Burleigh, M., Liddle, L., Muggeridge, D.J., Monaghan, C., Sculthorpe, N., Butcher, J., Henriquez, F. and Easton, C. (2019) Dietary nitrate supplementation alters the oral microbiome but does not improve the vascular responses to an acute nitrate dose. Nitric Oxide 89, 54-63
Sous forme de nourriture, solide ou liquide, l’ingestion de nitrate NO3- alimentaire augmente transitoirement la biodisponibilité en oxyde nitrique NO. Après leur cycle entéro-salivaire, les ions nitrate NO3- salivaires sont réduits en ions nitrite NO2- salivaires par les enzymes nitrato-réductrices des bactéries de la flore buccale [Nitrate (NO3-) contained in food and beverages can transiently increase nitric oxide (NO) availability following a stepwise reduction to nitrite (NO2-) by commensal bacteria in the oral cavity].
Les auteurs écossais [Université de l’Ecosse de l’Ouest, Blantyre; University of the Highlands and Islands, Inverness; Université calédonienne de Glasgow, Glasgow] cherchent à savoir si une ingestion régulière de nitrates alimentaires peut influencer
- la flore bactérienne buccale,
- l’aptitude de ces bactéries salivaires à réduire les ions nitrate NO3- en ions nitrite NO2-,
- et, de ce fait, les réponses d’ordre vasculaire à une ingestion unique de nitrate NO3-.
Ils recrutent 11 hommes sains et volontaires, âgés en moyenne de 30 ans. Ceux-ci ingèrent chaque jour et pendant 7 jours, de manière randomisée et en cross over, le wash-out étant de 4 semaines:
- soit 70 ml d’un jus de betterave riche en nitrate, apportant 384 mg de nitrate NO3-,
- soit 70 ml d’un jus de betterave déplété en nitrate.
• Au 7ème jour, comme prévu, les concentrations plasmatiques et salivaires en nitrate NO3- et en nitrite NO2- sont significativement élevées par rapport aux taux de départ dans le premier bras de l‘étude, et non dans le second.
• De même, la supplémentation de sept jours en nitrate NO3- augmente significativement le pH salivaire, lequel passe en moyenne de 7.13 à 7.39 (p=0.043).
• Elle modifie aussi l’abondance relative de certaines bactéries salivaires. En moyenne, l’abondance des Neisseria passe de 2 à 9% (p < 0.001), celle des Prevotella de 34 à 23% (p = 0.001), celle des Actinomyces de 1 à 0.5%
Lorsqu’on compare les résultats à J8 par rapport à ceux à J0, malgré les modifications d’ordre bactériologique, on ne constate pas de répercussion particulière des 7 jours de supplémentation en nitrate sur les réponses à une ingestion unique de 140 ml d’un jus de betterave riche en nitrate, apportant 768 mg de nitrate NO3-.
A J8, comparativement à J0 et suite à l’ingestion des 768 mg de nitrate NO3-, l’augmentation des concentrations salivaire et plasmatique en nitrite NO2-, la diminution de la tension artérielle systolique et l’augmentation de la vasodilatation flux-dépendante sont statistiquement similaires dans les deux groupes (7 jours préalables avec ingestion d’un jus de betterave riche en nitrate vs 7 jours préalables avec ingestion d’un jus de betterave déplété en nitrate) [Despite these alterations to the oral microbiota, an acute dose of NO3- increased salivary and plasma NO2-, reduced systolic blood pressure and increased the response to flow mediated dilation to a similar extent before and after 7 days of supplementation (p > 0.05)].
En conclusion, si une ingestion unique de nitrate NO3- améliore transitoirement la fonction vasculaire, la modification de la flore bactérienne buccale constatée après un apport chronique en nitrate ne modifie pas réellement l’effet vasculaire [Acute ingestion of NO3- results in transient improvements in vascular function but the dietary induced adaptation to the oral bacteria did not enhance these effects].