Apport prolongé en nitrate et réponse hémodynamique à l’effort

Lee, J.S., Stebbins, C.L., Jung, E., Nho, H., Kim, J.-K., Chang, M.-J. and Choi, H.-M. (2015) Effects of chronic dietary nitrate supplementation on the hemodynamic response to dynamic exercise. American Journal of Physiology. Regulatory, Integrative and Comparative Physiology 309, R459-R466

(voir l'abstract ici)

Les auteurs coréens [Université Kyung Hee, Séoul, Corée du Sud] étudient chez 14 hommes jeunes (âge moyen 22 ans) l’effet exercé par une supplémentation alimentaire prolongée en nitrate sur les variables hémodynamiques avant et après exercice physique.

Pendant 15 jours, les sujets reçoivent en en double aveugle et cross over:

- soit 70 ml par jour d’un jus de betterave apportant 400 mg par jour de nitrate NO3- [Beet It, James White Drink, Ipswich, UK],

- soit 70 ml par jour d’un jus de betterave déplété en nitrate [Beet It, James White Drink, Ipswich, UK].

Effectué sur cyclo-ergomètre, l’effort physique comporte des efforts d’intensité progressivement croissante.

La supplémentation de 15 jours en nitrate NO3- accroit au repos:

- la concentration plasmatique en NOx  [NO3- + NO2-]. Elle passe, en moyenne, de 83 à 168 µM,

- et la vasodilatation flux dépendante [flow mediated dilation], mesurée à l’artère brachiale. Elle passe, en moyenne, de 12.3 à 17.8 %.

Comparativement au groupe témoin,

- elle accentue le débit cardiaque [cardiac output], au repos ou pour des efforts d’intensité modérée (pour une charge de 30%),

- elle diminue, au repos comme après exercice:

- les tensions artérielles systolique, diastolique et moyenne,

- ainsi que la résistance totale périphérique (tension artérielle moyenne/débit cardiaque)

- elle diminue durant l’exercice, le «double produit» [rate pressure product] (rythme cardiaque x tension artérielle systolique).

Les auteurs en concluent qu’une supplémentation prolongée en nitrate NO3- sous forme de jus de betterave a pour effet de faire baisser la tension artérielle et la résistance vasculaire, au repos et durant l’exercice [Chronic supplementation with beetroot juice lowers blood pressure and vascular resistance at rest and during exercise]. L’effet pourrait être consécutif, au moins en partie, à une accentuation de la vasodilatation endothélium-dépendante au sein des muscles squelettiques [These effects may be due, in part, to enhanced endothelial-induced vasodilatation in contracting skeletal muscle].

A la fin de l’article, les auteurs coréens expliquent qu’ils ont fourni aux sujets participant à l’étude une dose relativement faible de nitrate (400 mg NO3- j-1) en raison des effets délétères sur la santé, notamment en matière de cancer, qu’on attribue parfois aux apports importants en nitrate; d’où, d’ailleurs, les réglementations des concentrations en nitrate dans l’eau et les aliments édictées par les autorités sanitaires [This dose was chosen because there is evidence suggesting that high intakes of dietary NO3- may have harmful effects on health (e.g. cancer), which has led to some regulation of nitrate concentrations in food and drinking water].

Mais, après ces propos conventionnels, ils remettent tout en cause. Il faut bien remarquer, disent-ils, que le régime traditionnel japonais est particulièrement riche en nitrate. A un adulte de 73 kg, il apporte, en moyenne, quelque 1300 mg de nitrate NO3- par jour. Au Japon, les incidences des maladies cardiaques et cancéreuses sont faibles, si bien que la population bénéficie de la plus grande longévité au monde [That being said, it should be noted that the traditional diet of the Japanese is high in nitrates (1300 mg/day for a 73 kg individual), yet they have the highest longevity in the world and a low occurrence of heart disease and cancer].

Au total, la balance bénéfice-risque des apports alimentaires en nitrate, comme des nitrates en général, mérite maintenant d’être scientifiquement réévaluée [This observation, and other emerging evidence suggesting that dietary nitrates have beneficial cardiovascular effects, suggests that the risk-to-benefit ratio associated with dietary intakes of nitrates and nitrates should be reevaluated].

Commentaire du blog

Il est difficile de revenir sur une erreur scientifique mondiale. En témoigne la curieuse prudence initiale des auteurs.

Rappelons que les nitrates alimentaires, dont les effets bénéfiques sont nombreux [Cf les pages RUBRIQUES PAR THEMES], sont bel et bien dépourvus de tout risque pour la santé, notamment de risque cancérigène, à une exception près.

L’exception est particulière. Il s’agit du risque de méthémoglobinémie du nourrisson quand un biberon est préparé avec une eau de puits qui non seulement contient des nitrates mais est également bactériologiquement contaminée (plus de 106 germes ml-1). Il n’y a, par contre, aucun risque de méthémoglobinémie du nourrisson avec l’eau d’adduction publique, quelle que soit sa teneur en nitrate. L’eau d’adduction publique est toujours bactériologiquement contrôlée. Elle contient toujours moins de 102 germes ml-1 [Cf. rubriques des 7, 11 et 14 mai 2010].

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