Epinard et pomme conjuguent-ils leurs effets?

Bondonno, C.P., Yang, X., Croft, K.D., Considine, M.J., Ward, N.C., Rich, L., Puddey, I.B., Swinny, E., Mubarak, A. and Hodgson, J.M. (2012) Flavonoid-rich apples and nitrate-rich spinach augment nitric oxide status and improve endothelial function in healthy men and women: a randomized controlled trial. Free Radical Biology and Medicine 52, 95-102

(voir l'abstract ici)

Les épinards sont riches en nitrate. La pomme est riche en flavonoïdes. Par l’intermédiaire du cycle entérosalivaire, les ions nitrate NO3- des épinards sont transformés en ions nitrite NO2-.

Dans une étude qu’ils ont publiée en 2008, les auteurs australiens [Perth, Australie] ont déjà montré que des flavonoïdes comme la quercétine et la (–)-épicatéchine présentes en forte concentration dans l’épicarpe de la pomme, augmentent dans l’estomac la production d’oxyde nitrique NO à partir de l’ion nitrite NO2-.

Dans une étude randomisée, en cross over, ces auteurs poursuivent leur enquête. Ils fournissent à 30 sujets sains et volontaires

- soit un apport alimentaire pauvre en nitrates et en flavonoïdes (groupe contrôle),

- soit un apport alimentaire riche en nitrate et pauvre en flavonoïdes (groupe «épinards»),

- soit un apport alimentaire pauvre en nitrates et riche en flavonoïdes (groupe «pomme»),

- soit un apport alimentaire riche en nitrates et en flavonoïdes (groupe «épinards + pomme»).

Le groupe «épinards» reçoit 182 mg de nitrate. Le groupe «pomme» reçoit 184 mg de quercétine et 180 mg de (–)-épicatéchine. Le groupe «épinards + pomme» reçoit au total 182 mg de nitrate, 184 mg de quercétine et 180 mg de (–)-épicatéchine.

Mesurant, entre autres, après ces différents apports alimentaires, la teneur plasmatique en nitrite NO2- et la tension artérielle, ils s’attendent à ce que les effets enregistrés dans le groupe «épinards + pomme» correspondent à la somme des effets enregistrés dans le groupe «épinards» et des effets enregistrés dans le groupe «pomme».

Cent quarante minutes après l’apport alimentaire, la teneur plasmatique moyenne en nitrite est, respectivement, pour les groupes «épinards + pomme», «épinards», «pomme» et «contrôle» de 3.7, 4.6, 3.9 et 1.6 mg NO2- l-1.

De cent à deux cents minutes après l’apport alimentaire, la tension artérielle systolique est, en moyenne et respectivement, pour les groupes «épinards + pomme», «épinards», «pomme» et «contrôle» de 112, 110, 109 et 113 mm Hg. Aucun effet significatif n’est observé sur la pression diastolique.

Par rapport au contrôle, l’augmentation de la vasodilatation flux-dépendante [flow-mediated dilatation], mesurée à l’artère brachiale, est, en moyenne, et respectivement, dans les groupes «épinards + pomme», «épinards» et «pomme» de 0.9 %, 0.5 % et 1.1 %.

Ainsi, si l’apport en nitrate et l’apport en flavonoïdes améliorent, chacun, le statut en NO [nitric oxide status], il semble qu’ils le fassent indépendamment l’un de l’autre. Contrairement à l’hypothèse de départ, les apports conjoints de nitrate et de flavonoïdes ne semblent pas conjuguer leurs effets. Ceux-ci auraient même tendance à s’inhiber [A significant interaction between interventions was observed, but the nature of the interaction indicated inhibition rather than synergism. Thus, although both the apple and the spinach interventions provided benefits to NO status, endothelial function, and blood pressure, when provided together the two interventions did not result in additive effects]. Pour expliquer une telle inhibition, imprévue, les auteurs en sont réduits aux conjectures. Ils se demandent, par exemple, si l’augmentation de la production d’oxyde nitrique NO à partir des ions nitrite provoquée dans l’estomac par l’apport en flavonoïdes ne pourrait pas contribuer, en réalité, à diminuer l’absorption des mêmes ions nitrite dans la circulation sanguine [A possible explanation for the reduced, but still significant, effects is that administering the flavonoid-rich apples and nitrate-rich spinach simultaneously resulted in augmentation of NO production from nitrite in the acidic environment of the stomach with less nitrite being available for absorption into the circulation]. L’explication reste, bien sûr, à vérifier.

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