Nitrates et hydrogène sulfuré

Lo Faro, M/L/, Whatmore, J., More, J., Whiteman, M/ and Winyard, P.G. (2014) Is hydrogen sulfide involved in mediating functional effects of dietary nitrate ingestion in humans? Nitric Oxide 31, Suppl 2: S31.

(voir le texte de l’abstract ici)

L’hydrogène sulfuré [H2S] a, comme on le sait, mauvaise réputation. Inflammable et toxique, ce gaz a une odeur d’œuf pourri, particulièrement nauséabonde.

Il est cependant synthétisé en faible quantité dans l’organisme. Les scientifiques commencent à s’intéresser à son éventuel rôle physiologique. Il traverse facilement les membranes cellulaires; on le décrit déjà comme un troisième gazotransmetteur, à côté du monoxyde d’azote NO et du monoxyde de carbone CO [rubrique du 9 janvier 2011].

Utilisant la résonance paramagnétique électronique [RPE] combinée à la chimioluminescence [electron paramagnetic resonance (EPR) spin trapping and chemiluminescence], les auteurs britanniques [Université d’Exeter, Royaume-Uni] font diverses constatations, qu’ils présentent sous forme d’abstract:

1) En présence d’hydrogène sulfuré [H2S], l’ion nitrite NO2-, tout comme d’ailleurs la S-nitrosoalbumine (nitrosée sur le résidu cystéine 34 de l’albumine), sont, l’un et l’autre, capables de générer de l’oxyde nitrique NO.

2) Au pH de 7.4, la combinaison de nitrite NO2- et d’un donneur d’hydrogène sulfuré, l’hydrogénosulfure de sodium NaSH, augmente la libération d’oxyde nitrique NO.

3) Dans les cellules musculaires lisses de l’aorte humaine, l’addition de nitrite NO2- en présence d’un donneur d’hydrogène sulfuré, augmente la production de guanosine monophosphate cyclique [cGMP].

Les auteurs britanniques émettent ainsi une hypothèse. Dans l’organisme, l’hydrogène sulfuré H2S jouerait un rôle positif. Après l’ingestion des nitrates alimentaires et après la transformation des nitrates d’origine alimentaire en nitrites dans la cavité buccale (à la suite de la circulation entérosalivaire des nitrates), il aiderait à la transformation de l’ion nitrite NO2- en oxyde nitrique NO [This study suggests a possible H2S-mediated pathway for the formation of NO after the ingestion of dietary inorganic nitrate].

Commentaire du blog

Cet article britannique consacré à la découverte de liens physiologiques entre l’ion nitrate NO3- et l’hydrogène sulfuré H2S fait penser à un sujet, en réalité tout autre:

celui de la mort d’un cheval, le 28 juillet 2009, sur la plage de Saint-Michel-en-Grève, près de Lannion (Côtes d’Armor).

Depuis 2009, la version de la quasi-totalité de la presse française, dont on trouve, d’ailleurs, comme un reflet dans le verdict de la Cour administrative d’appel de Nantes [21 juillet 2014] (voir ici), est la suivante: 1) Les nitrates présents dans l’eau de l’embouchure sont connus pour favoriser l’apparition d’algues vertes sur les plages attenantes 2) Les algues en décomposition sur les plages libèrent, quant à eux, de l’hydrogène sulfuré 3) La plage de Saint-Michel-en-Grève contenait des algues vertes 4) Le cheval, qui se promenait sur cette plage, a respiré de l’hydrogène sulfuré, qui provenait des algues vertes en décomposition 5) Il en est mort.

La vérité est bien différente:

1) Dans les milieux scientifiques, le mécanisme exact de l’apparition et de la multiplication des ulves dans les embouchures reste l’objet de discussions. La responsabilité des nitrates, ou encore des seuls nitrates, présents dans l’eau des embouchures est loin d’être scientifiquement avérée [Cf. rubriques du 07 09 2011 et du 05 09 2012].

2) Surtout, le cheval est mort par enlisement jusqu’à l’encolure dans la vase, à distance des dépôts algaux, comme le montrent parfaitement les photographies ci-après, à agrandir (voir ici).

Dans leurs sites respectifs, de nombreux organes de presse ont rendu compte du verdict de juillet 2014 de la Cour administrative d'appel de Nantes (Cf. ci-après): notamment des quotidiens comme [Le Figaro], [Le Monde], [La Croix], [Le Parisien], [L’Humanité], [Ouest France], [Le Télégramme], [Presse Océan], [Sud Ouest], [La Voix du Nord] et [Direct Matin], des hebdomadaires comme [Le Point], [L’Express] et [Le Nouvel Observateur], des mensuels comme [Science et Vie], [Sciences et Avenir] et [Cheval magazine], des radios comme [Europe 1], [RTL], [France Info], [France Inter] et [France Bleu], des stations de télévision comme [TF1] et [France TV Info].

L’attention est attirée par un fait troublant, fort étrange au demeurant, que chacun interprétera en fonction de sa sensibilité. Sont-elles trop parlantes? Aucun des 24 sites de presse ne présente, ni a fortiori ne commente, les photographies du cheval en train de succomber sur la plage de Saint-Michel-en-Grève.

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