […] ingérés, quand l’ingestion se fait dans des conditions permettant une nitrosation endogène». A son avis, ainsi, l’ingestion de nitrate NO3- peut  être classée comme «probablement carcinogène chez l’homme (groupe 2A)». [As the cancer hazard from nitrate […] ingestion could not be determined without considering these other factors, the Working Group defined the agent not as “ingested nitrate […]”, but as “ingested nitrate […] under conditions that result in endogenous nitrosation”, which was categorized as probably carcinogenic to humans (Group 2A)].

Cette position du Centre International sur le Cancer [CIRC], reposant sur des bases discutables, a été très critiquée, notamment par N. Bryan et coll., 2012. Un rapport du World Cancer Research Fund [WCRF, Londres, Royaume-Uni] a, d’ailleurs, montré en 2015 que la consommation de légumes (brocoli, chou, chou-fleur, épinards, carotte, laitue, tomate, poireau) pourvoyeurs de nitrate NO3-, a pour effet, non d’augmenter, mais de diminuer le risque des cancers, non seulement de l’estomac, mais également de la cavité buccale, du pharynx et de l’œsophage [rubrique du 25 octobre 2016].

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