Nitrates alimentaires, muscles et fibres rapides (1)

Ferguson, S.K., Hirai, D.M., Copp, S.W., Holdsworth, C.T., Allen, J.D., Jones, A.M., Musch, T.I. and Poole, D.C. (2013) Impact of dietary nitrate supplementation via beetroot juice on exercising muscle vascular control in rats. Journal of Physiology 591 (Pt2), 547-557

(voir l'abstract ici)

Un certain nombre de travaux mis à notre disposition montrent que, chez l’homme, une supplémentation orale en nitrate NO3- permet à la fois, par l’intermédiaire de leur réduction en nitrite NO2-, puis d’une transformation en oxyde nitrique NO et divers autres composés azotés, de faire baisser la tension artérielle et de diminuer la consommation d’oxygène lors d’un effort submaximal [Dietary nitrate (NO3-) supplementation, via its reduction to nitrite (NO2-) and subsequent conversion to nitric oxide (NO) and other reactive nitrogen intermediates, reduces blood pressure and the O2 cost of submaximal exercise in humans].

Au cours d’une étude expérimentale, les auteurs américains [Manhattan, Kansas; Durham, Caroline du Nord] et britanniques [Exeter] étudient, chez le rat, les effets d’une supplémentation orale en nitrate NO3- sur le contrôle vasculaire du muscle squelettique au moment de l’exercice physique […effects of dietary NO3- supplementation on skeletal muscle vascular control during locomotory exercise].

19 rats adultes mâles participent à l’expérimentation.

Pendant 5 jours consécutifs, 11 d’entre eux consomment une eau standard (rats contrôles), et 8 autres (rats «traités») consomment une eau enrichie en nitrate, ce qui leur permet d’ingérer chaque jour 62 mg NO3- kg-1.

Au terme des 5 jours, la concentration plasmatique en nitrate est, en moyenne, de 1,5 mg NO3- l-1 chez les rats témoins, de 8 mg NO3- l-1 chez les rats «traités». La concentration plasmatique en nitrite NO2- est, en moyenne, de 7.4 mg NO2- l-1 chez les rats témoins, de 27.6 mg NO2- l-1 chez les rats «traités».

Au cours de l’exercice,

- la pression artérielle moyenne est significativement plus basse chez les rats «traités»: respectivement et en moyenne, 137 mm Hg chez les rats témoins, 127 mm Hg chez les rats «traités».

- les taux sanguins d’acide lactique sont significativement plus bas chez les rats «traités»: respectivement et en moyenne, 2.6 mM chez les rats témoins, 1.9 mM chez les rats «traités».

- l’ensemble du flux sanguin des muscles squelettiques et leur conductance vasculaire sont significativement augmentés chez les rats «traités»:

- pour le flux sanguin, respectivement et en moyenne, 108 et 150 ml min-1 100g-1 chez les rats témoins et les rats «traités»,

- pour la conductance vasculaire, respectivement et en moyenne, 0.78 et 1.16 ml min-1 100g-1 mmHg-1 chez les rats témoins et les rats «traités».

Après perfusion de microsphères radio-marquées et utilisation d’un détecteur à scintillation, les auteurs parviennent à évaluer séparément le flux sanguin et la conductance vasculaire de 28 muscles différents, situés dans les pattes arrière. Ils constatent que la supplémentation en nitrate NO3- améliore les conditions vasculaires du muscle au moment de l’exercice, d’où de meilleurs apports en oxygène, et que l’effet est surtout marqué pour la catégorie des muscles riches en fibres rapides de type II [These data support the hypothesis that NO3- supplementation improves vascular control and elevates skeletal muscle O2 delivery during exercise predominantly in fast-twitch type II muscles].

Ils observent ainsi, pour la première fois, que l’effet exercé par les apports alimentaires en nitrate NO3- sur la fourniture en oxygène du muscle dépend de la nature de ce dernier, notamment de sa richesse en fibres rapides [These data provide compelling (evidence) that dietary NO3- increases muscle O2 delivery in a fibre-type dependent manner following its reduction to NO2- and NO in vivo].

Commentaire du blog

L’efficacité des fibres lentes de type I, ou «rouges», se vérifie surtout en métabolisme aérobie, lors d’activités sportives d’endurance comme le cyclisme.

L’efficacité des fibres rapides de type II, ou «blanches», se vérifie surtout en métabolisme anaérobie, lors d’activités physiques brèves comme le sprint.

Les données de cette étude expérimentale chez le rat sont apparemment en discordance avec celles de nombreuses études chez l’homme, lesquelles montrent, on le sait, un effet bénéfique des apports en nitrate sur les performances sportives d’endurance comme le cyclisme [Cf. page RUBRIQUES PAR THEMES].

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