Mode de construction des puits et colibacilles

Gonzales, T.R. (2008) The effects that well depth and wellhead protection have on bacterial contamination of private water wells in the Estes Park Valley, Colorado. Journal of Environmental Health 71, 17-23.

(voir l'abstract ici)

L’agence gouvernementale américaine en matière de santé et sécurité publiques dénommée «the Centers for Disease Control and Prevention» (CDC) estime respectivement à 4 milliards et à 2 millions les nombres d’épisodes de diarrhée et de décès par diarrhée survenant chaque année dans le monde. Elle estime aussi que la moitié environ de ces pathologies infectieuses intestinales sont elles-mêmes consécutives à une consommation d’eau bactériologiquement contaminée.

Des études ont déjà montré que la confection d’un équipement de surface de qualité et une profondeur suffisante réduisaient l’une et l’autre nettement le risque de contamination bactérienne de l’eau de puits. Des équipements de surface défectueux ont, par exemple, joué un rôle dans le déclenchement d’une épidémie d’infection intestinale à Escherichia coli à Walkerton, au Canada, en 2000. Des études américaines effectuées dans les Etats de l’Indiana en 1994, de Pennsylvanie en 2001, du New Jersey en 2006 ont montré un lien statistique inverse entre la profondeur du puits et le risque de contamination hydrique bactérienne.

L’auteur procède à une étude complémentaire dans la vallée d’Este Park (Colorado), à 2300 mètres d’altitude, à proximité du Parc national des Montagnes Rocheuses. Entre mai et septembre 2006, son intérêt se porte sur 30 puits privés non traités, c’est-à-dire non équipés d’un  système de désinfection.  Il note leur profondeur, l’état de l’équipement de surface et procède à une analyse bactériologique de l’eau, à la recherche de colibacilles.

Les résultats sont conformes aux attentes. La présence de colibacilles est observée dans 71% (5/7) des puits de moins de 60 mètres de profondeur, et dans 9% (2/23) des puits de profondeur supérieure. On trouve curieusement les mêmes chiffres à propos de l’état de l’équipement de surface. Lorsque celui-ci est jugé mauvais ou assez bon, la présence de colibacilles est observée dans 71% (5/7) des cas; lorsqu’il est jugé bon, elle l’est dans 9% (2/23) des cas.

L’auteur est conscient du nombre peu élevé des puits étudiés dans cette étude pilote (pilot study). Il estime, malgré tout, que la tendance de ses résultats est suffisamment forte pour qu’ils puissent être portés à la connaissance des propriétaires et utilisateurs des puits, en vue d’une meilleure prévention des maladies intestinales bactériennes.

Commentaire du blog

On sait que les méthémoglobinémies du nourrisson faisant suite à l’utilisation d’eau de puits n’ont pas de lien particulier avec les fortes concentrations en nitrate. Elles sont, par contre, en relation avec de fortes contaminations bactériennes; pour que des méthémoglobinémies du nourrisson risquent d’apparaître, il faut qu’au préalable le nombre de germes dans l’eau de puits ou dans le biberon ait dépassé 105 à 107 par millilitre (Cf. notre rubrique du 22 décembre 2009).

Lorsque l’on utilise une eau de puits pour la préparation d’un biberon, il est donc important que celle-ci soit indemne de toute prolifération bactérienne, non seulement pour éviter le risque de diarrhée infectieuse, fort redouté, mais aussi pour éviter celui de la méthémoglobinémie, le plus souvent bénigne et spontanément résolutive certes, mais également, il est vrai, potentiellement mortelle.

Par contre, comme on le sait maintenant, quel que soit son taux en nitrate, il n’existe aucun risque de méthémoglobinémie du nourrisson lorsque le biberon est préparé avec de l’eau d’adduction publique, celle-ci étant toujours bactériologiquement contrôlée (moins de 102 germes par millilitre).  

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