Bain de bouche antiseptique et métabolisme de base

Sundqvist, M.L., Lundberg, J.O. and Weitzberg, E. (2016) Effects of antiseptic mouthwash on resting metabolic rate: A randomized, double-blind, crossover study. Nitric Oxide 61, 38-44

(voir l'abstract ici)

La voie métabolique nitrate alimentaire-nitrite-oxyde nitrique NO est une source maintenant bien reconnue d’oxyde nitrique. Les apports alimentaires en nitrate NO3- exercent des effets bénéfiques cardiovasculaires, diminuent la consommation d’oxygène lors des exercices physiques, tout en diminuant aussi le métabolisme de base, comme l’ont montré Larsen et coll. en 2014 [rubrique du 20 mars 2014].

Les bactéries de la cavité buccale jouent un rôle clé dans la bio-activation des nitrates dans la mesure où elles catalysent la conversion des nitrates salivaires en nitrites salivaires. Des études récentes ont ainsi observé que l’utilisation d’un bain de bouche antiseptique avait tendance à augmenter la tension artérielle [rubriques des 14 janvier 2015 et 19 mai 2016].

Les auteurs suédois [Karolinska Institute et Karolinska University Hospital, Stockholm] cherchent à savoir si l’utilisation d’un bain de bouche antibactérien a ou non des effets sur le métabolisme de base.

17 femmes, en bonne santé, âgées de 23 ans en moyenne, participent à une étude randomisée, en double aveugle et cross over. Pendant des périodes de 3 jours, séparées par des intervalles de 28 jours, elles consomment un régime pauvre en nitrate, en même temps qu’elles se rincent la bouche trois fois par jour avec une solution contenant:

- soit 0.2% de chlorhexidine (groupe bain de bouche)

- soit un placebo de même goût, sans antiseptique (groupe placebo).

Le métabolisme de base est mesuré le troisième jour par calorimétrie indirecte. Sont également mesurées la pression artérielle en ambulatoire sur 24h, les concentrations plasmatiques salivaires et urinaires en nitrate et en nitrite et la concentration plasmatique en guanosine monophosphate cyclique (cGMP).

Les concentrations salivaires en nitrate sont plus élevées dans le groupe bain de bouche que dans le groupe placebo: en moyenne et respectivement, 69 vs 25 mg NO3- l-1. A l’inverse, les concentrations salivaires en nitrite sont nettement plus réduites dans le premier groupe bain de bouche que dans le second: en moyenne et respectivement: 1 vs 11 mg NO2- l-1.

Par contre, les concentrations plasmatiques moyennes en nitrate: 1.05 vs 1.14 mg NO3- l-1, et en nitrite: 9.7 vs 10.1 µg NO2- l-1, ne sont pas significativement différentes entre les deux groupes. De même, ni l’excrétion urinaire en nitrate ni les teneurs de l’air expiré en oxyde nitrique ne diffèrent significativement d’un groupe à l’autre: en moyenne, 56 vs 51 mg NO3- j-1 et 16 et 15 parties par milliard (ppb).

La concentration plasmatique en guanosine monophosphate cyclique (cGMP) est également fort voisine entre les deux groupes: en moyenne et respectivement 4.7 vs 6.1 nM (p = 0.13).

Le profil des tensions artérielles systoliques et diastoliques, vérifiées tout au long du nycthémère, est enfin rigoureusement superposable d’un groupe à l’autre, tout comme le métabolisme de base, mesuré après 15 minutes de repos strict: en moyenne et respectivement, 1088 et 1089 kcal.

Les auteurs en concluent que, chez la femme jeune, si elle entrave la conversion d’origine bactérienne des nitrates salivaires en nitrites salivaires, l’utilisation d’un bain de bouche antiseptique à la chlorhexidine n’a pas pour autant de répercussion significative sur la concentration plasmatique en nitrite, la tension artérielle et le métabolisme de base [We conclude that in young healthy females an antiseptic mouthwash was effective in disrupting oral bacterial nitrate conversion to nitrite, but this was not associated with changes in plasma nitrite, resting metabolic rate or blood pressure].

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