Nitrate alimentaire et course cycliste de 80 km

Wilkerson, D.P., Hayward, G.M., Bailey, S.J., Vanhatalo, A., Blackwell, J.R. and Jones, A.M. (2012) Influence of acute dietary nitrate supplementation on 50 mile time trial performance in well-trained cyclists. European Journal of Applied Physiology 112, 4127-4134

 

(voir l'abstract ici)

On sait que la consommation, sous forme de jus de betterave, de 384 mg de nitrate NO3-, deux heures et demie avant l’effort, réduit significativement, de 2.7%, le temps mis par un sportif moyennement entraîné à effectuer, sur cyclo-ergomètre, les équivalents de 4 et 16 km (Lansley et coll., 2011 – rubrique du 17 mai 2011). De même, 6 jours de consommation de jus de betterave apportant chaque jour 496 mg de NO3- réduisent d’environ 1.2 % le temps mis par un sportif entraîné à effectuer, sur cyclo-ergomètre, l’équivalent de 10 km (Cermak et coll, 2012 – rubrique du 28 06 2012).

On ignorait jusqu’à présent ce qu’il en est lorsque l’effort est prolongé et dure plus d’une demi-heure [It is presently unknown whether dietary NO3- supplementation may also be ergogenic in endurance events lasting longer than 30 min.].

Les auteurs britanniques |Université d’Exeter, Royaume-Uni] recrutent 8 hommes sportifs, âgés en moyenne de 31 ans, particulièrement entraînés. Par séances de plus d’une heure, ces sportifs s’entraînent, en effet, au moins quatre fois par semaine; ils ont participé, au minimum, à une compétition cycliste au cours des douze derniers mois.

Deux heures et demie avant l’effort, les sujets ingèrent un demi-litre, soit d’un jus de betterave artificiellement appauvri en nitrate ne contenant que 0.29 mg de NO3-, soit d’un jus de betterave riche en nitrate apportant 384 mg de NO3-. Il leur est ensuite demandé d’effectuer à vitesse maximale, sur cyclo-ergomètre, l’équivalent de 50 miles, soit d’un peu plus de 80 km.

Lorsqu’ils ingèrent préalablement le jus de betterave artificiel appauvri en nitrate, ils effectuent les 80 km, en moyenne, en 2 heures, 17 minutes et 54 secondes.

Lorsqu’ils ingèrent préalablement le jus de betterave riche en nitrate (384 mg de NO3-), ils effectuent les mêmes 80 km, en moyenne, en 2 heures, 16 minutes et 42 secondes.

La différence, au profit des seconds, est en moyenne de 1 minute et 12 secondes. Elle correspond à un gain de temps de 0.8%.

La différence n’est pas statistiquement significative [This difference did not attain statistical significance (P ˃0.05)]. Malgré tout, si l’on se réfère aux critères de Paton et Hopkins (2006), il serait hasardeux d’en conclure qu’une telle différence soit obligatoirement dépourvue d’intérêt pour les adeptes des disciplines d’endurance [While not wishing to draw positive conclusions from a non-significant overall finding, it is possible that our results may be of pratical relevance to athletes].

En analysant leurs résultats, les auteurs font, par ailleurs, deux constatations intéressantes:

1) Les 16 derniers kilomètres de l’épreuve, c’est-à-dire les 10 derniers miles, sont effectués nettement plus rapidement en cas d’ingestion préalable du jus de betterave avec nitrate (384 mg de NO3-) qu’en cas d’ingestion de jus de betterave appauvri en nitrate. La différence devient statistiquement significative (P ˂0.05).

2) En réalité, après l’ingestion des 384 mg de nitrate NO3-, les sujets de l’expérience peuvent être répartis en deux catégories: les «non-répondeurs» et les «répondeurs». Trois s’avèrent «non-répondeurs», cinq «répondeurs». Vérifiée 2 heures après l’ingestion nitratée, la concentration plasmatique en nitrite NO2- s’élève en moyenne, chez les sujets «non répondeurs», de 4%, chez les sujets «répondeurs» de 45%. Alors qu’après l’ingestion nitratée, deux des trois sujets «non répondeurs» ne voient pas leur temps de parcours réellement amélioré, chez les cinq sujets «répondeurs», le temps de parcours est nettement et significativement réduit, de 2% en moyenne (P˂0.05).

Dans leur ensemble, les résultats de cette étude effectuée sur des sportifs bien entraînés apparaissent, il est vrai, moins probants que ceux qui, précédemment, avaient concerné des sportifs de club. Il est possible qu’un entraînement particulièrement intensif réduise l’effet de la supplémentation en nitrate alimentaire [It is possible that the physiological adaptations that accompany chronic endurance training serve to reduce the effectiveness of dietary NO3- supplementation]. Chez le sportif très entraîné, le muscle pourrait, par exemple, être moins hypoxique, l’activité de la NO synthase à l’effort nettement accrue et les besoins en NO par la voie Nitrate-Nitrite-NO moins prononcés [Increases in capillary density in skeletal muscle resulting from endurance training are likely to diminish the likelihood of developing a hypoxic and/or acidic environment in the active muscle. This, along with the greater NOS activity in well-trained subjects may mean that the NO3--NO2--NO pathway is relatively less important in well-trained compared to moderately trained or sedentary individuals].

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