Brossage de dents au triclosan et nitrites salivaires

Bondonno, C.P., Croft, K.D., Puddey, I.B., Considine, M.J., Yang, X., Ward, N.C. and Hodgson, J.M. (2012) Nitrate causes a dose-dependent augmentation of nitric oxide status in healthy women. Food and Function 3, 522-527

(voir l'abstract ici)

En 1996, une équipe hollandaise signalait que le recours aux bains de bouche antibactériens à la chlorhexidine a pour effet d’inhiber la conversion intrabuccale des nitrates NO3- en nitrites NO2-. Une charge orale de 235 mg de NO3- fait monter, vers la soixantième minute, le taux salivaire en nitrite jusqu’à 40 mg NO2- l-1, mais si la même charge en nitrate est précédée d’un bain de bouche à la chlorhexidine à 0.2%, la teneur salivaire en nitrite reste inchangée, aux alentours de 1 mg NO2- l-1.

Observé avec la chlorhexidine, cet effet ne semble cependant pas commun à tous les antibactériens. Avant la même charge nitratée, l’utilisation d’un bain de bouche contenant 0.03% d’un antibactérien comme le triclosan [2, 4, 4’-trichloro-2’-hydroxydiphenyl ether], ou celle encore d’un dentifrice contenant les deux agents antibactériens que sont le triclosan à 0.3% et le citrate de zinc à 0.75%, apparaissent dénuées, l’une et l’autre, d’une action inhibitrice sur la conversion intrabuccale des nitrates en nitrites [van Maanen et coll., 1996].

Dans ce nouveau travail, les auteurs australiens [Perth, Australie Occidentale] étudient les répercussions que des doses orales croissantes en nitrate de sodium exercent, chez 16 femmes adultes (âge moyen: 52 ans) en bonne santé, sur les teneurs plasmatiques et sur les teneurs salivaires en nitrate NO3- et en nitrite NO2-. Ils cherchent aussi à savoir si l’usage d’un dentifrice contenant 3% de triclosan modifie ou non les résultats.

Deux heures et demie [150 min.] après des charges orales de 0, 100, 200 et 400 mg de NO3-, les concentrations plasmatiques respectives en nitrate NO3- sont, en moyenne, de 1.5, 4.6, 6.8 et 10.8 mg NO3- l-1.

Deux heures et demie [150 min.] après des charges orales de 0, 100, 200 et 400 mg de NO3-, les concentrations plasmatiques respectives en nitrite NO2- sont, en moyenne, de 2.8, 3.7, 6.0 et 10.8 μg NO2- l-1.

Deux heures [120 min.] après des charges orales de 0, 100, 200 et 400 mg de NO3-, les concentrations salivaires respectives en nitrate NO3- sont, en moyenne, de 12.4, 17.0, 20.1 et 37.2 mg NO3- l-1.

Deux heures [120 min.] après des charges orales de 0, 100, 200 et 400 mg de NO3-, les concentrations salivaires respectives en nitrite NO2- sont, en moyenne, de 2.3, 4.6, 6.0 et 10.3 mg NO2- l-1.

Les auteurs observent ainsi un lien statistique linéaire entre les apports oraux en nitrate et les teneurs salivaires en nitrite [Our study has demonstrated that increasing nitrate intake results in a dose-related increase in nitrate reduction in the mouth]. L’activité bactérienne nitrato-réductrice ne faiblit pas, même lors de fortes concentrations salivaires en nitrate [This indicates that nitrate reductase activity is not saturated within this range of intakes].

Il leur paraît donc vraisemblable que, chez l’homme, l’augmentation des apports en nitrate soit suivie d’effets bénéfiques en proportion des doses ingérées [These data are consistent with the suggestion that increases in nitrate intake would produce dose-related improvements in physiological outcomes].

Leur étude portant sur l’effet du triclosan confirme, par ailleurs, les données recueillies seize années plus tôt par l’équipe hollandaise. Après une charge orale de 400 mg de NO3- et un brossage de dents pendant 3 minutes avec une pâte contenant 0.3% de triclosan, les teneurs plasmatiques en nitrate NO3- et en nitrite NO2-, vérifiées à la cent cinquantième minute, comme les teneurs salivaires en nitrate NO3- et en nitrite NO2-, vérifiées à la cent vingtième minute, restent identiques à ce qu’elles sont après la charge orale de 400 mg de NO3- sans triclosan.

Commentaire du blog

Notons une différence entre les précédents résultats de van Maanen et coll. (1996) et ceux que présentent cette année Bondonno et coll. (2012).

Dans la première étude, en effet, 60 minutes après une charge orale de 235 mg de NO3-, la concentration salivaire en nitrite est évaluée à 40 mg NO2- l-1. Dans l’étude que viennent de publier les auteurs australiens, 120 minutes après une charge orale de 400 mg de NO3-, la même concentration salivaire en nitrite n’est évaluée qu’à 10.3 mg NO2- l-1.

Cette discordance ne semble pas à mettre sur le compte de délais différents; après charge nitratée, les concentrations salivaires en nitrite ont l’habitude de faire preuve de stabilité entre la première et la deuxième heures [Wagner et coll., 1983; Korboyer et coll., 1995; Mowat et coll., 1999].

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