Trevisi, P., Casini, L., Nisi, S., Messori, S. and Bosi, P. (2010) Effect of high oral doses of nitrate on salivary recirculation of nitrates and nitrites and on bacterial diversity in the saliva of young pigs. Journal of Animal Physiology and Animal Nutrition 95, 206-213
Chez l’homme, le métabolisme des nitrates a la remarquable particularité de comporter une circulation gastro-intestino-plasmatico-salivaire. Ingérés, les nitrates de l’alimentation sont absorbés dans la partie haute de l’intestin grêle, c’est-à-dire dans le duodénum et le jéjunum. Ils parviennent dans le sang, où ils se mêlent aux nitrates de source endogène. D’origine exogène et endogène, les nitrates plasmatiques sont soumis à une excrétion rénale passive. Ils sont, en outre, soumis à une sécrétion salivaire active qui les fait passer, dans la salive, à des concentrations 5 à 10 fois supérieures aux concentrations plasmatiques.
Chez l’enfant âgé de plus de six mois et chez l’adulte, les nitrates salivaires sont convertis en nitrites autour des dents, à l’emplacement des plaques microbiennes, ainsi que dans les profonds sillons interpapillaires du tiers postérieur de la langue, où, de même, abondent les bactéries. Cette transformation des nitrates salivaires en nitrites salivaires est à l’origine des différents effets bénéfiques des nitrates, dont de nombreuses rubriques ont eu l’occasion de rendre compte [Récapitulatif dans la rubrique du 20 juillet 2010].
Cette sécrétion active des ions nitrate NO3- dans la salive est-elle une particularité humaine, ou concerne-t-elle d’autres espèces du règne animal?
L’étude de Djekoun-Benoltane et coll. (2007), rapportée dans la rubrique du 18 décembre 2009, montre que la sécrétion active des ions nitrate par les glandes salivaires s’observe chez le lapin.
Chez le rat, l’incertitude demeure. L’habitude est d’affirmer que le rat est dépourvu de sécrétion salivaire active de nitrates (Walker, 1995). Pourtant, on sait que, comme chez l’homme, le tiers postérieur de sa langue comporte de profonds sillons, sièges de très nombreuses bactéries nitrato-réductrices.
Les auteurs italiens, de l’Université de Bologne, étudient le cas du jeune porc. Six jeunes porcs, âgés de 42 jours et pesant en moyenne 11.5 kg, reçoivent une dose orale forte en nitrates: 128 mg NO3- par kg, sous forme de nitrate de potassium. Deux heures plus tard, leur concentration plasmatique en nitrates NO3- atteint un maximum d’en moyenne 200 mg NO3- l-1. Il en va de même pour leur concentration salivaire en nitrates, qui apparaît calquée sur la concentration plasmatique. Avec le même taux moyen de 200 mg NO3- l-1, elle atteint, également, son pic à la deuxième heure.
Au cours de leur expérience, les auteurs ne constatent pas de sécrétion active de nitrates dans la salive du jeune porc [Thus, the blood-to-saliva ratio was high in man, reaching 9/1 (Cortas and Wakid, 1991), and only 1/1 in our pigs].
Notons que, dans un deuxième temps, 3 jeunes porcs reçoivent, sous forme de nitrate de potassium, une supplémentation de 62 mg de NO3- par kg pendant 14 jours. La dose correspond, chez un homme adulte de 70 kg, à l’ingestion supplémentaire de 4340 mg de NO3-, dose 16 fois supérieure à la Dose Journalière Admissible (DJA) de 259 mg édictée en 1962, pour ce poids, par le Comité d’Experts sur les Additifs Alimentaires de l’OMS et de la FAO (JECFA) [Cf., à ce sujet, les rubriques du 27 11 et 18 12 2009 ainsi que celles du 05 01, 09 03 et 30 04 2010]. Ces trois jeunes porcs, âgés chacun d’à peine un mois et demi, tolèrent parfaitement une telle supplémentation élevée en nitrates pendant 15 jours consécutifs. Aucun signe de maladie n’est détecté [For the entire trial period, the piglets did not show any signs of disease].
Commentaire du blog
On sait que le porc vit de 15 à 20 ans; il peut peser plusieurs centaines de kilos. L’étude des auteurs italiens ne concerne que de tout jeunes porcs âgés de 42 jours, dont le poids est de 11.5 kg. Il conviendrait qu’elle soit reprise sur des porcs plus âgés de manière à bien déterminer si l’absence de sécrétion active des nitrates ainsi observée chez le tout jeune porc persiste à l’âge adulte.