Nitrate plasmatique et cancer de la prostate

Wu, T., Wang, Y., Ho, S.-M. and Giovannucci, E. (2013) Plasma levels of nitrate and risk of prostate cancer: a prospective study. Cancer Epidemiology, Biomarkers and Prevention 22, 1210-1218

(voir l'abstract ici)

Les auteurs américains [Cincinnati, Ohio; Boston, Massachusetts] présentent les résultats d’une étude cas-contrôle réalisée dans le cadre de la «Health Professionals Follow-up Study» [HPFS].

Ils comparent les concentrations plasmatiques en nitrate NO3-,vérifiées en 1994, chez trois groupes de sujets, dont l’individualisation n’est effectuée que dix ans plus tard:

- Groupe 1: Sujets contrôles, indemnes de cancer de la prostate (n=630),

- Groupe 2: Sujets atteints, entre 1997 et 2005, d’un  cancer de la prostate (n=630),

- Groupe 3: Sujets atteints, entre 1997 et 2005, d’un cancer de la prostate «avancé» [un cancer est qualifié d’«avancé» lorsqu’il comporte une extension à l’extérieur de la capsule, une extension aux organes adjacents (col vésical, sphincter urétral, rectum, paroi pelvienne), une atteinte ganglionnaire régionale ou des métastases à distance, voire même une issue fatale] (n=48).

Vérifiées en 1994, les concentrations plasmatiques moyennes en nitrate NO3- des trois groupes sont respectivement de 2.34, 2.07 et 2.41 mg NO3- l-1. Aucune corrélation n’est observée entre la teneur plasmatique en nitrate NO3- et le risque d’apparition ultérieure du cancer de la prostate [We have found that baseline levels of plasma nitrate were not associated with risk of prostate cancer].

Une donnée retient, cependant, l’attention des auteurs. Considérons les cas de cancer de la prostate «avancé» reconnus entre 1997 et 2005. Il apparaît que le risque d’apparition de ce type de cancer est d’autant moins marqué que la concentration plasmatique en nitrate NO3- de 1994 est plus élevée [Importantly, nitrate levels were inversely associated with advanced-stage prostate cancer]. Par rapport aux sujets dont la concentration plasmatique en nitrate NO3- appartient, en 1994, au quartile le plus faible, le risque relatif d’apparition d’un cancer de la prostate «avancé» chez les sujets dont la concentration plasmatique en nitrate appartient, en 1994, au quartile le plus fort semble réduit de plus de la moitié [R=0.44] [The relative risk across extreme quartiles was 0.44 for the whole data set].

Les auteurs estiment ainsi leur étude rassurante. De hautes concentrations plasmatiques en nitrate NO3- pourraient être associées à un plus faible risque d’apparition des formes agressives du cancer de la prostate. Mais l’effectif est faible (n=48). Toute conclusion péremptoire est prématurée. D’autres travaux sont souhaitables [Overall, our results are reassuring that higher plasma nitrate levels do not increase risk of any form of prostate cancer, and, in fact, suggest that higher levels may be associated with lower risk of more aggressive prostate cancer. These findings are appealing, but given the relatively small sample size, the results are marginally significant and need to be replicated].

A supposer, cependant, que le fait soit confirmé à l’avenir, il resterait alors à comprendre le mécanisme par lequel les ions nitrate NO3- d’origine plasmatique seraient en mesure d’exercer un effet préventif à l’égard des formes agressives de cancer de la prostate. En condition hypoxique ou acide, la voie de la NO synthase devient moins performante. On pourrait imaginer que, des conditions d’hypoxie et d’acidose existant dans le tissu prostatique, la voie de la NO synthase devienne localement moins active et que les nitrates plasmatiques se comportent, alors, comme une réserve disponible en nitrite et NO [Lundberg et al have stated «Plasma levels of nitrate can be considered as a «Prodrug» of nitrite and NO with a slow release-profil» […] Thus, nitrate may affect prostate cancer tissues where a low pH/hypoxic condition exists, and the major NOS system does not function properly].

Commentaire du blog

Il s’agit d’une hypothèse à propos d’un fait qui reste, malgré tout, à confirmer.

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