A propos de l’article précédent

Sparacino-Watkins, C.E., Lai, Y.-C. and Gladwin, M.T. (2012) Nitrate-nitrite-nitric oxide pathway in pulmonary arterial hypertension therapeutics. Circulation 125, 2824-2826

(voir le début de l'éditorial ici)

La précédente rubrique, celle du 11 juillet 2012, a présenté un article: “Balinga, R.S. et al (2012) Dietary nitrate ameliorates pulmonary hypertension. Cytoprotective role for endothelial nitric oxide synthase and xanthine oxidoreductase”, provenant du William Harvey Research Institute de Londres.

L’article a attiré l’attention d’auteurs américains de l’Université de Pittsburgh [Pennsylvanie, USA], qui, dans la même revue: «Circulation», organe de l’«American Heart Association», en font une analyse introductive.

Ils rappellent d’abord quelques éléments de la physiologie de l’oxyde nitrique.

Les deux voies de synthèse de l’oxyde nitrique NO répondent différemment aux concentrations d’oxygène. La voie de la NO synthase, qui transforme l’arginine en NO, ne fonctionne qu’en présence d’oxygène. A l’inverse, la voie Nitrate-Nitrite-NO fonctionne indépendamment de la concentration d’oxygène. Elle se trouve même potentialisée en situation hypoxique [The two NO biosynthesis pathways respond to oxygen concentration differently: the arginine-to-NO pathway requires oxygen as a substrate for formation; conversely, the nitrate-to-nitrite-to-NO pathway is oxygen independent and is actually potentiated under hypoxic conditions]. De ce fait, l’ion nitrite, provenant des nitrates et nitrites alimentaires, joue un rôle prépondérant dans le phénomène de la vasodilatation hypoxique [Because the nitrate-to-nitrite-to NO pathway exhibits increased potency under lower oxygen tensions, a role for nitrite as an effector of hypoxic signaling and vasodilation has been considered].

Comme d’autres avant elle, l’étude de Balinga et coll. démontre que l’allopurinol s’oppose aux effets bénéfiques que les nitrates et nitrites alimentaires sont capables d’exercer sur l’hypertension artérielle pulmonaire. Par contre, l’inhibition des mêmes effets bénéfiques chez la souris déficiente en NO synthase endothéliale (eNOS) est plus inattendue et mérite d’être mieux comprise [The current study demonstrated that allopurinol can prevent the beneficial effect of nitrite and nitrate on pulmonary arterial hypertension, which is consistent with the work of other groups. However, the findings that the effects of nitrite are inhibited in eNOS null mice are unexpected and will require further study to understand].

L’équipe américaine exprime une réserve au sujet des doses de nitrate et de nitrite administrées par les britanniques aux souris participant à leur étude. Ces doses sont considérables. Dans l’expérience rapportée, les souris ingèrent chaque jour approximativement 3.5 mg de nitrite NO2- et 10 mg de nitrate NO3-. Pour être placé dans les mêmes conditions, un être humain adulte de 70 kg devrait, chaque jour, ingérer quelque 9 grammes de nitrite NO2- ou 36 grammes de nitrate NO3- .Les études effectuées chez l’homme ont porté habituellement sur des apports quotidiens ne dépassant pas 500 à 1000 mg de nitrate NO3-, ce qui correspond à la consommation d’1 litre de jus de betterave. Si l’on voulait administrer à l’homme des doses de nitrate comparables à celles qu’ont reçues les souris dans l’étude britannique, il faudrait lui faire boire 30 litres de jus de betterave par jour, ou lui faire consommer leur équivalent.

 Les auteurs américains font ainsi remarquer que ces doses de nitrate alimentaires sont inhabituelles. Il n’est pas sûr, ajoutent-ils, qu’au long cours et à ces fortes doses, les nitrates alimentaires gardent une stricte et totale innocuité [These doses of nitrate and nitrite […] will need to be carefully evaluated for safety and off-target effects].

Commentaire du blog

Les auteurs britanniques ont répondu, on le sait [Cf. rubrique du11 juillet 2012], à cette critique. Pour traiter l’hypertension artérielle pulmonaire, ils proposent de faire en sorte que la dose quotidienne en nitrate alimentaire retenue chez l’homme soit celle qui permette d’élever sa concentration plasmatique en nitrite NO2- aux alentours de 70 ou de 85 μg NO2- l-1.

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