Nitrite plasmatique et capacité à l’effort

Totzeck, M., Hengden-Cotta, U.B., Ramnos, C., Frommke, L.-M., Knackstedt, C., Predel, H.-G., Kelm, M. and Rassaf, T. (2012) Higher endogenous nitrite levels are associated with superior exercise capacity in highly trained athletes. Nitric Oxide 27, 75-81

(voir l'abstract ici)

Si la définition de la capacité à l’effort peut encore faire l’objet de discussions, on tend maintenant à considérer que, pour un individu, il s’agit de sa plus ou moins grande capacité à rester en aérobiose lors de l’exercice musculaire [One central theory supports the notion that the overall ability of an individual to remain in an aerobic state during exercise reflects exercise capacity].

Lorsque l’exercice devient trop intense, le muscle recourt, on le sait, à une glycolyse anaérobie, laquelle produit conjointement de l’ATP et de l’acide lactique. Lorsqu’il s’accumule dans le courant circulatoire, cet acide lactique exerce, en retour, un effet négatif, limitant la fonction musculaire.

Le but que l’on assigne à l’entraînement d’endurance est d’accroître la capacité de l’organisme à se maintenir en métabolisme aérobie lors de l’effort, d’augmenter ainsi son seuil lactique anaérobie [Endurance exercise training aims to increase the capacity of an athlete to maintain aerobic metabolism, and changes in lactate anaerobic thresholds are one of the most important measures to evaluate the effectiveness of training routines].

Comme les apports alimentaires en nitrate sont connus pour améliorer les performances sportives [voir, par exemple, les nombreuses références dans la page: Rubriques par thèmes], les auteurs allemands et néerlandais [Düsseldorf, Cologne et Maastricht] cherchent à vérifier ici si, chez le sportif,  les concentrations plasmatiques en nitrite NO2- ont ou non une influence sur la capacité à l’effort.

Leur étude porte sur 11 sportifs jeunes, âgés de 25 à 35 ans, de sexe masculin, non-fumeurs et très bien entraînés [4 entraînements par semaine ou plus]. Il s’agit, ou bien de cyclistes, ou bien d’adeptes du triathlon [cyclisme, natation, course à pied].

Les concentrations plasmatiques en nitrite NO2- sont évaluées avant l’effort. Les participants effectuent ensuite un effort progressivement croissant sur ergomètre, jusqu’à épuisement […a stepwise bicycle exercise test until exhaustion]. Le rythme cardiaque est continuellement enregistré [The heart rate (beats per min, bpm) was contiuously measured by a wireless transmitter around the thorax of the participants]. Les taux sériques d’acide lactique sont vérifiés au lobe de l’oreille. On tient compte des données classiques assimilant le seuil lactique anaérobie à une lactatémie de 4 mmol l-1.

·        Lorsque, préalablement, la concentration plasmatique en nitrite du sportif entraîné est de 1.84 μg NO2- l-1,

le rythme cardiaque à partir duquel la lactatémie atteint 4 mmol l-1 est, en moyenne, de 150 battements par minute.

·        Lorsque, préalablement, la concentration plasmatique en nitrite du sportif entraîné est de 5.52 μg NO2- l-1,

le rythme cardiaque à partir duquel la lactatémie atteint 4 mmol l-1 est, en moyenne, de 165 battements par minute.

·        Lorsque, préalablement, la concentration plasmatique en nitrite du sportif entraîné est de 9.2 μg NO2- l-1,

le rythme cardiaque à partir duquel la lactatémie atteint 4 mmol l-1 est, en moyenne, de 180 battements par minute.

Par cette expérience, les auteurs montrent qu’effectivement, chez le sportif entraîné, la concentration plasmatique en nitrite NO2-, avant l’exercice, est corrélée à la capacité à l’effort, du moins lorsque l’évaluation de cette dernière fait appel à la notion de seuil lactique anaérobie [We here showed that endogenous pre-ercise nitrite levels are associated with superior exercise capacity as measured by lactate anaerobic thresholds].

Ce qui est vrai, dans cette expérience, pour la concentration plasmatique en nitrite NO2- ne se vérifie cependant pas pour la concentration plasmatique en nitrate NO3-. Les auteurs ne constatent pas de corrélation entre cette dernière, avant l’exercice, et la capacité à l’effort [No such correlations were determined for plasma nitrate levels].

Commentaire du blog

S'il n'existe pas de corrélation entre la concentration plasmatique en nitrate NO3-, avant l'exercice, et la capacité à l"effort, il ne faudrait pas en conclure que les apports alimentaires en nitrate NO3- soient dénués d'effet sur la capacité à l'effort. On se souviendra, bien sûr, que les apports en nitrate retentissent sur les concentrations plasmatiques en nitrite NO2-.

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