Supplémentation en nitrate et athlète de haut niveau (1)

Jonvik K.L., Nyakayiru, J., van Loon, L.J.C. and Verdijk, L.B. (2015) Can elite athletes benefit from dietary nitrate supplementation? Journal of Applied Physiology (1985) 119, 759-761.

(voir la référence ici)

Dans l’une des revues de l’“American Physiological Society”, le “Journal of Applied Physiology(Bethesda MD: 1985), les auteurs néerlandais [Centre Médical de l’Université de Maastricht] prennent en considération les effets de la supplémentation en nitrate sur les performances physiques des sportifs de haut niveau.

Plusieurs études ont montré que les apports en nitrate, sous forme de sels de nitrate ou sous forme de jus de betterave, diminuent la consommation en oxygène pour une même production d’adénosine triphosphate [ATP] [… with less oxygen being used to produce a given amount of ATP]. De même, ils ont tendance à augmenter le temps jusqu’à épuisement et le temps nécessaire pour effectuer une course d’endurance. Pour ces raisons, de nombreux athlètes ont choisi d’avoir recours au jus de betterave lors des Jeux Olympiques de Londres de 2012 [Nitrate supplementation can increase the time to exhaustion and improve time-trial performance in trained athletes. As a consequence, numerous athletes have started to use beetroot juice as an ergogenic aid, including many elite athletes during the London 2012 Olympic Games].

«Peut-on aller jusqu’à attribuer, du moins en partie, des médailles d’or des Jeux Olympiques de Londres 2012 à l’utilisation du jus de betterave?», se demandent même les auteurs [Could any of the gold medals won in London be (partially) attributed to the use of beetroot juice?].

Ceci étant, les athlètes de haut niveau, hautement entraînés, répondent apparemment moins bien que les athlètes moyennement entraînés aux propriétés ergogéniques des nitrates NO3- [It has been hypothesized that highly trained, elite athletes are less responsive to the ergogenic properties of nitrate when compared with recreational athletes].

Plusieurs explications viennent alors à l’esprit:

1) Les taux de nitrite NO2- au repos, à distance des efforts, semblent plus importants chez les athlètes hautement entraînés [In line, higher baseline nitrite levels have been reported in more highly trained athletes]. Chez eux, la biodisponibilité en oxyde nitrique NO pourrait être plus affirmée, en raison à la fois de plus grands apports alimentaires en nitrate NO3- et d’une plus grande synthèse endogène en oxyde nitrique NO par la voie des NO synthases endothéliale et neuronale, ce qui rendrait alors une supplémentation additionnelle en nitrate NO3- moins efficace [It could be speculated that greater NO bioavailability in the elite athlete, both through higher nitrate intake and through greater eNOS/nNOS-dependent NO synthesis capacities, renders additional nitrate supplementation ineffective].

2) L’adaptation à l’effort d’endurance pourrait aussi affaiblir l’impact de la supplémentation en nitrate sur la fonction mitochondriale ou sur la fonction contractile et, de ce fait, rendre moins prononcés, chez l’athlète hautement entraîné, les effets de la supplémentation sur les performances physiques et sportives [Such extensive adaptive responses may negate the impact of nitrate supplementation on mitochondrial efficiency and contractile function and make those effects less relevant for the elite athlete].

En réalité, les études sur ce sujet chez les athlètes hautement entraînés ne sont pas faciles à mettre en œuvre.

- Par définition, les athlètes d’élite sont rares [The main problem is that elite athletes are, by definition, scarce].

- En outre, ils se montrent assez peu disponibles à ce type d’enquête [Research in elite athletes has been limited by their busy schedules and conflicting priorities].

Pour mieux cerner la question, au lieu d’études comparant des groupes différents, on pourrait envisager à l’avenir des évaluations répétées des performances d’endurance chez le même individu, le même athlète, en fonction des apports nitratés [To detect small, but relevant, effects of nitrate supplementation on an elite athlete’s performance it may be preferred to assess performance repetitively in the same athlete as opposed to the evaluation of performance in a more traditional group-based comparison].

Les études scientifiques sur le sujet méritent d’autant plus d’être poursuivies que, comme le font remarquer les auteurs, en matière de performance sportive, une amélioration de moins de 1 % suffit à un athlète hautement entraîné pour obtenir une médaille d’or au lieu de rester hors du podium [A performance enhancement of less than 1 % generally represents the difference between gold and not even reaching the podium […]].

Commentaire du blog

L’article rédigé par A.M. Jones [Université d’Exeter, Royaume-Uni] et consacré au même sujet fait office de référence [rubrique du 13 novembre 2014].

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