L’île d’Okinawa et ses secrets

Sobko, T., Marcus, C., Govoni, M. and Kamiya, S. (2010) Dietary nitrate in Japanese traditional foods lowers diastolic blood pressure in healthy volunteers. Nitric Oxide 22, 136-140.

(Lire l'abstract ici)

L’île d’Okinawa est située à l’extrémité méridionale du Japon, non loin de Taiwan. Aux dires des statistiques, ses habitants bénéficient de la plus importante longévité qui soit au monde, particularité qui attire, bien sûr, légitimement la curiosité. Elle s’expliquerait, au moins en partie, par une faible incidence des maladies cardiovasculaires, elle-même liée au régime traditionnel japonais prisé par la population.

Associant riz, soja, poissons, fruits de mer, et légumes en quantité, le régime traditionnel japonais est spécialement riche en nitrates.

Les auteurs proposent à 25 volontaires japonais en bonne santé (moyenne d’âge : 36 ans) de se soumettre à une étude en cross-over, avec, dans un ordre tiré au sort, 10 jours de régime standard et 10 jours de régime japonais traditionnel.

Lorsque le régime est standard, les apports alimentaires en nitrates restent inférieurs à la Dose Journalière Admisssible (DJA), fixée en 1962 à 3,7 mg /kg de poids corporel par le Comité d’experts sur les Additifs Alimentaires de l’OMS et de la FAO. Lorsque le régime est conforme à la tradition japonaise, ils lui sont, par contre, en moyenne, cinq fois supérieurs : 18,8 mg/kg de poids corporel.

A la fin des périodes alimentaires, le taux plasmatique en nitrates est trouvé plus important après le régime traditionnel japonais qu’après le régime standard : en moyenne et respectivement : 6,5 et 2,4 mg NO3- par litre. Il en est de même pour le taux plasmatique en nitrites, le taux salivaire en nitrates, et le taux salivaire en nitrites : en moyenne et respectivement : 8,2 et 5,5 μg NO2- par litre, 37 et 12 mg NO3- par litre, 6,1 et 3,3 μg NO2- par litre.

A la fin de chacune des périodes alimentaires, la pression systolique n’apparaît pas modifiée de façon significative. Par contre, chez les sujets qui terminent leurs 10 jours de régime japonais traditionnel, la pression diastolique se trouve être inférieure de 4,5 mm Hg  à celle des sujets achevant leurs 10 jours de régime standard : en moyenne,  respectivement : 71,3 et 75,8 mm Hg.

Les auteurs rapprochent leur étude de celle de Larsen et coll. (2006) ; celle-ci avait montré, chez 17 volontaires sains qui, pendant 3 jours, avaient ingéré 400 mg par jour de nitrate NO3-, une baisse moyenne de la pression diastolique de 3,7 mm Hg. A l’instar de Larsen et coll. (2006), ils considèrent que ce ne sont nullement les antioxydants, les polyphénols ou le potassium, qui, chez les sujets étudiés, exercent l’effet hypotenseur ; c’est l’ion nitrate [This convincingly suggests that it is nitrate and not antioxidant, polyphenols or potassium that is responsible for the blood pressure effect].

Pour conclure, les auteurs s’interrogent sur le bien-fondé des régulations actuelles sur les nitrates. [The data supporting the toxicity of nitrates and nitrites for healthy adolescent and adult populations is questionable, as is the scientific basis for exposure regulations for nitrate and nitrite – Time might have come to re-evaluate the ADI (Acceptable Daily Intake) recommendations regarding nitrate consumption.]  

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