Mitchell 1916 Un article historique

Mitchell, H.H., Shonle, H.A. and Grindley, H.S. (1916) The origin of the nitrates in the urine. Journal of Biological Chemistry 24, 461-490.

(voir l'article entier ici)

Encore aujourd’hui, nombreux sont les travaux sur les nitrates et les commentaires à propos de leurs éventuels effets négatifs qui prennent en compte leurs apports exogènes et omettent de considérer leur synthèse endogène. Pourtant, cette synthèse endogène des nitrates est bien connue et  établie. Son mécanisme est compris depuis les travaux de Stuehr et Marlettta et la découverte de la voie métabolique de la L-arginine-NO synthase, en 1985.

La vérité oblige cependant à reconnaître que, dès 1916, soit près de soixante-dix ans plus tôt, cette synthèse endogène des nitrates avait été, aussi simplement que magistralement, démontrée par une équipe de scientifiques américains de l’Université de l’Illinois (USA): Mitchell et collaborateurs.

Pendant 220 jours, en 1907 et 1908, ces auteurs ont soumis 12 hommes à un régime aussi peu nitraté que possible. Ils ont, certes, éprouvé quelque difficulté à faire une évaluation quantitative et précise des apports quotidiens en nitrate; mais tout leur laissait à penser que, sous forme de nitrate de potassium KNO3, les apports quotidiens étaient inférieurs à 15 mg de nitrate NO3-. Soumis un tel régime, les 12 hommes excrétaient par voie urinaire, en moyenne, 50 mg de nitrate NO3- par jour, sous forme de KNO3; aucune trace de nitrates n’était trouvée dans les selles.

Ces résultats assez surprenants amenèrent les auteurs à proposer à 12 autres sujets d’entrer dans une étude légèrement plus élaborée. Dans un premier temps, pendant 92 jours, le régime prescrit fut le même que précédemment; il s’agissait du régime pauvre en nitrates. Les quantités de nitrates excrétées par voie urinaire par les 12 nouveaux sujets furent tout à fait comparables à celles des 12 sujets de la première étude. Dans un deuxième temps, pendant 96 jours, le régime fut modifié. Au régime pauvre en nitrates fut ajoutée une quantité appréciable de nitrate de potassium KNO3 (49 à 75 mg de NO3- par jour). L’excrétion urinaire quotidienne en nitrates augmenta, mais moins que prévu.

Deux hommes participant à l’étude attirèrent particulièrement l’attention des auteurs. En moyenne et par jour, l’un, par exemple, excrétait par voie urinaire 162 mg de NO3- alors qu’il n’en ingérait que 15; il en excrétait ensuite respectivement 224 et 298 quand il en ingérait 57 et 76. L’autre, à l’inverse, n’excrétait par voie urinaire que 53% de la quantité de nitrates ingérée.

Les auteurs américains confirmèrent ainsi, en premier lieu, une notion précédemment connue. Comme le suggérait le dernier temps de l’expérience, l’organisme est bien capable de retenir et de détruire les nitrates ingérés [indicating a partial destruction of the nitrate added to the food].

Mais, surtout, ils faisaient une autre constatation, aussi surprenante qu’importante: l’organisme n’est pas seulement capable de détruire les nitrates ingérés; il est également capable d’en produire, c’est-à-dire d’en assurer une synthèse endogène [The nitrate of the urine is not derived entirely from the food […] The body tissues are able to produce nitrates from unoxidized nitrogenous radicles […] We believe that the production of nitrates by animal tissues is a fact].

Commentaire du blog

Il convient de rendre hommage à la qualité remarquable de ce travail. L’intérêt et la valeur de la démonstration n’empêchèrent pas cette dernière de tomber ensuite dans un long oubli, de plus d’un demi-siècle. Mitchell, Shonle et Grindley furent des précurseurs. Leur étude fait désormais partie de l’histoire des nitrates.

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