Nelson, M.D., Rosenburry, R., Barresi, R., Tsimerinov, E.I., Rader, F., Tang, X., Mason, O’N, Schwartz, A., Stabler, T., Shidban, S., Mobaligh, N., Hogan, S., Elashoff, R., Allen, J.D. and Victor, R.G. (2015) Sodium nitrate alleviates functional muscle ischemia in patients with Becker muscular dystrophy. Journal of Physiology 593, 5182-5200
(voir l'abstract et le texte entier ici)
De même famille que la dystrophie musculaire de Duchenne, la dystrophie musculaire de Becker, individualisée en 1955, est une maladie héréditaire liée à l’X, atteignant quasi-exclusivement le garçon. Situé sur le chromosome X, le gène anormal code pour une protéine nommée dystrophine: elle est ici anormale ou de quantité insuffisante.
Cette maladie génétique est considérée comme une maladie orpheline. Elle ne bénéficie, en effet, d’aucun traitement curatif [Becker muscular dystrophy (BMD) is a progressive X-linked muscle wasting disease for which there is no treatment].
Selon certains travaux expérimentaux, la voie métabolique liée à l’oxyde nitrique NO et à la guanosine-monophosphate cyclique (cGMP) pourrait constituer une cible thérapeutique de choix lors de ces dystrophinopathies [The nitric oxide (NO)-cyclic guanosine 3’,5’-monophosphate (cGMP) pathway constitutes a putative new drug target for patients with dystrophinopathy].
Les auteurs américains [Los Angeles, Californie; Durham, Caroline du Nord], britannique [Newcastle upon Tyne, Royaume-Uni] et australien [Melbourne, Victoria] rapportent une étude portant sur 13 hommes, âgés de 18 à 45 ans, atteints de dystrophie musculaire de Becker.
Quand un muscle squelettique sain est soumis à un exercice, l’oxyde nitrique NO provenant de l’activité enzymatique d’une variante de la NO synthase neuronale propre au sarcolemme musculaire, la nNOSμ, atténue la vasoconstriction alpha-adrénergique, optimisant de la sorte la vascularisation musculaire [When healthy skeletal muscle is exercised, sarcolemmal nNOSμ-derived nitric oxide (NO) attenuates α-adrenergic vasoconstriction, thus optimizing perfusion]. Chez les patients atteints de dystrophie musculaire de Becker, cet intéressant mécanisme protecteur, dénommé sympatholyse fonctionnelle, se montre défectueux.
Par des méthodes de spectroscopie en proche infra-rouge et de vélocimétrie Doppler radiale, les auteurs montrent que, chez ces sujets, l’ingestion de 140 ml d’un jus de betterave riche en nitrate, apportant 520 mg de nitrate NO3-, a, trois heures plus tard, pour effet de restaurer la sympatholyse fonctionnelle et d’améliorer l’hyperhémie liée à l’exercice [Here we report that in 13 men with BMD, sympatholysis is defective mainly in patients whose mutations disrupt sarcolemmal targeting of nNOSμ […]; Then, in a single-arm open-label trial in 11 BMD patients and a double-blind placebo-controlled cross-over trial in 6 patients, we show that acute treatment with oral sodium nitrate […] restores sympatholysis and improves post-exercise hyperemia (Doppler ultrasound].
Par contre, l’ingestion de 520 mg de nitrate NO3- n’améliore ni la sympatholyse ni l’hyperhémie des sujets sains servant de contrôle [In contrast, sodium nitrate neither improves sympatholysis nor hyperemia in healthy controls].
Si l’étude commune des auteurs américains, britannique et australien est confirmée, on pourrait envisager que l’apport d’oxyde nitrique NO (par exemple consécutif à un apport en nitrate NO3-) constitue un moyen thérapeutique intéressant pour atténuer l’ischémie fonctionnelle musculaire propre aux dystrophinopathies humaines [Despite these limitations, our data show that a simple NO donor constitutes a remarkably effective strategy for alleviating functional muscle ischemia in human dystrophinopathy patients].