Entérocolite du nourrisson et méthémoglobinémie

Malin, S.W., Lutfi, R., Friedman, M.L. and Teagarden, A.M. (2018) Food protein-induced enterocolitis syndrome causing hypovolemic shock and methemoglobinemia. Case Reports in Critical Care. doi.org//10.1155/2018/1903787

(voir le texte entier ici)

Les auteurs américains [Service de Pédiatrie, Ecole de Médecine de l’Université de l’Indiana, Indianapolis, IN, USA] rapportent l’affection d’un tout jeune garçon âgé de 5 semaines.

Après deux jours de diarrhée et de vomissements répétés, il est hospitalisé dans un état sévère, comprenant choc hypovolémique et acidose métabolique. Il est, à la fois, somnolent et cyanosé.

Malgré une intubation et une pression partielle d’oxygène de 200 mm Hg, l’enfant reste hypoxémique. Le sang artériel prélevé étant de couleur brun chocolat, le taux de méthémoglobine est vérifié. Il est trouvé élevé, supérieur à 25 % [The child was persistently hypoxemic after intubation despite receiving 100 % fraction of inspired oxygen on the ventilator, so an arterial blood gas was obtained and the blood was noted to be dark chocolate colored in appearance. The partial pressure of oxygen was 200 mm Hg. Cooxymetry was ordered with a serum methemoglobin level which was greater than 25 % (> 1.5 % is considered elevated per laboratory equipment and protocol].

Après deux injections de 1 mg/kg de bleu de méthylène, le taux de méthémoglobine baisse, atteignant 3.5 %. L’enfant guérit sans séquelle.

Par exclusion des autres causes possibles, l’équipe médicale américaine retient finalement le diagnostic de syndrome d’entérocolite induite par les protéines alimentaires [SEIPA]. Ils considèrent que lors d’une inflammation intestinale aiguë, l’activité enzymatique de la catalase peut être diminuée, et qu’il en résulte éventuellement une augmentation de la concentration intestinale en nitrite NO2-, et, de ce fait, une méthémoglobinémie [Decreased catalase activity during acute intestinal inflammation leads to increased intestinal nitrites and can cause increased heme molecule oxidation, which leads to methemoglobinemia].

Commentaire du blog

Chez le jeune nourrisson, il convient de distinguer deux types de méthémoglobinémie induite par les nitrites NO2-:

- la méthémoglobinémie induite par les nitrites externes, c’est-à-dire la méthémoglobinémie d’origine alimentaire,

- la méthémoglobinémie induite par la gastro-entérite, probablement due à un excès de production de nitrites endogènes.

• La méthémoglobinémie induite par les nitrites externes, c’est-à-dire la méthémoglobinémie d’origine alimentaire, a été la première décrite. Les nitrites apportés par l’alimentation furent d’emblée incriminés.

• La méthémoglobinémie accompagnant la gastro-entérite du nourrisson fut, par contre, longtemps ignorée tant des cliniciens que des épidémiologistes. De nos jours son incidence apparaît nettement supérieure à celle de la méthémoglobinémie d’origine alimentaire [Avery, 1999].

Rappelons que la méthémoglobinémie d’origine alimentaire du nourrisson n’est pas due aux nitrates alimentaires, quelle que soit la dose de nitrates ingérée. Par contre, s’il est préparé avec une eau de puits

- qui contient des nitrates NO3-

- et est aussi bactériologiquement contaminée [plus de 106 germes ml-1],

les ions nitrate NO3- présents dans l’eau de puits puis dans le biberon peuvent être, en plus ou moins grande quantité, transformés en ions nitrite NO2-. Avalant les nitrites NO2- du biberon, le nourrisson est alors exposé à l’apparition de la méthémoglobinémie.

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