Ion nitrate et fonctions cognitives du sujet âgé

Presley, T.D., Morgan, A.R., Bechtold, E., Clodfelter, W., Dove, R.W., Jennings, J.M., Kraft, R.A., King, S.B., Laurienti, P.J., Rejeski, W.J., Burdette, J.H., Kim-Shapiro, D.B. and Miller, G.D. (2010) Acute effects of a high nitrate diet on brain perfusion in older adults. Nitric Oxide 24, 34-42

(voir l'abstract ici)

Il a été suggéré qu’une diminution du flux sanguin cérébral puisse jouer un rôle dans l’apparition des déficits cognitifs liés à l’âge. Selon l’étude connue sous le nom de «Rotterdam Study», une hypoperfusion cérébrale précède l’apparition de démences cliniques, contribuant ainsi, éventuellement, à la favoriser (Ruitenberg et coll., 2005). L’ischémie chronique pourrait mener à une leucoaraïose, cette démence vasculaire sous-corticale donnant, en IRM séquence pondérée T2, une dissémination d’hypersignaux dans la substance blanche.

Les auteurs américains [Wake Forest University, Winston-Salem, Caroline du Nord, USA] cherchent à savoir si un apport alimentaire de nitrates NO3- aurait ou non la propriété d’augmenter le flux sanguin cérébral du sujet âgé.

Dans un travail préliminaire, ils vérifient que la voie nitrate-nitrite-NO, décrite et connue depuis le milieu des années 1990 [rubrique du 26 novembre 2010], fonctionne correctement chez le sujet âgé et en bonne santé. Il n’est pas inutile de se poser la question: susceptible de survenir à cet âge, une tendance à la xérostomie peut modifier la flore bactérienne buccale. Alors qu’au temps zéro, chez 5 sujets âgés de plus de 70 ans, elles sont, en moyenne, de 3mg NO3- l-1,  les teneurs plasmatiques en nitrate NO3- atteignent respectivement une demi-heure, une, deux et trois heures après l’ingestion de 530 mg de nitrate NO3-, sous forme de jus de betterave,  les valeurs de 25, 36, 37 et 43 mg  NO3- l-1. Nous avons là le premier travail qui vérifie le correct fonctionnement de la voie nitrate-nitrite-NO chez le sujet âgé «sain» [To our knowledge, we are the first to demonstrate that these pathways also function in older adults].

Dans un deuxième temps, les auteurs comparent le flux cérébral mesuré en imagerie par résonance magnétique [IRM] chez 14 sujets âgés (âge moyen: 75 ans), selon qu’ils sont soumis, alternativement, pendant 48 heures, à un régime pauvre ou à un régime riche en nitrate [apports respectifs de 5.5 et de 768 mg de NO3-].

Le flux sanguin cérébral global n’est pas vraiment différent d’un régime à l’autre : respectivement 43 et 44 ml/100g/min. Toutefois, lorsqu’une analyse voxel par voxel est effectuée, une augmentation du flux sanguin cérébral est observée, après régime riche en nitrate, dans la substance blanche subcorticale et profonde du lobe frontal. La différence est constatée entre la région du cortex préfrontal dorsolatéral, située sur la face externe du cerveau, et celle du cortex cingulaire antérieur, située au-dessous et en avant du corps calleux [We found that the high nitrate diet did not alter global cerebral perfusion, but did lead to increased regional cerebral perfusion in frontal lobe white matter, especially between the dorsolateral prefrontal cortex and anterior cingulate cortex].

Si d’autres études la confirment, cette notion mérite de retenir l’attention. Lors des maladies vasculaires ischémiques sous-corticales, l’atteinte concerne préférentiellement les lobes frontaux. Dans ces conditions, ne pourrait-on envisager que des régimes riches en nitrate n’exercent, en définitive, un effet favorable sur les fonctions cognitives du sujet âgé? [Our data suggest that a diet high in nitrate might allow increased perfusion to those areas of the brain known to be at risk in the elderly and important for cognitive function – the deep white matter in the frontal lobe].

This entry was posted in Effet bénéfique autre, Etude expérimentale, Taux de nitrates dans l'organisme and tagged , , , , , , , , , , , , , , , . Bookmark the permalink.

Comments are closed.