Nitrate, flore salivaire, migraine

Gonzalez, A., Hyde, E., Sangwan, N., Gilbert, J.A., Viirre, E. and Knight, R. (2016) Migraines are correlated with higher levels of nitrate-, nitrite-, and nitric oxide-reducing oral microbes in the American Gut Project Cohort. mSystems 1, e00105-16

(voir l'article entier ici)

Depuis plus de cent ans, les praticiens utilisent les esters d’acide nitrique, de structure chimique R-O-NO2, connus sous le nom de «nitrates organiques», dans le traitement des maladies coronariennes. Citons la nitroglycérine ou trinitrine et le dinitrate d’isosorbide.

Un de leurs inconvénients est d’être assez souvent pourvoyeurs de céphalées ou de migraines. L’histoire des céphalées de la nitroglycérine, et des rôles qu’ont joués dans leur description Ascanio Sobrero, Alfred Nobel et William Murrel, a été présentée dans la rubrique du 19 janvier 2010.

A la fin des années 1970, les travaux de Ferid Murrad, de même que ceux de Louis Ignarro, ont montré que les effets bénéfiques des «nitrates organiques» et leurs effets indésirables représentés par les céphalées, étaient les uns et les autres consécutifs à la libération d’oxyde nitrique NO et à son action vasodilatatrice

On sait, par ailleurs, que le métabolisme des ions nitrate NO3- d’origine alimentaire les fait passer dans la salive à la suite d’un cycle entérosalivaire. En présence des germes de la flore buccale, les nitrates salivaires sont, en partie, transformés en nitrites salivaires. Les nitrites salivaires sont déglutis. Dans le milieu acide de l’estomac, les ions nitrite NO2- sont eux-mêmes transformés en oxyde nitrique NO.

Les auteurs américains [San Diego, Californie] se demandent ainsi s’il existe ou non un lien entre la population bactérienne de la flore buccale et le terrain migraineux.

Les patients proviennent de la cohorte de l’«American Gut Project» (nombre de sujets non précisé). Les bactéries étudiées sont celles de la flore buccale et celles des fèces. Les auteurs font appel à des techniques de séquençage d’ARN haut débit.

Les auteurs mettent en évidence

- dans la flore buccale, une plus grande abondance de bactéries nitratoréductrices, nitritoréductrices et réductrices d’oxyde nitrique chez les sujets migraineux que chez les sujets non migraineux, la différence étant nette et statistiquement significative.

- dans les selles, une plus grande abondance de bactéries nitratoréductrices, nitritoréductrices et réductrices d’oxyde nitrique chez les sujets migraineux que chez les sujets non migraineux, la différence étant légère, quoique encore significative

[Using high-throughouput sequencing technologies, we detected observable and significantly higher abundances of nitrate, nitrite, and nitric oxide reductase genes in migraineurs versus nonmigraineurs in samples collected from the oral cavity and a slight but significant difference in fecal samples].

Ces premiers résultats laissent envisager, disent les auteurs, un lien éventuel entre d’une part les bactéries réductrices de nitrate, de nitrite et d’oxyde nitrique, d’autre part les migraines. [These results show for the first time a potential link between bacterial nitrate, nitrite and nitric oxide reducers and migraines […]]. Des études complémentaires sont souhaitables.

Commentaire du blog

Les résultats méritent d’être confirmés.

Le raisonnement à l’origine de l’étude laisse dubitatif. Même ingérés à fortes doses (jusqu’à 8120 mg NO3- en une prise (Ellen et coll., 1982)), on sait que les nitrates NO3- alimentaires ne provoquent pas de céphalées.

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