Apports nitratés et cancer du sein

Espejo-Herrera, N., Gracia-Lavedan, E., Pollan, M., Aragones, N., Boldo, E., Perrez-Gomez, B., Altzibar, J.M., Amiano, P., Jimenez Zabala, A., Ardanaz, E., Guevara, M., Molina, A.J., Barrio, J.P., Gomez-Acebo, I., Tardon, A., Peiro, R., Chirlaque, M.D., Palau, M., Munoz, M., Font-Ribeira, L., Castano-Vinyals, G., Kogevinas, M. and Villanueva, C.M. (2016) Ingested nitrate and breast cancer in the spanish multicase-control study on cancer (MCC-Spain). Environmental Health Perspectives Sous presse.

(voir l'abstract ici)

Cette étude multicentrique espagnole porte sur plus d’un millier de cas de cancer du sein diagnostiqués dans 8 provinces du pays (Asturies, Barcelone, région Cantabrique, Guipuscoa, León, Madrid, Navarre, Valence) entre 2008 et 2013.

Chez ces patientes, les auteurs [Centre de Recherche en Epidémiologie Environnementale, Barcelone] mesurent les apports en nitrate NO3- provenant de la consommation d’eau d’adduction publique et de l’alimentation solide, et les comparent à ceux d’une population témoin de sujets de même âge et de même statut ménopausique.

Les concentrations en nitrate des eaux d’adduction publique sont fournies par les autorités locales et les compagnies des eaux [We sent a standardized questionnaire to local authorities and water companies, ascertaining current and historical nitrate measurements in water of municipal distribution systems[…]]. Les sujets répondent également à un questionnaire face-à-face portant sur leurs habitudes alimentaires [A structured computerized questionniare was administered by trained personnnel in face-to-face interviews].

Chez les patientes, en moyenne et selon les régions, les apports en nitrate NO3- provenant de l’eau d’adduction publique s’échelonnent entre 2.9 et 13.5 mg jour-1, et les apports en nitrate NO3- provenant de l’alimentation solide entre 88.5 et 154 mg jour-1.

Selon les auteurs, aucun lien statistique n’existe

- entre les apports en nitrate NO3- provenant de la consommation d’eau d’adduction publique et l’incidence du cancer du sein,

- entre les apports alimentaires en nitrate NO3- de toute origine et l’incidence du cancer du sein

[Waterborne ingested nitrate was not associated with breast cancer overall […]. Dietary nitrate was not associated with breast cancer, regardless of the animal or vegetable source, or menopausal status].

En fait, quand on prend en considération les nitrates provenant soit des légumes seuls, soit de l’ensemble de l’alimentation solide, on constate plutôt, avec l’incidence du cancer du sein, une tendance à la corrélation négative, sans que celle-ci soit statistiquement significative.

Nitrates NO3- ingérés

Nombre de cas de cancer du sein

Nombre de sujets contrôles

Odds ratio (OR)

LEGUMES

 

 

 

< 76 mg j-1

385

447

 

76-122 mg j-1

355

447

 

> 122 mg j-1

344

446

 

p

 

 

0.33

 

 

 

 

ALIMENTATION SOLIDE

 

 

 

< 90 mg j-1

387

447

 

90-138 mg j-1

349

447

 

> 138 mg j-1

348

446

 

p

 

 

0.30

[Our results suggested an inverse association between breast cancer and ingested nitrate from vegetable sources]

Les auteurs ajoutent que si on compare

- les femmes d’âge post-ménopausique consommant à la fois de fortes quantités de viande rouge (plus de 20 grammes jour-1) et plus de 6 mg de nitrate NO3- jour-1 provenant de l’eau d’adduction publique,

- aux femmes d’âge pots-ménopausique consommant à la fois de faibles quantités de viande rouge (moins de 20 grammes jour-1) et moins de 2.6 mg de nitrate NO3- jour-1 provenant de l’eau d’adduction publique,

la fréquence du cancer du sein apparaît plus marquée dans le premier groupe.

[Waterborne ingested nitrate was not associated with breast cancer overall, but among postmenopausal women, those with both high nitrate (> 6 vs. <2.6 mg/day) and red meat intake (≥ 20 vs. < 20 g/day) were more likely to be cases than women with low nitrate and low red meat intake (adjusted odds ratio = 1.64; overall interaction p value = 0.17)].

Commentaire du blog

Voici encore une étude qui conclut à une absence de lien statistique positif entre les nitrates de l’alimentation et la fréquence d’un cancer.

Le sous-groupe de femmes d’âge post-ménopausique individualisé par les auteurs espagnols conduit, peut-être, à s’interroger sur le rôle éventuel de la viande rouge. Il ne peut absolument pas conduire à s’interroger sur le rôle éventuel des nitrates de l’eau d’adduction publique. Les apports en nitrate NO3- provenant de l’eau d’adduction publique sont, en effet, très minoritaires. Chez les femmes d’âge post-ménopausique, ils sont ici, en moyenne, de 6.7 mg NO3- j-1, alors que l’ensemble des apports nitratés est, en moyenne, de 129 mg NO3- j-1

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