Polyphénols du vin rouge, récepteurs oestrogéniques et NO

Chalopin, M., Tesse, A., Martinez, M.C., Rognan, D., Arnal, J.F. and Andriantsitohaina, R. (2010) Estrogen receptor alpha as a key target of red wine polyphenols action on the endothelium. PloS ONE 5(1): e8544, doi:10.1371/journal.pone.0008554

(voir l'abstract et le texte entier ici)

On sait depuis longtemps qu'avant la ménopause, chez la femme, le risque d’apparition des maladies cardiovasculaires est, à âge équivalent, moins prononcé que chez l’homme, cette dissemblance étant consécutive à l’action cardioprotectrice majeure exercée par le 17-β-estradiol (E2). Les actions bénéfiques cardiovasculaires de cette hormone oestrogénique s’exercent sur deux molécules cibles présentes dans l’endothélium vasculaire: le récepteur oestrogénique bêta (ERβ), et, surtout, son homologue alpha (ERα).

Des études épidémiologiques ont également montré que des régimes riches en polyphénols, notamment ceux que l’on trouve dans le vin rouge, réduisent le risque cardiovasculaire. Un extrait polyphénolique du vin rouge, le Provinols TM, et une anthocyane qui en est également extraite, la delphinidine, sont connus pour favoriser la production d’oxyde nitrique NO par l’endothélium vasculaire et entraîner ainsi une vasodilatation.

Le mécanisme d’action des polyphénols sur l’endothélium vasculaire n’était jusqu’à présent qu’imparfaitement compris. On savait seulement qu’ils augmentaient les taux de calcium intracellulaire et activaient les tyrosine kinases. Mais la molécule cible de ces polyphénols restait à préciser.

Le travail français de Chalopin et coll., que l’on doit à des scientifiques d’Angers, de Strasbourg et de Toulouse, répond à la question posée.

En utilisant un modèle animal, en l’occurrence des souris déficientes en récepteurs de l’isoforme alpha du récepteur oestrogénique (ERα), les auteurs démontrent que les polyphénols du vin rouge exercent leurs effets bénéfiques cardiovasculaires en activant précisément ce récepteur oestrogénique alpha (ERα). L’activation donne ensuite lieu à une production endothéliale d’oxyde nitrique NO et à une vasodilatation.

On avait ainsi connaissance des similarités de structure qui rapprochent les oestrogènes naturels des polyphénols, aussi dénommés phyto-oestrogènes. On voit que les uns et les autres peuvent avoir également des modalités d’action similaires.

Commentaire du blog

De nombreuses études montrent par ailleurs qu’une consommation accrue de fruits et légumes réduit nettement l’incidence des maladies coronariennes et cérébro-vasculaires. Les autorités sanitaires ont mis au point des recommandations. Aux Etats-Unis, le plan destiné à accroître la consommation de fruits et de légumes se nomme «DASH diet» (Dietary Approaches to Stop Hypertension).

Selon des auteurs en nombre croissant, (Richardson et al., 2002; Tsuchiya et al., 2004; Lundberg et al., 2006; von Velzen et al., 2008; Webb et al., 2008; Wink et al., 2008; Wink and Paolocci, 2008; Bryan, 2009; Raat et al., 2009; Ralt, 2009), les nitrates NO3- présents en grande quantité dans les légumes sont les constituants qui rendent compte de leurs effets bénéfiques cardiovasculaires; ils en rendent compte par l’intermédiaire de leurs dérivés, les nitrites et l’oxyde nitrique NO.

Ainsi il semble bien que ce radical oxyde nitrique NO soit situé au carrefour de diverses actions bénéfiques cardiovasculaires, que celles-ci proviennent initialement des oestrogènes naturels, des polyphénols du vin rouge ou encore des nitrates des légumes.

This entry was posted in Effet bénéfique cardiovasculaire, Etude expérimentale and tagged , , , , , , , , , , , , , , . Bookmark the permalink.

Comments are closed.