n° 250: Ville et Mestrezat 1907 Pourquoi des nitrites dans la salive?

classid="clsid:38481807-CA0E-42D2-BF39-B33AF135CC4D" id=ieooui>

Ville, J. et Mestrezat, W. (1907) Origine des nitrites contenus dans la salive; leur formation par réduction microbienne des nitrates éliminés par ce liquide. Comptes Rendus des Séances de la Société de Biologie 63, 231-233.

Mis en ligne depuis octobre 2009, le blog «Nitrates et santé» en arrive à sa deux-cent-cinquantième rubrique. C’est l’occasion pour lui de présenter un article historique de très grande valeur. A n’en pas douter, ce travail français du début du vingtième siècle est destiné à rester à la postérité.

La présence d’ions nitrite NO2- dans la salive buccale est connue du milieu scientifique depuis la deuxième moitié du dix-neuvième siècle. Schönbein la décrit, en effet, dès 1862. Griess la confirme en 1878.

Mais au début du vingtième siècle, la raison du phénomène reste encore inconnue. Le mérite de son explication revient à deux auteurs français R. Ville et W. Mestrezat, qui, lors d’une séance de la Société de Biologie, à Paris, le 27 juillet 1907, firent un exposé tout à fait remarquable.

Dans un premier temps, utilisant le réactif de Griess, ils confirment que la salive «ordinaire», celle qui a séjourné dans la cavité buccale, renferme en permanence des nitrites, en quantité plus ou moins notable.

Dans un deuxième temps, utilisant le même réactif, ils observent que les salives «pures», c’est-à-dire les salives parotidienne et sous-maxillaire, recueillies chez l’homme par cathétérisme des canaux d’excrétion correspondants, ne renferment aucune trace de nitrite.

Dans un troisième temps, ils constatent que, par contre, les salives parotidienne et sous-maxillaire «pures» contiennent toujours des nitrates, à des concentrations qui varient, suivant les sujets, entre 10 et 200 milligrammes par litre.

Dans un quatrième temps, plaçant pendant une minute dans la bouche de plusieurs sujets une solution de nitrate de sodium au millième, ils constatent, avec le réactif de Schönbein, détecteur de nitrites, l’apparition d’une coloration bleue intense, alors que, par comparaison, l’expérience étant faite avec le même réactif et de l’eau distillée, la coloration ne reste que faiblement prononcée. Ils continuent par un expérience différente sur une salive «mixte», ou «ordinaire», récemment émise. La réaction des nitrites par le réactif de Schönbein commence par être assez faible. Puis, lorsque la salive est abandonnée à elle-même, à l’abri des germes de l’air, l’intensité de la réaction des nitrites vient à augmenter avec le temps, pendant que, corrélativement, le taux de nitrate dans la salive baisse.

Leurs conclusions sont simples, logiques et sans appel:

- La salive «pure» présente dans les canaux d’excrétion contient des nitrates.

- La salive «pure» présente dans ces canaux d’excrétion ne contient pas de nitrites.

- La salive «ordinaire» prélevée dans la cavité buccale contient des nitrites. Ces nitrites de la salive «ordinaire» proviennent d’une «action réductrice exercée sur ces nitrates par les microorganismes contenus dans la cavité buccale».

Commentaire du blog

 Plus de cent ans après cette présentation à la Société de Biologie (Paris), les scientifiques n’ont rien à corriger.

 Après avoir été présentées au milieu scientifique, et malgré leur importance, ces données de physiologie humaine vont ensuite sombrer dans l’oubli durant plus d’un demi-siècle. Ce ne sera que bien plus tard, vers les années 1970, que le monde scientifique les «redécouvrira», quand son attention se portera sur les nitrosamines et leurs hypothétiques effets indésirables sur la santé humaine.

 Notons que William Mestrezat (1883-1928) est aussi un grand nom de la neurologie française. Ses travaux sur le liquide céphalorachidien sont restés célèbres. En 1912, il fut l’auteur d’un ouvrage intitulé: «Le liquide céphalo-rachidien normal et pathologique, valeur clinique de l’examen chimique. Maloine, Paris». Il y précisait, pour la première fois, sa composition chimique.

 Avec J. Ville, William Mestrezat mérite aussi de laisser son empreinte dans l’histoire de la médecine en raison de cette importante découverte du sort physiologique des nitrates dans la salive, «pure» puis «ordinaire».

This entry was posted in Etude expérimentale, Histoire des nitrates, Métabolisme des nitrates, Métabolisme des nitrites and tagged , , , , , , , , , , , , , , , . Bookmark the permalink.

Comments are closed.