Supplémentation en nitrate et athlète de haut niveau (2)

Hultström, M., de Paula, C.A., Peliky Fontes, M.A., Porcelli, S., Bellistri, G., Pugliese, L. M., Rasica, L., Marzorati, M., Pavei, G., Ferguson, S.K., Holdsworth, C.T., Musch, T.I., Poole, D.C., Bourdillon, N., Hoon, M.W., Burke, L.M., Michielli, D.W., Faiss, R., Millet, G.P., Corona, B.T., Green, M.S., da Silveira, A.L., Sindler, A.L., Casey, D.P., Johnson, B.D., Wheatley, C.M., Kunces, L.J., Bescos, R., Cody, L.C., Martens, C.R., Justice, J.N., Ballak, D.B., Wanner, S.P., and Rehman, S. (2015) Commentaries on Viewpoint: Can elite athletes benefit from dietary nitrate supplementation? Journal of Applied Physiology ? (1985) 119, 762-769.

Jonvik, K.L., Nyakayiru, J., van Loon, L.J. and Verdijk, L.B. (2015) Last Word on Viewpoint: Can elite athletes benefit from dietary nitrate supplementation ? Journal of Applied Physiology (1985) 119, 770.

(voir la référence ici)

Paru dans la revue: «Journal of Applied Physiology», l’article de K.L. Jonvik et collaborateurs  [Cf. rubrique précédente] a suscité un vif intérêt, comme en témoignent 16 lettres envoyées à la rédaction, et provenant d’Europe, des Etats-Unis et d’Amérique Latine. On retiendra les contributions suivantes:

▪ Selon l’hypothèse de M. Hultström [Université d’Uppsala, Suède], la moindre efficacité des nitrates alimentaires sur la performance physique chez l’athlète de haut niveau pourrait être due à une dilatation de lits vasculaires non concernés par l’effort [One explanation […] is the fact that nitrate-derived nitric oxide production is not site specific and thus causes vasodilation of other vascular beds, which could impair blood flow to prioritized muscles during maximal exertion].

▪ C. A. de Paula et M. A. Peliky Fontes [Université de Minas Gerais, Brésil] font remarquer que les activités sportives diffèrent en réalité les unes des autres. Il n’est pas sûr qu’il soit parfaitement judicieux de conclure de la même manière, par exemple, pour les adeptes du kayak, les skieurs de fond, les cyclistes ou les coureurs du 1500 mètres [The comparison between kayakers, cross-country skiers, cyclists, and 1,500-m runners is absolutely complex].

▪ Constatant qu’il existe, malgré tout, des «répondeurs» parmi les athlètes de haut niveau, S. Porcelli et collaborateurs [Université de Milan, Italie] pensent qu’il conviendrait, pour l’expliquer, de tenir compte des plus ou moins grandes élévations des concentrations plasmatiques en nitrite NO2- après les supplémentations alimentaires en nitrate NO3- [A greater increase in nitrite levels after supplementation has been observed in «responders»].

▪ S. K. Ferguson et collaborateurs [Université de l’Etat du Kansas, USA] présument que l’effet ergogénique de la supplémentation alimentaire en nitrate dépend de la pression partielle en oxygène. Il pourrait être ainsi plus prononcé en altitude, comme lors de l’«Ultra Trail du Mont Blanc», course de 170 km avec un total de 9600 mètres de dénivelé [Athletes competing in events held at altitude, particularly those with frequent transitions in work rate, for example, runners of the Ultra-Trail du Mont Blanc, a trail run of ~170 km with ~10,000 m of positive elevation change, or other elite mountain athletes (e.g. climbers or cyclists) may potentially see improvements in performance].

▪ B.T. Corona et M.S. Green [Texas et Alabama, USA] considèrent que l’âge de l’athlète pourrait intervenir. Chez le sportif de haut niveau, l’effet ergogénique de la supplémentation en nitrate pourrait être plus accentué chez le vétéran que chez le sujet plus jeune [Perhaps the aging elite athlete will benefit from the robust physiological effects of nitrate supplementation to a greater extent than their younger counterparts]. L.C. Cody et collaborateurs [Université du Colorado, USA] font la même remarque.

▪ Bien que la majorité des études aient statistiquement montré qu’une supplémentation en nitrate NO3- n’améliore guère la performance physique du sportif de haut niveau, il n’en reste pas moins que, parmi les sujets hautement entraînés, coexistent à la fois des sujets «non répondeurs» et des sujets «répondeurs». A. L Sindler et D.P. Casey [Université de l’Iowa, USA] émettent l’hypothèse que la dualité trouve son explication dans une grande variabilité, à l’intérieur de la cavité buccale, de l’activité enzymatique de la nitrate réductase, du fait d’une grande variabilité de la flore bactérienne salivaire. Les différences en matière de flore bactérienne salivaire pourraient avoir de profondes répercussions sur la transformation nitrate-nitrite à l’intérieur de la cavité buccale et, par voie de conséquence, sur la concentration plasmatique en nitrite NO2- [We postulate that it could be due to the large variability in nitrate reductase activity within the oral cavity to convert nitrate to the more bioactive molecule, nitrite. Differences in individual’s oral flora (microbiota) have a profound effect on plasma nitrite levels].

▪ Dans leur réponse, K.L. Jonvik et collaborateurs [Université de Maastricht, Pays Bas] retiennent principalement les considérations ayant trait aux sujets «répondeurs» et «non répondeurs». Ils suggèrent qu’à l’avenir, on identifie les sujets «répondeurs», moyennant une vérification par des essais contre placebo, et que l’on conduise ensuite, chez eux, des études portant spécifiquement sur l’activité sportive pratiquée [We propose that individual athletes for whom exercise performance is improved after nitrate supplementation can only be identified by testing the same individual multiple times over a series of placebo-controlled nitrate supplementation trials. Conducting these tests in a sport-specific setting, which is well-known to the athlete, is essential for ecological validity].

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