N° 300: Nitrates et rhumatismes inflammatoires au dix-neuvième siècle

Le blog «Nitrates et santé» parvient aujourd’hui à sa trois-centième rubrique. Il saisit l’occasion pour présenter un article britannique paru au dix-neuvième siècle, il y a cent soixante-quatre ans. L'article mérite de trouver une place dans l’histoire des nitrates.

Basham, W.R. (1849) On the employment of nitrate of potash in acute rheumatism, with suggestions for the use of saline solutions as external applications in local rheumatic inflammation. Medico-Chirurgical Transactions 32, 1-25.

(voir l'article entier ici)

Au dix-neuvième siècle, William Richard Basham (1804-1877) était un médecin de renom du «Westminster Hospital». Le célèbre hôpital londonien était, à l’époque, situé en plein cœur de la capitale, en face de l’abbaye de Westminster, dont il n’était séparé que par le «Broad Sanctuary».

Relatant son expérience de clinicien, William Richard Basham attire l’attention de ses collègues sur l’intérêt du nitrate de potassium [KNO3] dans le traitement des pathologies articulaires inflammatoires.

En réalité, il ne cherche pas à se présenter comme un novateur:

• La première autorité médicale qui ait préconisé l’emploi du nitre (ou nitrate de potassium) dans le rhumatisme aigu [acute rheumatism] fut ainsi le docteur Brocklesby, dans: «Oeconomical and Medical Observations», en 1764.

• Quelques années plus tard, en 1772, dans un autre ouvrage: «A Methodical Introduction to the Theory and Pratice of Physic», le docteur Macbride plaidait pour le recours à des doses plus importantes de nitre (ou de nitrate de potassium). Pour traiter la fièvre des affections inflammatoires, notamment celle du rhumatisme articulaire aigu […in fever of the inflammatory species, and particularly in rheumatic fever], il recommandait des doses quotidiennes de KNO3 allant de 6 à 10 drachmes, soit de 19.4 à 32.4 grammes.

• En France, en 1843, Matin Solon présentait également, devant l’Académie Royale de Médecine, 33 cas de rhumatisme articulaire aigu traités avec succès avec des doses quotidiennes de nitrate de potassium KNO3 comprises entre 14.7 et 56.7 grammes.

Fort de ces références, W.R. Basham utilise, au «Westminster Hospital», pour le traitement du rhumatisme aigu, du nitrate de potassium KNO3 à des doses orales quotidiennes comprises entre une et trois onces, c’est-à-dire entre 28.3 et 85.1 grammes.

Il se montre satisfait à la fois de l’efficacité et de la tolérance des prescriptions.

L’inflammation clinique des articulations, dit-il, s’en trouve souvent améliorée [The internal use of the nitrate relieves, in a most marked manner, the swelling, heat, and pain of the joints in this disease]. On ne note jamais de nausées ni de vomissements. Seuls sont parfois observés des phénomènes diarrhéiques mineurs et transitoires, qu’accompagnent quelques douleurs abdominales [In a few cases pinching or griping pains of the abdomen, with a few watery evacuations which have quickly ceased on discontinuing the salt, are the only unpleasant or undesirable effects that I have witnessed].

Dans la même indication, l’auteur utilise aussi le nitre, ou nitrate de potassium KNO3, en application locale, sous forme de fomentation [saline fomentation]. Il se déclare, également, satisfait du résultat. Selon lui, certains patients apparaissent nettement et rapidement soulagés [Many rheumatic patients […] have declared that they marvelled at the speedy abatement of the pain, redness, and swelling, for they had never experienced such unexpected relief before].

Commentaire du blog

Le diagnostic décrit ici sous le nom de “acute rheumatism” est imprécis. On peut supposer que certains patients souffraient de rhumatisme articulaire aigu, tandis que d’autres avaient des rhumatismes inflammatoires plus chroniques, comme la polyarthrite rhumatoïde, le rhumatisme psoriasique ou la spondylarthrite ankylosante.

On sera prudent dans l’interprétation des résultats cliniques. Leur présentation n’est pas rigoureuse.

Par contre, on constatera que des doses orales pouvant aller jusqu’à 85 grammes de KNO3, soit 52 grammes de NO3-, ont été, dans l’ensemble, bien tolérées par les patients du «Westminster Hospital». Ils n’enregistrèrent aucun phénomène indésirable majeur.

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