Les nitrates dans la salive des rats

Djekoun-Bensoltane, S., Kammerer, M., Larhantec, M., Pilet, N. and Thorin, C. (2007) Nitrate and nitrite concentrations in rabbit saliva. Comparison with rat saliva. Environmental Toxicology and Pharmacology 23, 132-134.

(voir l'abstract ici)

Dans un document de 2007, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a annoncé (voir notre rubrique du 27 novembre 2009) qu’elle renonçait désormais à sa Dose Journalière Admissible (DJA) pour les nitrates.

Rappelons qu’en 1992, au nom de la Commission de la Communauté européenne, le Comité Scientifique de l’Alimentation Humaine (CSAH) a, quant à lui, fixé une DJA pour les nitrates, identique à celle de l’OMS de 1962. Il l’a alors établie en prenant en compte une étude sur des rats (Maekawa et coll., 1982), et en lui appliquant un coefficient de sécurité, non pas de 100, mais de 500. Cette mesure de prudence lui apparaissait opportune, l’homme et le rat étant censés avoir des « différences métaboliques » ; contrairement à l’homme, le rat aurait, en effet, la réputation de ne pas sécréter activement les ions nitrates dans sa salive.

C’est en raison de ces mêmes possibles « différences métaboliques » entre l’homme et le rat que l’OMS a pris finalement sa décision de renonciation en 2007.

Un doute est cependant permis. Les documents émanant des organisations internationales ne fournissent pas de référence bibliographique concernant cette sécrétion salivaire active ou cette absence de sécrétion salivaire active des nitrates chez le rat. Par ailleurs, il est curieux de remarquer que, tout comme l’homme, le rat possède, à la partie postérieure de la langue, de profonds sillons, sièges de nombreuses bactéries nitrato-réductrices.

Djekoun-Bensoltane et coll. étudient les concentrations de nitrates NO3- dans le plasma et dans la salive de 21 lapines dont l’eau de boisson, accessible pendant 11 semaines, contient soit 1, soit 300, soit 600 mg de NO3- par litre. Au terme de l’étude, dans les trois groupes, les taux plasmatiques moyens en nitrate sont respectivement de 0,5 2,1 et 4,6 mg de NO3- par litre. Dans les trois groupes, les taux salivaires moyens en nitrates sont respectivement de 3,7 10,9 et 30,1 mg de NO3- par litre. La salive contient ainsi, en moyenne, 7,4 5,1 et 6,5 fois plus de nitrates que le plasma.

Les auteurs démontrent bien que, comme l’homme, le lapin bénéfice d’une sécrétion active de nitrates dans la salive.

Leur étude porte également sur 12 rats (6 mâles et 6 femelles), mis dans les mêmes conditions. A la fin de ces 11 semaines, dans les trois groupes, les taux salivaires moyens en nitrates sont, respectivement de 2,3 31,9 et 26,8 mg NO3- par litre. Pour des raisons techniques (impossibilité de prélever 2 ml de sang), les mesures des taux de nitrates dans le plasma ne peuvent être simultanément effectuées.

Commentaire du blog

On peut regretter que les mesures des taux de nitrates dans le plasma des rats n’aient pu être simultanément effectuées. Elles auraient permis d’apporter une réponse à la question posée, celle de l’existence ou non, dans cette espèce, d’une sécrétion active de nitrates dans la salive.

Mais, que cette sécrétion active existe ou non, remarquons un point d’importance : en cas de forts apports alimentaires nitratés, les taux des ions NO3- dans la salive du rat ont la possibilité d’être plus que décuplés.  

This entry was posted in Etude expérimentale, Législation, Taux de nitrates dans l'organisme and tagged , , , , , , , , . Bookmark the permalink.

Comments are closed.