Santé cardiovasculaire et nitrate – Revue (1)

Lundberg, J.O., Carlström M., Larsen, F.J. and Weitzberg, E. (2011) Roles of dietary inorganic nitrate in cardiovascular health and disease. Cardiovascular Research 89, 525-532

La rubrique du 23 mars 2010 annonçait la parution en février 2011 d’un numéro spécial du journal de la Société Européenne de Cardiologie, «Cardiovascular Research», consacré à la place des ions nitrate et des ions nitrite en physiologie et pathologie cardiovasculaires.

Sous presse, cet article en fait partie; il est, dès maintenant, disponible (voir l’abstract ici).

Cette revue générale des effets cardiovasculaires des nitrates alimentaires suit le plan suivant :

- Introduction – Les deux principales sources de nitrates : l’alimentation et la NO synthase

- Le métabolisme des nitrates – Nitrate et lésions d’ischémie-reperfusion

- Effets hypotenseurs et cardioprotecteurs des nitrates

- Nitrate, mitochondries et consommation d’oxygène

- Nitrate, NO synthase endothéliale et syndrome métabolique

- Aspects nutritionnels

- Conclusion et perspectives d’avenir.

Nos différentes rubriques ont déjà abordé tous ces sujets. A toutes les personnes intéressées, nous suggérons de prendre connaissance de l’ensemble de l’article. Il fait un point global sur la question avec, à la fois, précision et clarté.

Il comporte un certain nombre de considérations susceptibles de retenir l’attention.

L’introduction commence, par exemple, par ces lignes:

«Depuis un demi-siècle, les nitrates (NO3-) et les nitrites (NO2-) sont considérés comme des constituants toxiques de notre alimentation, en raison de leur rôle supposé dans le développement du cancer de l’estomac et d’autres pathologies malignes. De ce fait, les teneurs de ces anions dans notre alimentation et dans notre eau de boisson sont l’objet d’une stricte réglementation. […] Au milieu des années 1980, l’intérêt prêté au rôle biologique de ces ions a été bouleversé par la découverte de leur synthèse endogène. Quelques années plus tard, individualisant la voie de la L-arginine-NO synthase (NOS), on s’est aperçu qu’elle constituait la source majeure des nitrates et nitrites endogènes, l’oxyde nitrique (NO) étant rapidement transformé en ses composants d’oxydation. Les nitrates et les nitrites furent alors utilisés comme des marqueurs de la production de NO, l’idée sous-jacente étant qu’ils étaient seulement des produits finaux, stables et inactifs, du métabolisme du NO. Une telle conception est actuellement en train de changer: il devient clair que les ions nitrate et nitrite peuvent être eux-mêmes, progressivement et en retour, réduits in vivo en NO et autres oxydes d’azote. Plusieurs lignes de recherche convergent dans la description d’une voie nitrate-nitrite-NO dont on mesure l’importance à la fois physiologique, nutritionnelle et thérapeutique. Cette autre voie métabolique agit en complément de la voie «classique» L-arginine-NOS-NO, spécialement en condition hypoxique quand les isoformes oxygène-dépendants de la NO synthase ne peuvent fonctionner correctement.»

[Dietary inorganic nitrate (NO3-) and nitrite (NO2-) have for half a century been considered toxic constituents in our diet because of their proposed role in development of gastric cancer and other malignancies. For this reason the levels of these anions are strictly regulated in our food and drinking water. […] The interest in their biological role was sparked by the findings in the mid 1980s showing that these anions are generated endogenously in our bodies. A few year later, the L-arginine-nitric oxide synthase (NOS) pathway was discovered and this system was found to be the major source of endogenous nitrate and nitrite, since nitric oxide (NO) is rapidly oxidized to these higher nitrogen oxides. This fact has led to the extensive use of nitrate and nitrite as markers of NO production, with the notion that they are solely inactive and stable end-products of NO metabolism. However, this view is currently changing since it it is now clear that nitrate and nitrite can be serially reduced in vivo back to NO and other bioactive nitrogen oxides. Several lines of research now converge into a picture describing a nitrate-nitrite-NO pathway with physiological, nutritional and therapeutical importance. This pathway is complementing the “classical” L-arginine-NOS-NO pathway, especially under hypoxic conditions when the oxygen-dependent NOS-isoforms may be dysfunctional.]

Commentaire du blog

Historiquement, on retiendra, ainsi, la succession des quatre découvertes successives :

1 Présence des nitrates dans l’alimentation

2 Synthèse endogène des nitrates (dès 1916 par Mitchell (rubrique du 16 novembre 2010), oubliée, puis redécouverte au milieu des années 1980)

3 Voie de la L-arginine-NO synthase-NO (entre 1985 et 1993)

4 Voie nitrate-nitrite-NO (milieu des années 1990)

Depuis l’avis de l’OMS rendu en 1993, la seule raison encore invoquée par les autorités administratives internationales pour réglementer la teneur des anions nitrate dans l’alimentation n’est nullement le risque carcinogène, jamais démontré, mais le risque méthémoglobinémique, susceptible, en effet, d’atteindre le nourrisson avant l’âge de six mois. En réalité, comme l’ont montré les rubriques du 19 février, du 7 mai et du 11 mai 2010, ce deuxième risque est également inexistant lorsque les anions nitrate sont apportés avec l’eau d’adduction publique.

(A suivre)

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