Intérêt d’une supplémentation alimentaire en nitrate en cas d’atrophie parotidienne

Xia, D., Qu, X., Tran, S.D., Schmidt, L.L., Qin, L., Zhang, C., Cui, X., Deng, D. and Wang, S. (2015) Histological characteristics following a long-term nitrate-rich diet in miniature pigs with parotid atrophy. International Journal of Clinical and Experimental Pathology 8, 6225-6234

(voir le texte entier ici)

Les auteurs chinois et canadiens [Pékin; Montréal] présentent une étude expérimentale réalisée chez des porcs miniatures âgés de 6 mois en début d’expérience, pesant alors de 35 à 50 kg. L’étude dure 2 ans.

Les auteurs distinguent trois groupes:

- groupe A (ou groupe contrôle): composé de 3 animaux n’ayant pas d’atrophie parotidienne et recevant un régime alimentaire standard,

- groupe B: composé de 5 animaux ayant une atrophie parotidienne et recevant un régime alimentaire standard,

- groupe C: composé de 5 animaux ayant une atrophie parotidienne et recevant un régime extrêmement riche en nitrate. L’eau de boisson contient, en effet, 1 mol/L de nitrate de potassium, soit 62000 mg NO3- l-1.

L’atrophie parotidienne des animaux des groupes B et C fait suite à une injection rétrograde dans chacun des deux canaux de Sténon, droit et gauche, de 4 ml de violet de gentiane à 1%. Le colorant a pour propriété d’exercer un effet destructeur sur les acini [The parotid glands of pigs in groups B and C were bilaterally ablated by retrograde injection containing 1% methyl violet (4 ml per gland) via the Stensen’s ducts, thereby destroying the acini of both parotid glands].

Les constatations sont les suivantes:

1) Comme le montre le tableau ci-dessous, relatant les concentrations moyennes en nitrate, exprimées en mg NO3- l-1 (pour des mesures effectuées à 6, 12 et 24 mois):

Groupes

n

Salive

Plasma

Urine

A

3

19.6

0.9

31

B

5

7.0

2.0

69

C

5

17.3

11.5

6014

- d’une manière prévisible, les concentrations moyennes en nitrate NO3-, dans le plasma et dans les urines, sont plus élevées en cas de régime alimentaire riche en nitrate

- surtout, alors que, dans le groupe B, composé d’animaux au régime alimentaire non modifié, l’atrophie parotidienne expérimentale se traduit par une nette diminution de la concentration salivaire en nitrate NO3- (elle est réduite de plus de la moitié), dans le groupe C, au contraire, en cas d’atrophie parotidienne, le régime très riche en nitrate permet de rétablir une concentration salivaire en nitrate à un taux assez proche de celui des animaux du groupe A (animaux du groupe contrôle) [The concentration of nitrate in the saliva of the nitrate-supplemented miniature pigs (group C) was not statistically different to that of the control group (17.34 ± 3.89 ng/µl versus 19.58  ± 5.14 ng/µl, P> 0/05)].

2) Les animaux étant sacrifiés à la fin des 2 ans de l’expérience, un grand nombre de tissus peuvent être analysés en microscopie optique et en microscopie électronique.

Aucune anomalie n’est observée chez les porcs miniatures dont l’eau de boisson a contenu pendant 2 ans une très forte quantité de nitrate: 62000 mg NO3- l-1. Chez eux, les auteurs ne constatent aucune anomalie histologique dans des tissus extra-parotidiens de la cavité buccale, comme les tissus gingivaux, buccaux ou linguaux [Other tissues from the oral cavity (e.g. gingival, buccal, and glossal tissues) had no abnormalities compared to control tissues], pas plus qu’ils n’en observent dans l’estomac, le foie, l’intestin grêle ou les reins [There were no significnat histo-pathological changes in the stomach, liver, small intestine, or kidneys].

Comme on le sait, les atteintes des glandes salivaires accompagnant les traitements radiothérapiques ou les syndromes de Gougerot-Sjögren ont d’assez fâcheuses conséquences, notamment celles de diminuer les concentrations salivaires en nitrate NO3- et de favoriser de ce fait les infections orales et gastro-intestinales [Injuries to the salivary glands, such as a result of radiotherapy or Sjögren’s syndrome, reduce nitrate levels in saliva and contribute to oral and gastrointestinal (GI) infections].

De leur étude, les auteurs tirent une déduction logique et pratique: Aux patients souffrant d’atrophie parotidienne, il devient logique de proposer une supplémentation alimentaire au long cours en nitrate NO3- [The results of this study indicate that nitrate supplementation was effective in maintaining nitrate levels in the oral cavity of parotid-atrophied miniature pigs. We also demonstrated that the long-term administration of a nitrate-rich diet did not result in any morphological changes in the oral cavity or gastrointestinal organs. The exemplified efficacy and safety of a nitrate-supplement leads us to suggest that nitrate use could be justified to alleviate the debilitating circumstances that occur following parotid atrophy].

Commentaire du blog

Les conséquences défavorables de la diminution de la concentration salivaire en nitrate NO3- ne concernent pas que le tractus digestif. On sait que, rendant moins efficient le cycle entérosalivaire des nitrates, la diminution de la concentration salivaire en nitrate a également pour effet défavorable de faciliter, au long cours, l’apparition et le développement des maladies cardiovasculaires [Cf. rubriques du 27 novembre 2012, du 7 février 2013, du 20 août 2014 et du 14 janvier 2015].

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