Cancer buccal: nitrates et nitrites salivaires

Shende, V., Biviji, A.T. and Akaarte, N. (2013) Estimation and correlative study of salivary nitrate and nitrite in tobacco related oral squamous carcinoma and submucous fibrosis. Journal of Oral and Maxillofacial Pathology 17, 381-385

(voir l'abstract ici)

Pathologie assez fréquente en Inde, le carcinome épidermoïde de la cavité buccale est significativement lié au tabagisme [In India, [oral cancer] is one of the common cancers. […] Tobacco plays significant role in etiology of oral squamous carcinoma].

La fibrose buccale sous-muqueuse s’observe également dans le sous-continent indien. Cette deuxième affection, précancéreuse, est liée au mâchonnement répété et régulier de chiques de bétel. Les chiques de bétel sont composées de noix d’arec, souvent associées à du tabac.

Les auteurs indiens [Nagpur, Etat du Maharashtra] font remarquer que si la nitrosation des alcaloïdes du tabac est susceptible de donner lieu à la formation de N-nitrosamines [Interest in nitrosation of tobacco alkaloids has increased and several studies to study the formation and analysis of N-nitrosamines in tobacco products have been carried out], il pourrait en être de même avec les alcaloïdes de la noix d’arec [In vitro experiments with arecoline and nitrite have shown that «areca nut» alkaloid can give rise to at least four N-nitrosamines, which can induce precancerous conditions].

Les auteurs se proposent ainsi de mesurer les teneurs salivaires en nitrate NO3- et en nitrite NO2- de 25 sujets témoins, de 24 patients atteints de fibrose buccale sous-muqueuse, de 28 patients atteints de carcinome épidermoïde de la cavité buccale.

Les résultats obtenus sont les suivants: 

 

Concentration de la salive en nitrate NO3-

 

Valeurs extrêmes

(mg NO3- l-1)

Concentration de la salive en nitrate NO3-

 

Valeur

moyenne

(mg NO3- l-1)

Concentration de la salive en nitrite NO2-

 

Valeurs extrêmes

(mg NO2- l-1)

Concentration de la salive en nitrite NO2-

 

Valeur moyenne

(mg NO2- l-1)

Sujets témoins (n=25)

4.6 à 15.5

Non précisé

1.4 à 4.6

Non précisé

Patients atteints de fibrose buccale sous-muqueuse (n=24)

9.7 à 37.2

18.8

3.3 à 13.1

8.0

Patients atteints de carcinome épidermoïde de la cavité buccale

(n=28)

6.2 à 42.1

23.1

3.3 à 44.2

11.7

Les auteurs considèrent que, comparativement à celles des sujets témoins, les concentrations salivaires en nitrate NO3- et en nitrite NO2- des patients atteints de fibrose buccale sous-muqueuse ne sont pas statistiquement augmentées, du moins lorsque les patients n’ont pas d’attitude tabagique avérée et que les lésions n’ont pas été réellement cancérisées [The salivary nitrate and nitrite level was not significant in oral submucous fibrosis patients when statistically compared to control group, except in patients with tobacco habits in some form or other and in oral submucous fibrosis patients who showed carcinomatous changes].

Par contre, comparativement à celles des sujets témoins, les concentrations salivaires en nitrate NO3- et en nitrite NO2- des patients atteints de carcinome épidermoïde de la cavité buccale sont statistiquement augmentées [The salivary nitrate and nitrite level of oral carcinoma patients when compared with control group showed a significant increase].

Les auteurs concluent de manière évasive. Chez les patients atteints de carcinome épidermoïde de la cavité buccale, écrivent-ils, la composition de la salive est modifiée. Cette modification a un lien avec les mécanismes auxquels participent les radicaux libres [Salivary composition of oral squamous cell carcinoma patients is substantially altered with respect to free radical-involved mechanisms].

Commentaire du blog

Egalement conduite en Inde, l’étude de Patel et coll. (2009) [rubrique du 19 mars 2010] notait que chez les patients atteints de carcinome épidermoïde de la cavité buccale les taux plasmatiques en NOx [nitrate NO3- + nitrite NO2-] étaient plus que doublés.

Dans un tel contexte pathologique tumoral, l’hypothèse prioritaire paraît celle d’une augmentation d’activité de la NO synthase inductible [iNOS] en raison d’une inflammation des lésions néoplasiques. Puisque les nitrates sont l’objet d’une circulation entérosalivaire, il paraît légitime d’envisager que l’augmentation des concentrations salivaires en nitrate et en nitrite puisse, en réalité, être consécutive à celle des concentrations plasmatiques.

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