Néphropathies du rat au L-NAME et apports en nitrite

Tsuchiya, K., Tomita, S., Ishizawa, K., Abe, S., Ikeda, Y., Kihira, Y. and Tamaki, T. (2010) Dietary nitrite ameliorates renal injury in L-NAME-induced hypertensive rats. Nitric Oxide 22, 98-103.

(voir l'abstract ici)

Après avoir publié, au cours des sept dernières années, plusieurs travaux expérimentaux consacrés chez le rat à l’oxyde nitrique NO et à la nitrosyl-hémoglobine HbNO, une équipe de pharmacologues japonais de l’Université de Tokushima présente ici une revue de synthèse, où l’accent est tout particulièrement mis, dans cette espèce animale, sur les liens entre les apports alimentaires en nitrites et la fonction rénale.

Le Nω-nitro-L-arginine methyl ester (ou L-NAME) est un inhibiteur non sélectif de la NO synthase, qui freine la conversion intracellulaire de la L-arginine en L-citrulline et NO, donc aussi la conversion de la L-arginine en nitrates et nitrites. Depuis 1992, on sait que, chez le rat, son administration est à l’origine de dégâts rénaux et de phénomènes hypertensifs.

Les auteurs relatent une étude au cours de laquelle ils soumettent pendant 8 semaines cinq groupes de 5 rats aux régimes suivants:

- groupe 1: groupe témoin

- groupe 2: 1 gramme de L-NAME par litre d’eau de boisson

- groupe 3: 1 gramme de L-NAME + 0.1 mg de nitrite de sodium NaNO2 par litre d’eau de boisson

- groupe 4:1 gramme de L-NAME + 1 mg de nitrite de sodium NaNO2 par litre d’eau de boisson

- groupe 5: 1 gramme de L-NAME + 10 mg de nitrite de sodium NaNO2 par litre d’eau de boisson.

A la fin des 8 semaines de cette étude, ils constatent des lésions histologiques rénales ainsi qu’une certaine tendance à la protéinurie chez lez rats des groupes 2 et 3. Par contre, les lésions histologiques rénales et la tendance à la protéinurie sont nettement moins prononcées chez les rats des deux derniers groupes, les groupes 4 et 5 ; comme ces rats des groupes 4 et 5 ont bénéficié d’apports alimentaires en nitrite plus importants, leurs taux sanguins en nitrosyl-hémoglobine HbNO sont aussi trois fois plus élevés que ceux des rats des groupes 2 et 3.

Ainsi, chez le rat, on observe que les apports alimentaires en nitrite, d’une part augmentent les teneurs sanguines en HbNO, d’autre part exercent un effet favorable à l’égard de la protéinurie et des lésions histologiques rénales induites par l’administration chronique de L-NAME. Les auteurs font remarquer que, chez l’homme, les apports en nitrite des végétariens s’avèrent quantitativement comparables à ceux des rats du groupe 4. Aussi suggèrent-ils que, chez lui, à doses physiologiques (et non pharmacologiques), une supplémentation alimentaire en nitrite soit également apte à prévenir ou ralentir le développement de néphropathies chroniques. [We propose that dietary supplementation of nitrite is a potentially useful nonpharmacological strategy for maintaining circulating NO level in order to prevent or slow the progression of renal disease].

Ces travaux en appellent d’autres [Further research is needed to investigate the interaction between nitrite-nitrate intakes and human health].  

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