La production intrabuccale en nitrite est-elle plus forte chez la femme que chez l’homme?

Kapil, V., Syed, M., Pearl, V., Allaker, R. and Ahluwalia, A. (2011) Interruption of the entero-salivary metabolism of nitrate to nitrite increases blood pressure in healthy volunteers. Atlanta Nitrite 2011 Meeting Abstracts. P51. Nitric Oxide 24, S35

L’étude des auteurs britanniques [Londres, Royaume-Uni] concerne 19 sujets, 11 hommes et 8 femmes. Elle consiste à renforcer puis à freiner le cycle entérosalivaire des nitrates afin d’en apprécier les conséquences sur les teneurs plasmatiques et salivaires en nitrate [NO3-] et nitrite [NO2-] ainsi que sur la tension artérielle.

Elle comporte deux phases:

Première phase: renforcement du cycle entérosalivaire des nitrates.

Pendant un temps de 1-5 minutes, les sujets gardent dans leur cavité buccale une solution de nitrate de potassium riche en nitrate (49.6 et 496 mg NO3- l-1). Le contenu buccal est ensuite analysé. La tension artérielle est vérifiée pendant un repos d’une heure puis pendant 7 jours en ambulatoire.

Deuxième phase: atténuation du cycle entérosalivaire des nitrates

Les mêmes opérations sont réalisées, mais précédées d’une période de 7 jours, pendant laquelle les sujets reçoivent deux fois par jour un bain de bouche antiseptique [10 ml de gluconate de chlorhexidine [CorsodylR]

Les résultats obtenus sont les suivants:

Première phase:

Teneur plasmatique moyenne en nitrite:

Chez la femme: 19.78 μg NO2- l-1

Chez l’homme: 16.56 μg NO2- l-1

Teneur salivaire moyenne en nitrite:

Chez la femme: 17.94 μg NO2- l-1

Chez l’homme: 11.96 μg NO2- l-1

La production de nitrite dans la cavité buccale est environ 2 fois plus importante chez la femme que chez l’homme [Females exhibited higher oral nitrite production compared to males (2 ~ fold for 49.6 et 496 mg NO3- l-1, p <0.01 for both)].

Tension artérielle systolique moyenne au repos, la première heure

Chez la femme: 105 mm Hg

Chez l’homme: 113 mm Hg

Tension artérielle systolique moyenne en ambulatoire

Chez la femme: 115 mm Hg

Chez l’homme: 122 mm Hg

Deuxième phase:

Les teneurs plasmatiques et salivaires en nitrite se trouvent réduites de manière significative dans les deux sexes. Après 7 jours d’antisepsie buccale, la production de nitrite dans la cavité buccale devient 10 fois moins importante chez la femme, 6 fois moins importante chez l’homme.

Par ailleurs, à la première heure, au repos, la tension artérielle systolique moyenne est trouvée plus élevée que lors de la première phase, l’élévation étant de 5.2 mm Hg chez la femme, de 2.2 mm Hg chez l’homme. En ambulatoire, l’élévation de la tension artérielle systolique moyenne est, par comparaison avec la première phase, de 3.3 mm Hg chez la femme, de 1.4 mm Hg chez l’homme. Les différences observées ne sont significatives que chez la femme.

Déductions

Les auteurs font deux constatations:

Sous l’effet de la répétition de bains de bouche antiseptiques au gluconate de chlorhexidine, l’interruption de la circulation entérosalivaire des nitrates diminue significativement les teneurs plasmatiques et salivaires en nitrite chez la femme comme chez l’homme. Elle augmente significativement  la tension artérielle systolique chez la femme.

Lors du deuxième passage des nitrates dans la cavité buccale, celui qu’entraîne leur circulation entérosalivaire, il semble bien que la production de nitrite soit plus forte chez la femme que chez l’homme. On sait que globalement la femme a une tension artérielle et une propension aux maladies cardiovasculaires plus faibles que l’homme. Sa plus forte production de nitrite dans la cavité buccale pourrait constituer une explication [Our data suggest that females produce more entero-salivary derived nitrite that is likely to contribute to the reduced blood pressure, and perhaps therefore the reduced risk of cardiovascular disease in this sex].

Commentaire du blog

Les teneurs en nitrate des solutions de nitrate de potassium et les durées pendant lesquelles les solutions restent dans la cavité buccale des sujets participant à l’étude n’apparaissent pas clairement précisées.

Cette étude demande confirmation. S’il s’avérait que la production d’ions nitrite salivaires à partir des ions nitrate salivaires soit effectivement plus importante chez la femme que chez l’homme, il resterait à en connaître la raison. On pourrait, par exemple , se demander si, chez la femme et chez l’homme, les flores bactériennes intrabuccales ne seraient pas, qualitativement ou quantitativement, différentes.

This entry was posted in Effet bénéfique cardiovasculaire, Etude expérimentale, Métabolisme des nitrates, Taux de nitrates dans l'organisme and tagged , , , , , , , , , , , , , . Bookmark the permalink.

Comments are closed.