Nitrates et bactéries intestinales

Tiso, M. and Schechter, A.N. (2013) Enteric bacterial nitrate/nitrite/nitric oxide/ammonia metabolism. Nitric Oxide 31, S38, P59

(voir le texte de l'affiche ici)

Dans la nature, le cycle de l’azote comporte:

- une dénitrification, qui réduit les oxydes d’azote en sels d’ammonium,

- et inversement, une nitrification, qui, par l’intermédiaire des bactéries du sol, oxyde l’ammoniac NH3 en nitrites NO2- et nitrates NO3-.

[The nitrogen cycle […] involves reduction of nitrogen oxides to ammonium salts (denitrification) and oxidation of ammonia into nitrites and nitrates (nitrification) by soil bacteria].

Les dernières années nous ont appris que, dans la cavité buccale, la réduction bactérienne des nitrates salivaires en nitrites salivaires joue, chez l’homme, un rôle métabolique majeur [In recent years, the salivary bacterial reduction of nitrate ions to nitrite has been recognized as an important metabolic conversion in humans].

Depuis les années 1980, on sait aussi que la plupart des bactéries intestinales sont capables de convertir les nitrates NO3- en nitrites NO2- et ammoniac NH3. Les liens entre cette voie métabolique intestinale et la santé humaine n’ont été que peu explorés […Most enteric bacteria are capable of catalytic conversion of nitrate to ammonia via nitrite, a short-circuit in the nitrogen cycle. The importance of this pathway and the link between commensal gut bacteria, nitrogen oxides and human health or diseases has been little studied].

Les auteurs américains [National Institutes of Health, Bethesda, Maryland] étudient, en fonction de l’oxygénation du milieu, la production par Escherichia coli de nitrites et d’ammoniac à partir des nitrates. Leurs résultats sont présentés sous forme d’affiche au Colloque de Pittsburgh des 4 et 5 mai 2013 [Fifth Bi-annual International Meeting on the Role of Nitrite and Nitrate in Physiology, Pathophysiology, and Therapeutics].

Ils comparent en milieu anaérobie, en milieu hypoxique (2 à 10 % d’oxygène) et en milieu aérobie la production par E. coli de nitrite et d’ammoniac à partir des nitrates.

La production augmente lorsque l’oxygénation du milieu diminue [Concentration levels rise with decreassing oxygen supplementation]. La réduction bactérienne de l’ion nitrate NO3- en ion nitrite NO2- est sous la dépendance d’une nitrate réductase, contenant du molybdène et située sur la membrane cellulaire [The respiratory nitrate reduction involves the membrane-bound molybdenum containing enzyme nitrate reductase].

L’ion nitrite lui-même est ensuite réduit en ammoniac NH3, peut-être sous l’effet d’une cytochrome c nitrite réductase, porteuse de cinq hèmes [(Nitrite is) subsequently reduced to ammonium, possibly by the well-characterized penta-heme cytochrome c nitrite reductase].

Par chimioluminescence, les auteurs réussissent également à montrer qu’en présence de nitrates, la cellule bactérienne d’E. coli libère de l’oxyde nitrique NO [In similar experiments we also measured nitric oxide (NO) production by chemiluminescence and show that intact E. coli cells are able to release NO gas when supplied with nitrate].

On le sait, les liens éventuels entre la flore intestinale et la santé humaine sont aujourd’hui de plus en plus souvent évoqués. Les auteurs suggèrent que, dans l’intestin, en raison des conditions locales d’hypoxie, la transformation bactérienne des nitrates en ammoniac soit en mesure de jouer un important rôle physiologique, notamment par l’intermédiaire d’une libération d’oxyde nitrique NO [A growing number of reports are providing evidence of the tight relationship between human microbiota and health: we suggest the hypoxically-induced bacterial nitrate to ammonia reduction could be an important aspect of the mammalian nitrate/nitrite/NO metabolism].

Commentaire du blog

Grâce à des analyses de liquides d’iléostomie de patients colectomisés, on a bien montré dès 1974 (Hill et Hawksworth) que la quasi-totalité des nitrates ingérés puis déglutis sont absorbés dans l’estomac et l’intestin grêle. Moins de 2% atteignent le côlon.

Il est possible, cependant, qu’à la faveur d’un transport actif à travers la muqueuse colique. des nitrates provenant du plasma parviennent à gagner la lumière du côlon. L’hypothèse est avancée depuis les années 1980. Peu de travaux lui ont été consacrés.

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