Femme, consommation de nitrate, maladie coronarienne

Jackson, J.K., Zong, G., MacDonald-Wicks, L.K., Patterson, A.J., Willett, W.C., Rimm, E.B., Manson, J.E. and McEvoy, M.A. (2019) Dietary nitrate consumption and risk of coronary heart disease in women from the Nurses’ Health Study. British Journal of Nutrition. doi.org/10.1017/S0007114519000096

(voir l'abstract ici)

Pourvue d’un effet hypotensif, la consommation de légumes est bien connue pour ses propriétés bénéfiques dans le domaine vasculaire [The consumption of nitrate-rich vegetables can acutely lower blood pressure, and improve mediators shown to optimise vascular health]. Des études récentes ont montré que des apports importants et prolongés en nitrate NO3- sont significativement associés à une réduction de la mortalité cardiovasculaire [Recent observational evidence indicates that higher long-term habitual nitrate intakes are associated with a lower risk of cardiovascular disease mortality (Blekkenhorst et al, 2017; Liu et al., 2018)].

Les auteurs australiens [Université de Newcastle, Nouvelles-Galles du Sud, Australie] et américains [Université de Harvard, Boston, Massachusetts, Etats-Unis] se proposent de vérifier si, chez la femme, un lien existe ou non entre les apports en nitrate NO3- au long cours et l’incidence des maladies coronariennes.

Ils se servent de données recueillies dans le cadre de l’importante «Nurses’ Health Sudy». Débutant en 1986, l’étude, qui se termine en 2012, dure 26 ans. Elle porte sur 62535 femmes âgées de 30 à 55 ans, exemptes de diabète, de maladie cardiovasculaire et de cancer. Les apports alimentaires en nitrate NO3- sont évalués à l’aide de questionnaires répétés tous les quatre ans [Information on diet was updated every 4 years with validated food frequency questionnaires]. Au cours des 26 années de suivi, 2257 cas d’affections coronariennes sont recensés.

Au moment de l’analyse, les femmes ayant participé à l’étude sont réparties en cinq quintiles, depuis le groupe qui a consommé le moins de nitrate (en moyenne: < 86 mg NO3- j-1) jusqu’à celui qui en ont consommé le plus (en moyenne: > 195 mg NO3- j-1). Les résultats sont ensuite ajustés en fonction de facteurs susceptibles d’interférer tels le tabac, le poids et l’activité physique.

Variable

Quintile 1

< 86 mg j-1

Quintile 2

86-117

Quintile 3

118-150

Quintile 4

151-195

Quintile 5

>195 mg j-1

Valeur de p

Nombre de cas

493

440

419

465

450

 

Personnes-années

293249

294919

295097

295112

294658

 

Ajusté en fonction de l’âge

1 [Référence]

0.88

0.78

0.83

0.77

0.0002

Ajusté aussi en fonction du tabac, poids et activité physique

1

[Référence]

0.95

0.89

0.97

0.91

0.27

Du tableau ci-dessus il ressort qu’au cours des 26 années de l’étude, moins les femmes ont été amenées à consommer de nitrate NO3-, plus elles ont été exposées au risque d’apparition d’une maladie coronarienne. Plus elles en ont consommé, moins elles y ont été exposées. Mais il s’avère aussi que les femmes qui consomment les quantités les moins importantes de nitrates alimentaires NO3- sont aussi celles qui fument le plus et ont le moins d’activité physique, si bien que, chez la femme, la prise en considération des deux derniers éléments fait disparaître, semble-t-il, le lien statistiquement significatif entre la consommation alimentaire régulière en nitrate et la protection à l’égard des maladies coronariennes.

Commentaire du blog

L’ajustement qui tient compte de l’exposition au tabac, du poids et de l’activité physique fait ainsi disparaître, chez la femme, la liaison statistique négative existant entre la consommation alimentaire en nitrate NO3- et l’incidence des maladies coronariennes.

On remarquera cependant que les trois facteurs, l’exposition au tabac, la surcharge pondérale et la faible activité physique, ont justement pour caractéristique commune d’être, chacun, associés à une faible synthèse endogène en oxyde nitrique NO, nitrate NO3- et nitrite NO2-.

Donc, à supposer que, chez la femme, les apports exogènes en nitrate ne jouent pas isolément de rôle préventif à l’égard des maladies coronariennes, on ne pourra pas en dire autant de l’ensemble des sources, exogènes et endogènes, en oxyde nitrique NO, nitrate NO3- et nitrite NO2-.

This entry was posted in Effet bénéfique cardiovasculaire and tagged , , , , , , , , , , , , , . Bookmark the permalink.

Comments are closed.