5 ans – 400 rubriques – Le désert de Nitrie

En cette deuxième quinzaine d’octobre, le blog «Nitrates et santé – Le blog des nitrates» fête à la fois

- ses 5 ans d’existence

- et la publication de ses 400 premières rubriques.

Il saisit l’occasion pour proposer à ses lecteurs de remonter jusqu’à la plus haute Antiquité en évoquant les heures fastes du fameux désert de Nitrie.

Dans l’Antiquité, la Nitrie était un lieu désertique de la Basse Egypte, situé dans la partie Ouest du delta du Nil, à une soixantaine de kilomètres au sud-est de la ville d’Alexandrie. Aujourd’hui, la région a perdu son aspect désertique. Située à 15 kilomètres au sud de la ville actuelle de Damanhour, elle est, de nos jours, habitée et cultivée.

▪ Dans l’Antiquité, les Egyptiens exploitaient le nitre, c’est-à-dire le nitrate de potassium, qui se trouvait en abondance dans cette zone. Selon Hérodote (v. 484 – v. 425 av. J.-C.), le nitre servait aux embaumements. Après la phase initiale d’éviscération, les Egyptiens laissaient séjourner le corps du défunt dans le nitre (ou natrum) pendant une durée assez prolongée afin de le dessécher. Cette phase ne devait pas durer plus de soixante-dix jours. Ils procédaient ensuite à l’embaumement proprement dit. Celui-ci consistait à laver le corps avant de l’envelopper tout entier de bandes découpées dans un tissu de lin très fin, puis enduites de gomme (Histoires, Livre II, 86).

▪ Le désert de Nitrie est bien connu des historiens. Au cours des premiers siècles de notre ère, il fut également un haut lieu du monachisme égyptien.

La colonie monastique de Nitrie fut fondée vers 315 par Amoun, contemporain d’Antoine le Grand. Les cellules individuelles et les groupements semi-anachorétiques se multiplièrent rapidement. L’affluence des moines dans le désert de Nitrie fut telle que, vers 338, Amoun se sentit incité à procéder à une nouvelle fondation, en un lieu encore plus tranquille et solitaire, une vingtaine de kilomètres plus au sud-ouest: celle d’un groupe de cellules (kellia, kelyanommé: les Kellia.

Dans son Histoire Ecclésiastique (ch. II, 3), Rufin d’Aquilée évalue le nombre de moines vivant en 373 dans le désert de Nitrie à plus de 3000. Vingt ans plus tard, en 393, dans sa lettre à Lausus, grand chambellan de l’empereur Théodose II, le théologien grec Palladios d’Hélénopolis (v. 365 – 425) l’évalue à 5000 (Histoire lausiaque 7. 2). Une grande liberté était accordée à chacun dans ses pratiques purement personnelles de jeûne, d’abstinence, de prières privées. Dans ce désert vécurent ainsi, semble-t-il, le plus grand nombre de moines jamais rassemblés en un site de toute l’histoire du monachisme.

Connu pour l’importante œuvre ascétique et spirituelle léguée à la postérité, Evagre le Pontique (v. 345 – v. 400) s’initia vers 383 au monachisme dans les ermitages de Nitrie. Il  émigra deux ans plus tard vers les Kellia, pour une plus grande solitude.

A l’époque, la réputation des Pères du désert était immense. Elle s’étendait jusqu’en Occident. Les moines de Nitrie reçurent des visites d’hôtes de marque, comme celles de Jean Cassien, de Jérôme de Stridon (saint Jérôme, le docteur de l’Eglise) et de Paula aux alentours de 385, puis un peu plus tard, celle de Mélanie la Romaine, dite aussi Mélanie la Jeune, vers 417.

Au 5ème siècle, le monachisme de Nitrie souffrit de querelles doctrinales. Il disparut progressivement au profit de monastères voisins, notamment celui du désert de Scété. Ce dernier réussit à franchir les siècles. Il persiste jusqu’à nos jours. Aujourd’hui, le monastère de Saint-Macaire, dans le désert de Scété (Wâdi el Natroum), au kilomètre 92 de la route allant du Caire à Alexandrie, compterait plus d’une centaine de moines.

Commentaire du blog

Le nitre, ou nitrate de potassium, que les Egyptiens de l’Antiquité utilisaient lors de la deuxième phase, après l’éviscération et avant l’embaumement proprement dit, avait sans doute un autre rôle que celui de dessécher les tissus. Depuis les travaux de Tanner et Evans (1933), nous savons que le nitrate de potassium en milieu acide exerce un puissant effet antibactérien. Retardant le développement bactérien, l’adjonction de nitrate et de nitrite diffère l’altération des tissus.

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