Veillonella et conversion nitrates-nitrites salivaires

Mitsui, T., Saito, M. and Harasawa, R. (2018) Salivary nitrate-nitrite conversion capacity after nitrate ingestion and incidence of Veillonella spp. in elderly individuals. Journal of Oral Science 60, 405-410

(voir l'abstract ici)

Après une charge alimentaire en nitrate NO3-, du fait du cycle entérosalivaire des nitrates, les teneurs salivaires en nitrate NO3- et en nitrite NO2- augmentent nettement. Selon une étude parue en 2008, les concentrations salivaires en nitrate s’échelonnent alors entre 43 et 930 mg NO3- l-1, les concentrations salivaires en nitrite entre 14 et 92 mg NO2- l-1.

Des études précédentes ont aussi montré qu’après une charge alimentaire en nitrate, la conversion des nitrates salivaires en nitrites salivaires peut être des plus variables d’un sujet à l’autre, pour des raisons restant à éclaircir [Previous studies examining the effect of dietary nitrate have alos revealed great variation in salivary nitrate/nitrite conversion after nitrate loading, which is the result of inter-individual differences in nitrate metabolism […]. Despite its physiological importance […], the inter- and intra-individual variation in salivary nitrate/nitrite conversion after nitrate loading has received little attention to date].

De nombreuses bactéries anaérobies, strictes ou facultatives, possèdent des nitrate- ainsi que des nitrite-réductases. Bactéries anaérobies strictes possédant des nitrate-réductases, les Veillonelles constituent le groupe bactérien réducteur de nitrate le plus fréquemment observé dans la cavité buccale. Leur contribution dans la réduction des nitrates salivaires en nitrites salivaires est considérée comme majeure.

Chez l’homme, on a jusqu’à présent individualisé 6 espèces de Veillonella. Trois d’entre elles sont souvent présentes dans la cavité buccale, Veillonella dispar, Veillonella rogosae et Veillonella atypica.

Les auteurs japonais [Iwate University, Morioka] présentent une étude portant sur 24 sujets (12 hommes et 12 femmes) âgés en moyenne de 70 ans.

A jeun le matin, les sujets fournissent leur salive pour une analyse bactériologique en PCR (amplification en chaîne par polymérase). Ils ingèrent ensuite 100 ml d’un jus de betterave riche en nitrate (James White Drinks Ltd, Ashbocking, UK), apportant 372 mg de nitrate NO3-. Durant les 90 minutes suivantes, la tension artérielle est vérifiée toutes les 15 minutes, des prélèvements salivaires effectués toutes les 30 minutes.

La procédure est répétée huit jours plus tard.

Veillonella dispar, Veillonella rogosae et Veillonella atypica sont respectivement détectés chez 24, 14 et 10 participants, soit, respectivement, chez 100, 58.3 et 41.7% d’entre eux.

Concernant les augmentations des concentrations salivaires en nitrate NO3- et en nitrite NO2-, les coefficients de corrélation entre la première et la deuxième expérience sont respectivement de 0.637 et 0.583. La corrélation est jugée statistiquement significative [The coefficients of correlation between the first and the second experiments on increased nitrate/nitrite were 0.637 and 0.583, respectively, both of which were statistically significant (P<0.01)].

Au cours des deux expériences de charge orale nitratée:

- 6 sujets produisent relativement peu de nitrite salivaire, l’augmentation de la concentration salivaire en nitrite étant inférieure à 23 mg NO2- l-1,

- 7 sujets sont, au contraire, de forts producteurs en nitrite salivaire, l’augmentation de la concentration salivaire en nitrite étant supérieure à 46 mg NO2- l-1.

[In both experiments, 6 participants produced relatively low levels of nitrite (<0.5 mM Δ nitrite) while 7 produced relatively high levels (>1.0 mM Δ nitrite)].

Entre les sujets âgés hypertendus et non hypertendus, les auteurs n’observent pas de différence significative concernant cette réduction des nitrates NO3- salivaires en nitrites NO2- salivaires [There were no significant differences in salivary Δ nitrate/nitrite after nitrate loading between the normotensive and hypertensive participants].

A la fin de leur publication, les auteurs japonais font remarquer que l’intérêt de la communauté médicale pour le rôle des bactéries dans la voie métabolique Nitrate-Nitrite-Oxyde nitrique est encore récent [[…] The medical community’s interest in this pathway (the nitrate-nitrite-NO pathway) has been increasing recently]. En conséquence des connaissances plus approfondies sur les bactéries réductrices de nitrates présentes dans la cavité buccale sont souhaitables [More information on oral nitrate-reducing bacteria is required].

This entry was posted in Métabolisme des nitrates, Métabolisme des nitrites and tagged , , , , , , , , , , , , , , , , , . Bookmark the permalink.

Comments are closed.