Polyarthrite rhumatoïde, nitrates alimentaires et fonction artérielle

Crilly, M.A. and McNeill, G. (2012) Arterial dysfunction in patients with rheumatoid arthritis and the consumption of daily fruits and daily vegetables. European Journal of Clinical Nutrition 66, 345-352

(voir l'abstract ici)

La mortalité cardiovasculaire affecte plus les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde que la population générale [Avina-Zubieta et al., 2008].

Les auteurs écossais [Aberdeen, Royaume-Uni] étudient 114 patients [âge moyen: 54 ans] atteints de polyarthrite rhumatoïde [durée moyenne de l’affection: 10 ans]. Ils les soumettent à un questionnaire simple: «Combien de fois par jour ou par semaine mangez-vous des légumes autres que des pommes de terre?» et «Combien de fois par jour ou par semaine mangez-vous des fruits?». Ils comparent les 83 patients consommant quotidiennement des légumes et des fruits aux 31 autres qui en consomment moins d’une fois par jour.

Ils évaluent la fonction artérielle par un monitorage hémodynamique non invasif. En analysant les ondes de pouls en regard de l’artère radiale par tonométrie artérielle d’aplanation, ils mesurent un «index d’augmentation» [AIX%], reflet de la rigidité artérielle; plus l'index d'augmentation est élevé, plus la rigidité artérielle est considérée comme prononcée.

Il se trouve que, chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde, l’index d’augmentation [AIX%] est significativement plus bas lorsque la consommation des légumes se produit une fois par jour, ou plusieurs fois par jour. Il n’est pas, par contre, significativement modifié par le rythme de la consommation des fruits [The self-reported daily consumption of vegetables (but not of daily fruits) was associated with a more favourable arterial function (lower AIX%) than in individuals reported less than daily consumption].

Les auteurs évoquent le rôle possible des nitrates alimentaires. Selon eux, chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde, les nitrates alimentaires pourraient être à l’origine d’une meilleure élasticité artérielle lorsque la consommation de légumes a régulièrement lieu au moins une fois par jour [The recent elucidation of the «enterosalivary circulation of nitrate» provides a biologically plausible explanation for these findings, particularly as vegetables are the major source of nitrates in the diet].

Commentaire du blog

Au cours de leur commentaire, les auteurs signalent brièvement la production endogène du NO artériel sous l’effet de l’action enzymatique de la NO synthase. On sait que cette production endogène est nettement accrue par les activités physiques et sportives.

Les auteurs expliquent qu’ayant évalué l’activité physique des sujets à l’aide du questionnaire de Godin [Godin physical activity questionnaire] et l’ayant incluse (au même titre que l’âge, le sexe, la tension artérielle, la cholestérolémie, la consommation d’alcool et de tabac, la présence de nodules rhumatoïdes, la vitesse de sédimentation, le niveau d’incapacité et le niveau d’éducation) dans une analyse statistique multivariée, ils ont constaté que la différence d’élasticité artérielle en fonction de l’importance de la consommation des légumes persistait.

Une question mérite peut-être d’être posée: La méthode statistique employée par les auteurs leur a-t-elle vraiment permis d’être certains que, dans leurs deux groupes de patients, la synthèse endogène d’oxyde nitrique NO (et de nitrate NO3-) était identique, voisine ou comparable? Pour le dire autrement: A l’origine de la différence qu’ils ont enregistrée, la synthèse endogène d’oxyde nitrique NO (et de nitrate NO3-) par la voie de la NO synthase ne peut-elle pas avoir également joué un rôle?

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