Charcuterie et risque suicidaire

Dickerson, F., Stallings, C., Orinogi, A., Katsafanas, E., Sweeney, K., Khushalani, S. and Yolken, R. (2019) Nitrated meat products are associated with suicide behavior in psychiatric patients. Psychiatry Research 275, 283-286

(voir l'abstract ici)

Les auteurs américains [Sheppard Pratt et Johns Hopkins School of Medicine, Baltimore, Maryland, USA] cherchent à savoir s’il existe un lien entre la consommation de viande avec ajout de nitrate et l’attitude suicidaire.

Entre le 1er mai 2014 et le 30 mai 2018, ils incluent dans une étude 270 sujets hospitalisés en hôpital psychiatrique, se répartissant de la manière suivante:

- 122 patients atteints de schizophrénie,

- 87 patients atteints de désordre bipolaire,

- 61 patients atteints de syndrome dépressif majeur.

Sur ces 270 patients, 156, soit 58%, ont été tentés, d’une manière ou d’une autre, par le suicide. 114, soit 42%, ne l’ont pas été.

Interrogeant ces sujets, on leur demande s’ils ont déjà mangé des salaisons sèches, notamment des jerkys de bœuf ou de dindon [«Have you ever eaten dry cured meat such as beef jerky, meat sticks, or Turkey jerky?»]

Il se trouve que 147 des 156 patients au contexte suicidaire, soit 94%, versus 95 des 114 patients sans contexte suicidaire, soit 83%, répondent positivement. Pour les auteurs, la différence entre les deux groupes apparaît significative (p= 0.004).

Ils concluent que la consommation de viande de charcuterie (caractérisée par un ajout en nitrate) par des patients atteints de schizophrénie, de désordre bipolaire ou de syndrome dépressif majeur, est associée à une augmentation du risque suicidaire [We found that a history of eating cured meat  was associated with increased odds of having a history of a suicide attempt]. Ils reprennent leur conclusion dans le titre [Nitrated meat products are associated with suicide behavior in psychiatric patients].

Commentaire du blog

Cette étude n’est pas réellement sérieuse.

On ne peut, bien sûr, se fier à une question d’interrogatoire aussi imprécise.

Le titre semble impliquer (à tort) les ions nitrate NO3- présents dans les viandes. On rappellera qu’habituellement les apports nitratés proviennent pour 80% des légumes, pour 10% de l’eau de boisson et seulement pour 10% des viandes consommées. On rappellera aussi que les ions nitrate NO3- sont, en permanence, l’objet d’une synthèse endogène quantitativement presque équivalente aux apports exogènes, une telle synthèse endogène en nitrate étant, par ailleurs, fortement accrue lors des activités physiques et sportives.

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