Nitrate, bactéries buccales, mucus gastrique

Jädert, C., Petersson, J., Phillipson, M., Borniquel, S., Holm, L. and Lundberg, J.O. (2013) Physiological recycling of endogenous nitrate by oral bacteria regulates gastric mucus release. Nitric Oxide 31, S22, P21

(voir le texte de l'affiche ici)

Les nitrates salivaires sont réduits en nitrites par les bactéries de la flore buccale. Déglutis, les nitrites salivaires sont, ensuite, transformés en oxyde nitrique NO dans le milieu acide de l’estomac.

Pour évaluer l’un des rôles indirects sur l’estomac des bactéries de la flore buccale, les auteurs suédois [Karolinska Institute, Stockholm; Uppsala University] examinent l’épaisseur de la couche de mucus gastrique chez des souris conventionnelles et chez des souris «germ free», qui, les unes et les autres, reçoivent, par voie orale, différentes doses de nitrate et de nitrite. Les auteurs présentent leurs résultats, sous forme d’affiche, au Colloque de Pittsburgh des 4 et 5 mai 2013 [Fifth Bi-annual International Meeting on the Role of Nitrite and Nitrate in Physiology, Pathophysiology, and Therapeutics].

Les souris conventionnelles et les souris «germ free» reçoivent chaque jour dans leur boisson, pendant une semaine

- soit 140 mg kg-1 de nitrate NO3-,

- soit 14 mg kg-1 de nitrite NO2-.

Par ailleurs, certaines souris «germ free» reçoivent chaque jour dans leur boisson une très faible dose de nitrite: 1 mg kg-1 de NO2-, la dose correspondant à la quantité de nitrite salivaire déglutie chaque jour par une souris conventionnelle restée à jeun.

Résultats:

Epaisseur moyenne de la couche de mucus (adhérant fermement à l’estomac):

• Avant toute ingestion de nitrate ou de nitrite

- chez une souris conventionnelle: 34 μm

- chez une souris «germ free»: 9 μm

• Après une semaine de supplémentation en nitrate NO3- (140 mg kg-1 j-1 de nitrate NO3-):

- chez une souris conventionnelle: 46 μm

- chez une souris «germ free»: 9 μm

•Après une semaine de supplémentation en nitrite NO2- à dose élevée (14 mg kg-1 j-1 de nitrite NO2-):

- chez une souris conventionnelle: 45 μm

- chez une souris «germ free»: 41 μm

• Après une semaine de supplémentation en nitrite NO2- à dose faible (1 mg kg-1 j-1 de NO2-):

- chez une souris «germ free»: 42 μm

Ainsi, chez la souris «germ free», qui ne peut bénéficier, dans sa cavité buccale, de la transformation bactérienne des nitrates salivaires en nitrites salivaires, la couche de mucus gastrique reste, en condition basale, de très faible épaisseur. Elle est plus de trois fois plus faible que celle de la souris conventionnelle: 9 versus 34 μm [Surprisingly, under basal conditons germ free animals were almost completely devoid of the firmly adherent mucus layer (9 ± 1 μm) compared to conventional mice (34 ± 2 μm)].

L’administration par voie orale de nitrate NO3- augmente sensiblement l’épaisseur de la couche de mucus gastrique de la souris conventionnelle. L’administration reste sans effet sur l’épaisseur de la couche de mucus gastrique de la souris «germ free».

L’administration par voie orale de nitrite NO2- à dose élevée augmente l’épaisseur de la couche de mucus gastrique, aussi bien chez la souris conventionnelle que chez la souris «germ free». Chez l’une comme chez l’autre, elle se situe alors autour de 40 μm.

Fait remarquable, chez la souris «germ free», même l’administration par voie orale d’une dose faible de nitrite NO2- augmente nettement l’épaisseur de la couche de mucus gastrique, qui se situe alors, également, autour de 40 μm [Remarkably, even physiological levels of nitrite given to germ free animals increased the mucus thickness to the same extent (42 ± 2 μm)].

En transformant une partie des nitrates salivaires en nitrites salivaires, les bactéries symbiotiques de la cavité buccale jouent ainsi un rôle majeur dans la régulation physiologique de l’élaboration du mucus gastrique. [These results suggest that oral symbiotic bacteria play a role in physiological regulation of gastric mucus generation via bioactivation of salivary nitrate].

Commentaire du blog

On considérait dans le passé que le rat était dépourvu d’une sécrétion active de nitrate dans la salive (Walker, 1995), et que, pour cette raison, les rongeurs n’étaient pas de bons modèles animaux.

Cette étude suédoise met, au contraire, l’accent sur l’importance physiologique de la transformation nitrates salivaires – nitrites salivaires chez la souris, les nitrates présents dans la salive provenant, comme on le sait, du plasma.

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