Nitrate et abandons de captage

Fabrégat, S. (2012) Eau potable: les causes d’abandon de captage passées à la loupe. Actu-Environnement. 6 mars 2012

(voir l'article ici)

Dans sa parution du 6 mars 2012, Actu-Environnement, titre de presse d’information professionnelle «spécialisé sur l’Environnement et le Développement Durable», fournit, sur Internet, des données chiffrées concernant les abandons de captage en France et leurs causes.

La France compte quelque 34000 captages, qui produisent chaque jour 18 millions de m3 d’eau destinée à la consommation humaine.

Selon une enquête nationale réalisée par la Direction Générale de la Santé [DGS], près de 440 captages ont été abandonnés chaque année entre 1998 et 2008. Une nouvelle enquête nationale est lancée en 2009 afin d’en préciser les raisons.

Il se trouve que la première cause d’abandon de captage en France provient d’une insuffisance de qualité de ressource. C’est le cas de 41% de ces abandons de captage.

13 % des abandons de captage sont liés à des questions de microbiologie et de turbidité. Moins de 10 % des abandons de captage sont liés à la dégradation ou la vétusté des ouvrages. 19 % des abandons de captage sont liés à des «pollutions diffuses d’origine agricole», c’est-à-dire aux nitrates et/ou aux pesticides.

Les nombres des abandons de captage diffèrent beaucoup d’un département à l’autre. Ainsi, dans cette enquête, on ne note aucun abandon dans le Val-de-Marne (94), alors qu’on en compte 197 dans le département de la Savoie (73). Les nombres des abandons de captage sont également élevés dans les départements de l’Ardèche, de l’Ariège, de l’Aude, de l’Eure-et-Loir, de la Haute-Corse, de la Haute-Savoie, de la Lozère, des Pyrénées-Orientales et du Tarn.

La microbiologie et la turbidité seraient une cause d’abandon en zone montagneuse et/ou karstique, dans la région Rhône-Alpes, en Ariège et dans le Tarn. La présence d’arsenic, provenant de roches volcaniques, serait évoquée dans le Limousin, le Massif Central et la Savoie. Les «pollutions diffuses» par les nitrates et/ou pesticides constituent la cause la plus fréquente des fermetures dans 46 départements français. Elles sont surtout constatées dans les zones de plaine et/ou d’élevage du Nord de la France, notamment la Beauce, le Bassin Armoricain et le Bassin Parisien, ainsi qu’en Charente-Maritime.

L’article comporte une carte de la France et de ses départements intitulée: «Répartition des causes d'abandons de captages liés à la qualité de la ressource». Cette carte permet de se faire une certaine idée de la fréquence avec laquelle la présence de nitrate NO3- dans l’eau est à l’origine des abandons de captage. La responsabilité des nitrates est signalée dans tous les départements situés au Nord de la Loire, et dans un certain nombre de départements situés au Sud de celle-ci, tels l’Allier, l’Aveyron, la Charente-Maritime, le Cher, le Gard, la Haute-Garonne, la Gironde, le Lot, le Lot-et-Garonne, le Tarn, le Tarn-et-Garonne et la Vendée.

Selon la Direction Générale de la Santé [DGS], ces captages sont abandonnés «au profit de réseaux d’alimentation en eau destinée à la consommation humaine interconnectés ou de captages mieux sécurisés, plus facilement protégeables ou prélevant une ressource naturellement de meilleure qualité».

Le Commissariat Général au Développement Durable [CGDD] souligne le coût des fermetures de captage. Il convient de prendre en compte:

- les coûts d’investissement pour la création de nouveaux points de prélèvement,

- et les surcoûts d’exploitation permanents, les nouveaux captages étant plus éloignés des agglomérations que les anciens, et les coûts de transport des eaux brutes vers les installations de potabilisation et de distribution étant dès lors augmentés.

Selon le Commissariat Général au Développement Durable [CGDD], le surcoût permanent des abandons de captage est évalué «dans une fourchette de 0.04 à 0.10 euro par m3, et ne concerne pas moins de 10 % de l’eau mobilisée. Sur la base du chiffre de 6 milliards de m3 de prélèvements annuels pour l’eau potable, ce surcoût annuel est ainsi estimé entre 24 et 60 millions d’euros, sans prise en compte des externalités sanitaires de cette pratique.»

Commentaire du blog

Les rubriques du 4 et 8 décembre 2011 se sont récemment intéressées à un document qui, publié sous l’égide du Commissariat Général au Développement Durable [CGDD], permettait de se faire une idée du coût, pour notre pays, de la réglementation des nitrates dans l’eau de boisson.

Dans ce document précédemment analysé, le coût des abandons de captage liés aux nitrates étaient inclus dans l’ensemble des coûts des «traitements de potabilisation liés aux nitrates», ces derniers dans leur ensemble, rappelons-le, étant évalués, en France métropolitaine, entre 120 et 360 millions d’euros par an.

Le lecteur pourra se reporter au commentaire de notre blog développé dans la rubrique du 8 décembre 2011.

La conclusion peut en être rappelée: Toutes ces dépenses liées aux nitrates sont strictement et totalement inutiles. Le temps est venu d'arrêter un immense gâchis.

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