Nitrates dans l’eau d’adduction publique et lymphome non-hodgkinien

Chang, C.-C., Tsai, S.-S., Wu, T.-N. and Yang, C.-Y. (2010) Nitrates in municipal drinking water and non-Hodgkin lymphoma: an ecological cancer case-control study in Taiwan. Journal of Toxicology and Environmental Health, Part A, 73, 330-338.

(voir l'abstract ici)

Entre 1996 et 2006 sept études épidémiologiques se sont donné pour but de vérifier si un lien existe vraiment entre les teneurs en nitrates de l’eau d’adduction publique et le risque d’apparition du lymphome non-hodgkinien. Il s’agit de trois études de corrélation géographique, de trois études cas-contrôles, d’une étude de cohorte. Deux d’entre elles concluent ainsi à une association positive (Ward et coll., 1996 ; Gulis et coll., 2002); cinq concluent, à l’inverse, à l’absence de corrélation statistique (Law et coll., 1999 ; Freedman et coll., 2000 ; Weyer et coll., 2001 ; Cocco et coll., 2003 ;  Ward et coll., 2006).

Chang et coll. nous présentent un huitième travail. Effectuée à Taiwan, leur étude cas-contrôles compare les teneurs en nitrates de l’eau d’adduction publique fournie à 1716 patients décédés entre 2000 et 2006 de lymphome non-hodgkinien aux teneurs en nitrates de l’eau d’adduction publique fournie à 1716 témoins décédés durant la même période, appariés par sexe, année de naissance et année de décès.

Pendant cette période de six années, toutes les teneurs moyennes en nitrates de l’eau d’adduction publique fournie à chaque sujet taiwanais de l’un et l’autre groupe sont inférieures à 2,86 mg NO3- par litre. En moyenne et pour l’ensemble des patients décédés des suites d’un lymphome non-hodgkinien, les teneurs en nitrates de l’eau d’adduction publique sont de 1,99 mg NO3- par litre. En moyenne et pour l’ensemble des sujets témoins, ces mêmes teneurs sont de 1,82 mg NO3- par litre. La différence n’est pas significative [Data show that there was no statistically significant association between nitrate levels in drinking water and higher risk of death from non-Hodgkin lymphoma].

Les auteurs sont conscients des failles de leur travail [There is unfortunately no information available for assessing the dietary nitrate sources from vegetables and meat for individual study subjects in this investigation […] Future studies should increase the precision of the estimation of the individual’s intake of nitrate, through both food and water].

Commentaire du blog

Les réserves que les auteurs expriment dans leur discussion sont compréhensibles.

Dans leur étude, inférieures, en moyenne, à 2 mg NO3- par litre, les teneurs en nitrates de l’eau d’adduction publique sont extrêmement faibles.

Les apports en nitrates venant des légumes sont, de loin, plus importants. On se souviendra que les teneurs moyennes en nitrate de la laitue, des épinards, de la betterave dépassent volontiers 1000 mg NO3- par kilo (voir, par exemple, la teneur moyenne des épinards en nitrates aux Etats-Unis dans notre rubrique du 12 février 2010). Les activités physiques ou sportives concourent à augmenter considérablement la synthèse endogène des nitrates.

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