Très forts taux de nitrates dans le plasma des Tibétains vivant en haute altitude

Erzurum, S.C., Ghosh, S., Janocha, A.J., Xu, W., Bauer, S., Bryan, N.S., Tejero, J., Hemann, C., Hille, R., Stuehr, D.J., Feelisch, M. and Beall, C.M. (2007) Higher blood flow and circulation NO products offset high-altitude hypoxia among Tibetans. Proceedings of the National Academy of Sciences 104, 17593-17598.

(voir l'abstract ici)

Cette étude est le fruit de la collaboration de plusieurs centres américains (Cleveland et Columbus, Ohio ; Boston, Massachusetts ; Houston, Texas) et d’un centre britannique (Warwick).

Elle compare les conditions circulatoires de 88 Tibétains vivant à 4200 mètres d’altitude à celles de 50 sujets américains, témoins, vivant à 206 mètres d’altitude. Ayant un âge compris entre 18 et 55 ans, les sujets des deux groupes sont tous bien portants, non fumeurs, non hypertendus. Les femmes entrant dans l’étude ne sont pas enceintes.

Le flux sanguin est mesuré par pléthysmographie à l’avant-bras, au repos et après  exercice. Il est plus de deux fois plus élevé chez les Tibétains que chez les Américains : 5 ml/min/100 ml de tissu chez les Tibétains versus 2,1 ml/min/ 100 ml de tissu chez les Américains, au repos ; 10 ml/min/100 ml de tissu chez les Tibétains versus 3,1 ml/min/100 ml de tissu chez les Américains, après exercice.

Les taux plasmatiques de nitrate (NO3-) sont dix fois plus élevés chez les Tibétains que chez les Américains : en moyenne, 14,5 mg de nitrates par litre chez les hommes tibétains, versus 1,6 mg de nitrates chez les hommes américains et 9,8 mg de nitrates par litre chez les femmes tibétaines versus 1,9 mg de nitrates par litre chez les femmes américaines.

Les taux plasmatiques de nitrite (NO2-) sont, en moyenne et respectivement, de 220 et 500 μg par litre chez les hommes et les femmes tibétains ; ces nitrites sont indétectables chez les Américains vivant à basse altitude.

Etudiés par les auteurs, les régimes alimentaires des sujets tibétains vivant en haute altitude sont considérés comme de faibles pourvoyeurs en nitrates alimentaires. Ils n’expliquent donc pas les forts taux de nitrates et nitrites plasmatiques observés.

Pour les auteurs, l’adaptation à l’hypoxie d’altitude des sujets tibétains contribue, en fait, à augmenter fortement la synthèse endogène d’oxyde nitrique NO. Par comparaison à celle des sujets témoins, cette synthèse endogène d’oxyde nitrique est constamment, c’est-à-dire au long des jours, des saisons et des années, multipliée par un facteur supérieur à 4. En résultent :

- une nette accentuation du flux vasculaire

- et une nette augmentation des taux de nitrates et de nitrites dans le plasma

Commentaires du blog

Sans l’avoir explicitement recherché, les auteurs de cet article apportent au monde scientifique des données fort importantes, qui permettent sans doute de mieux appréhender la question de la toxicologie chronique des nitrates.

Ils montrent, en effet, que les Tibétains vivant à 4200 mètres d’altitude ont des taux plasmatiques de nitrates en permanence 9 ou 10 fois plus élevés que les sujets vivant à basse altitude.

Si, à la longue, les ions nitrate NO3- étaient à l’origine d’effets indésirables (cancers, risque de malformation congénitale, tendance diabétique, etc.), les personnes vivant en haute altitude devraient en être les premières victimes. Si, à l’inverse, comme cela apparaît être le cas, la vie prolongée en altitude n’est, par elle-même, à l’origine d’aucun effet indésirable particulier, on peut très légitimement en déduire que les ions nitrate NO3- sont dénués de toxicité chronique.

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